Deux filiales des Caisses d'épargne ont consenti en 2008 des financements controversés à la société Gulf Leaders, propriété d'un proche du prince Nayef ben AbdelAziz, ministre de l'intérieur d'Arabie saoudite et demi-frère du roi Abdallah. Le premier financement, portant sur la construction d'un hôpital à Damman, a donné lieu à une commission de 4,5 millions de dollars. Selon un rapport de la banque, il pourrait s'agir «purement etsimplement (...) d'une escroquerie». Le second financement, de 45 millions de dollars, a été consenti pour l'achat d'un jet Falcon 900 EX, dont le prix, ordinairement, est d'environ 32 millions de dollars! Deux commissions auraient été versées, dont une de 2,2 millions de dollars. La nouvelle direction de la banque n'a pas saisi la justice, mais un tribunal privé d'arbitres.
Il y a tout juste un an, le philosophe Immanuel Wallerstein se demandait si la crise en cours ne marquait pas «la fin du capitalisme». L'aboutissement d'un cycle économique de plusieurs siècles dominé par l'Occident? Sorti ces jours-ci à La Découverte, un livre collectif d'économistes et anthropologues décortique cette prédiction, en s'appuyant sur les textes de Fernand Braudel et Karl Polanyi, entre autres. Et si la crise accélérait un peu plus la formidable montée en puissance de la Chine?
La privatisation de La Poste, présentée comme inéluctable, relève de la prophétie autoréalisatrice: La Poste fait passer ses choix organisationnels et managériaux pour des obligations dictées par Bruxelles. Voilà ce qu'estime le sociologue Mikaël Salaün, auteur d'une thèse consacrée à l'évolution du métier de facteur. Explications, alors que le Sénat débat actuellement de la réforme.
Fin septembre, la ministre de l'économie Christine Lagarde envoyait une lettre aux dirigeants d'entreprises dont l'Etat est actionnaire. Après la série de suicides à France Télécom, encore détenue à 27% par l'Etat, elle leur demandait de se montrer «exemplaires». Mediapart a demandé à treize entreprises concernées d'indiquer les réponses faites à la ministre. Trois (Air France, Areva, Nexter) n'ont pas répondu. Certaines, au contraire, ont déjà établi des plans d'actions... Tour d'horizon.
Le dossier complet de Mediapart sur les affaires Caisses d'épargne et François Pérol. Retrouvez l'ensemble de nos enquêtes, articles, billets de blogs. Et l'appel de soutien lancé par plusieurs personnalités politiques.
Les directions, passée et actuelle, des Caisses d'épargne viennentde retirer toutes leurs plaintes contre Mediapart. Ce coup de théâtrejudiciaire intervient à trois semaines du procès où nous devionscomparaître, du 24 au 27 novembre, devant la 17e chambre du tribunalcorrectionnel de Paris.
En décidant de ne plus vendre Opel au consortium canado-russe Magna-Sberbank, les nouveaux administrateurs de General Motors, mis en place par l'administration Obama, ont défié le chantage de la classe politique allemande et humilié la chancelière Angela Merkel, très impliquée dans cette saga. Aidés par l'intervention de la Commission européenne, ils ont pris une décision rationnelle si l'ancien n°1 mondial doit rester un constructeur global.
Trois autorités de sûreté du nucléaire, l'ASN française, l'HSE/ND britannique et le Stuk finlandais, viennent d'émettre un avertissement sur la sécurité des réacteurs nucléaires EPR. Dans leur demande à EDF et Areva, les autorités de contrôle exigent donc «d'améliorer la conception initiale de l'EPR», défaillante.
En attendant la réunion des ministres des finances du G-20, vendredi en Ecosse, des ONG ont eu la bonne idée de publier, lundi 2 novembre, un «Indice d'opacité financière» qui relance le débat sur la meilleure façon de lutter contre les paradis fiscaux. En tête du hit-parade : l'Etat américain du Delaware, tandis que la City de Londres pointe en cinquième position. Rien à voir avec le classement officiel de l'OCDE...
