A peine privatisé, le Crédit local de France rêve déjà à d'autres horizons. En 1996, il s'allie avec le Crédit communal de Belgique pour créer Dexia. «C'est la première fusion bancaire», se félicitent les dirigeants. Mais l'entente entre Français et Belges sera de très courte durée. Chaque camp poursuit des buts très différents. Des baronnies se constituent. La banque dépense des fortunes pour étendre son empire et joue avec son bilan pour augmenter ses profits. La crise la prend à revers. Deuxième épisode de notre grande enquête.
Une banque en faillite, les gouvernements belge et français devant apporter en catastrophe 6,5 milliards d'euros, suivis d'une garantie de 150 milliards d'euros sur les crédits. Pour beaucoup, l'affaire Dexia est résolue. Dans les faits, rien n'est réglé. La banque franco-belge, au cœur du pouvoir local en Belgique aussi bien qu'en France, lutte toujours pour sa survie. Mais comment cette banque, présente sur des métiers bancaires censés être parmi les plus sûrs, le financement des collectivités locales et la banque de détail, a-t-elle pu être conduite à un tel désastre ? Retour en cinq volets sur l'histoire d'une faillite d'Etat, fruit d'une privatisation à la hussarde.Pour lire directement notre premier épisode, cliquez ici
A l'origine de Dexia, il y a la CAECL, un service de la Caisse des dépôts qui a la haute main sur le financement de toutes les collectivités locales. Nommé à sa tête en 1983, Pierre Richard, ancien responsable des villes sous Giscard mais aussi des premières lois sur la décentralisation de la gauche, va mener une bataille d'enfer pour arracher cette structure à la Caisse. Avec le soutien de Balladur et de l'UDF, il finira par l'emporter: la CAECL devient le Crédit local de France, privatisé. «Un vrai hold-up», se souviennent encore les témoins de l'époque.
Le dernier rapport trimestriel de la Banque des règlements internationaux, la banque des banques centrales, dissèque la nouvelle phase de la crise financière qui s'est ouverte le 15 septembre, avec décision des autorités américaines de laisser Lehman Brothers faire faillite. Une décision aux effets catastrophiques sans commune mesure avec le coût d'un sauvetage qui, rétrospectivement, apparaît bien modeste. Retour sur un fiasco.
L’amendement envisagé par le rapporteur général du budget au Sénat, Philippe Marini (UMP), visant à rendre les pertes en Bourse partiellement déductibles de l’impôt sur le revenu, va rapidement tomber aux oubliettes. Au cœur d’une controverse ces deux derniers jours, il a été vivement critiqué par la gauche, mais aussi par certains dirigeants de droite. En fin de matinée, lundi 8 décembre, le premier ministre, François Fillon a indiqué, par communiqué, que le gouvernement «donnera un avis défavorable».
La colère des profs de sciences économiques et sociales enfle. Ils étaient 1.500 à manifester, le 3 décembre, dans les rues de Paris, contre le projet de réforme de la seconde. Alors que le ministre de l'éducation nationale, Xavier Darcos, doit rendre ses derniers arbitrages d'ici au 15 décembre, la liste des inquiétudes pesant sur les «SES» ne cesse de s'allonger. La discipline pourrait voir ses effectifs s'effondrer. Elle pourrait même disparaître, au profit d'un apprentissage plus lisse de l'économie de marché, conformément aux vœux du patronat français... Enquête.
Le rapporteur général du budget au Sénat, Philippe Marini (UMP), qui est proche de l'Elysée, va proposer lundi 8 décembre un amendement qui vise à rendre partiellement déductibles de l'impôt sur le revenu les pertes boursières de 2008. La disposition a été imaginée «en concertation» avec le ministère des finances. La mesure est aussi farfelue que scandaleuse. Aucun gouvernement au monde n'a pris une mesure aussi choquante. En d'autres temps, on aurait parlé d'une politique de classe. Parti pris.
En avril, Nicolas Sarkozy promettait des investissements aux syndicalistes de l'aciérie ArcelorMittal de Gandrange (Moselle), dont 600 salariés allaient être licenciés. Dix mois plus tard, rien n'a été lancé. Mieux: selon les informations recueillies par Mediapart, les deux centrales électriques promises par l'électricien Poweo ne seront pas construites. Une mauvaise nouvelle de plus après l'annonce par ArcelorMittal de la suppression de 1.400 emplois en France début 2009. Le cas ArcelorMittal illustre la stratégie médiatique du président de la République en cas de crise: un, jouer les sauveurs au plus fort de la crise; deux, laisser le soufflé retomber – en silence. Lire aussi:Patrick Devedjian, ministre du placard?La face cachée du plan de relance de Sarkozy
Le rapport Cotis-Duport, suggérant de limiter à 500 le nombre des transferts de statisticiens publics à Metz (et de créer par ailleurs 120 emplois) au lieu des 1.000 voulus par l'Elysée, n'a pas apaisé la fronde des agents et administrateurs de l'Insee, qui craignent un démantèlement de l'institut et une remise en cause de son indépendance. Une semaine de "perturbations" a été décidée par le Comité de défense de la statistique publique, pouvant aller jusqu'au blocage des publications statistiques.
Le plan de relance présenté, jeudi 4 décembre, par Nicolas Sarkozy a une face cachée: si officiellement 26 milliards d'euros sont engagés pour soutenir l'économie face à la récession, l'Elysée en profite pour faire passer toute une série de mesures qui lui tiennent à cœur. La plus spectaculaire est celle qui entaille profondément la législation anti-corruption des années 1990 concernant les marchés publics. Minoration des déficits publics, nouveau détournement des fonds du Livret A, faiblesse du volet social du plan anti-crise: Mediapart détaille, mesure par mesure, les habiletés ou cachotteries sarkoziennes. Parti pris.
Au moment où on reparle, pour s'en inquiéter, d'une dévaluation du yuan, le secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Henry Paulson, est en Chine pour une ultime visite officielle. L'ancien patron de Goldman Sachs, qui a fait de la relation Etats-Unis-Chine sa "chose", a laissé entendre que les affaires avec Pékin pourraient reprendre après son retour dans le secteur privé, début 2009. Intéressant.
Nicolas Sarkozy annonce son «plan de relance» pour le bâtiment et l'automobile. Les salariés du groupe américain Johnson Controls (photo), à Grand-Quevilly près de Rouen, l'écouteront avec attention. Car eux se souviendront de ce mois de novembre 2008. En dix minutes, on leur a annoncé la fermeture de leur usine. Une des plus grandes usines de la ville, construite il y a 40 ans, qui produit des batteries automobiles et gagne de l'argent! Texte et photos : Mathieu Magnaudeix.
L'Italie offre des chèques-cadeaux pour aider les plus pauvres de ses citoyens à payer leurs factures. La France privilégie l'investissement des entreprises. L'Allemagne ne veut pas trop dépenser. Le Royaume-Uni flambe et tourne le dos à l'anti-interventionnisme. Depuis plusieurs semaines, les pays européens agissent en ordre dispersé pour tenter de lutter contre la crise. Revue de détail, carte à l'appui.
A Gdansk, samedi 6 décembre, Nicolas Sarkozy n'a pas emporté l'adhésion de la Pologne au paquet énergie-climat, cet ensemble de directives européennes pour lutter contre le changement climatique. Il s'est dit persuadé de parvenir à un accord au sommet de Bruxelles. En coulisses les textes ont fait l'objet d'intenses tractations qui risquent de réduire à peu de chose ce qui devait pourtant être une priorité de la présidence française de l'Europe.
Nicolas Sarkozy doit annoncer son plan de relance, jeudi 4 décembre, à Douai (Nord). Prime à la casse pour doper le marché automobile, prime exceptionnelle pour les travailleurs pauvres, dispositions pour soutenir l'immobilier, cascade de mesures passagères pour venir en aide à la trésorerie des entreprises: les indiscrétions se multiplient sur le dispositif anti-crise. Mais derrière le plan de relance n'y a-t-il pas aussi, sinon d'abord, un savant plan de communication? Pour déjouer ce piège, Mediapart fait le bilan des promesses non tenues, des annonces faites à contretemps ou des erreurs dans le pilotage de la politique économique. Petit précis pour ne pas écouter idiot le discours présidentiel. Lire aussi:L'Europe se relance en ordre très dispersé. Les deux premiers volets de notre série «Au cœur de la nouvelle crise sociale» : un reportage dans les usines Renault de Sandouville et de Cléon et une plongée chez les sous-traitants de l'automobile en Normandie, par Mathieu Magnaudeix.Au fil de la crise, le paquet énergie-climat se déplume