424.000 créations d'entreprise depuis le début de l'année! Un record... en pleine crise. Etonnant? En fait, plus de la moitié sont des auto-entreprises. Ce nouveau régime, entré en vigueur le 1er janvier 2009, connaît un succès foudroyant. Le gouvernement s'en félicite. Mais derrière cet engouement, il y a surtout beaucoup d'effets d'aubaine. Témoignages d'artisans qui constatent une concurrence déloyale, d'auto-entrepreneurs lâchés dans la nature et de salariés à qui leur patron indélicat a proposé de passer auto-entrepreneur pour économiser des charges sociales. Enquête.
Après quatre trimestres dans le rouge, les Etats-Unis ont renoué, durant l'été 2009, avec la croissance. Mais personne, et surtout pas Barack Obama, n'a osé se réjouir, lors de la publication, jeudi 29 octobre, de la première estimation du produit intérieur brut : +3,5% en rythme annuel au troisième trimestre. Entre l'explosion de la dette, les sombres perspectives de l'emploi et la consommation atone des ménages, l'équation américaine reste carabinée. Le gigantesque plan de relance voté en février dernier suffira-t-il ? A quand un second ? Plongée dans les débats économiques américains.
Les députés ont adopté mardi la première partie du projet deloi de finances, consacrée aux recettes. Parmi ses dispositions, lacréation de la taxe carbone. En dispensant de taxe les entreprises qui sont soumises au marchéeuropéen des quotas de CO2, le gouvernement leur fait économiser deux milliardsd'euros par an jusqu'en 2013. Soit presque la moitié de ce que le nouvel impôt doit rapporterà l'Etat ! Principaux bénéficiaires, quelques grandes multinationales: Arcelor-Mittal, GDF Suez,EDF, Total, Véolia environnement, Saint-Gobain, Dalkia, Lafarge...
Au lendemain de l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel de sept anciens dirigeants de Vivendi Universal, dont l'ex-PDG Jean-Marie Messier, prise par le juge d'instruction Jean-Marie d'Huy, le procès qui se profile revêt un grand intérêt. Car quel que soit le jugement que rendra ce tribunal, l'affaire Vivendi a valeur de symbole. Des travers de la presse, qui a souvent adulé le patron aujourd'hui déchu, jusqu'aux analystes qui n'ont rien vu venir de la crise du groupe, en passant par les autorités de tutelle des marchés, qui n'ont pas fait leur office, on peut y voir tous les traits, jusqu'à la caricature, du capitalisme parisien, dont Jean-Marie Messier a longtemps été la coqueluche. Parti pris.
Un cadre de la direction des achats de GDF Suez s'est suicidé il y a trois semaines. Il a mis fin à ses jours un week-end, en dehors de ses horaires de travail. Des élus syndicaux du CHSCT évoquent un «accident du travail» et réclament une enquête, car Samuel L. avait traversé une passe professionnelle très difficile en 2008-2009. Des messages électroniques laissés par ce cadre attestent son désarroi d'alors. La direction refuse, au motif qu'elle n'a «pas le droit d'enquêter sur la vie privée d'un collaborateur». Selon GDF Suez, les problèmes professionnels avaient été détectés, puis réglés par le management. Les élus du CHSCT évoquent d'autres situations à risque dans cette entreprise née il y a un an de la fusion entre GDF et Suez.
Le 24 octobre 1929 éclatait aux Etats-Unis la plus grande crise économique du XXe siècle. Quatre-vingts ans après ce «jeudi noir», la planète continue de se débattre avec une autre crise, elle aussi d'origine américaine. Partout, les parallèles entre les deux récessions se multiplient. Mais la comparaison est-elle pertinente ? Et si les plans de relance inspirés du New Deal étaient des anachronismes?
Vote sans encombre de la taxe carbone la nuit dernière à l'Assemblée nationale. Mais son volet redistributif a pris un coup dans l'aile. Contrairement à ce qu'avait réclamé le Grenelle de l'environnement,c'est bien une taxe sur les consommations des produits énergétiques d'originefossile qui va voir le jour en France, et non une contribution climat énergiequi aurait, elle, porté également sur l'électricité.