Le renversement du gouvernement Barnier place la France un peu plus sous la pression des marchés. Plus que la dégradation économique, c’est l’instabilité politique, née de la dissolution de juin, qui est sanctionnée par les investisseurs. La BCE se tient pour l’instant à distance de cette crise intérieure.
On savait depuis longtemps que les institutions françaises, organisant « l’exercice solitaire du pouvoir », étaient dangereuses. Avec un président toxique, imprévisible ou méprisant, elles le sont plus encore, et entraînent le pays vers le chaos.
La motion de censure qui a renversé le gouvernement, mercredi 4 décembre, n’a pas décidé le président de la République à changer de cap. Au contraire : il cherche désormais parmi ses plus fidèles soutiens une solution pour tenir jusqu’à l’été.
331 députés du NFP et du RN ont voté la censure du gouvernement de Michel Barnier. À l’Assemblée, l’événement, historique bien qu’attendu, a déclenché les hauts cris d’un camp présidentiel refusant toujours d’accepter la réalité politique des urnes.
Jamais satisfaite de l’attitude du premier ministre à son égard, pressée par son socle électoral, ses députés et un calendrier judiciaire défavorable, Marine Le Pen a fini par censurer le gouvernement de Michel Barnier. L’épilogue annoncé de trois mois de tartufferie politique.
Alors que Michel Barnier est sous la menace d’un renversement, Emmanuel Macron est plus seul que jamais. Le sociologue Marc Joly analyse cette déréliction à l’aune de la personnalité du président de la République, dont le seul objectif est de rester au centre du jeu, quel qu’en soit le prix à payer.
Avant même la censure du gouvernement Barnier, la possibilité refait surface ces derniers jours. Alors que les appels à la démission se multiplient, l’Élysée continue de balayer l’hypothèse… comme avant la dissolution de l’Assemblée nationale en juin.
En engageant la responsabilité de son gouvernement sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, le premier ministre s’expose à une motion de censure. Elle sera votée, mercredi, malgré ses dernières compromissions avec l’extrême droite.
Des responsables politiques de tous bords estiment qu’Emmanuel Macron devrait démissionner pour sortir la France de la crise politique. Jean-Luc Mélenchon se prépare à cette hypothèse. D’autres espèrent la repousser par crainte des divisions à gauche. Le RN joue faussement l’indifférence.
Gouvernement aux choix austéritaires menacé, extrême droite en embuscade, et des emplois détruits par dizaines de milliers dans tout le pays. Mardi Mediapart donne la parole aux salariés concernés par la rafale de plans sociaux annoncés.
Lucie Castets et Marine Tondelier appellent à une candidature commune à gauche pour 2027. Les ex-Insoumis de L’Après aussi. Jean-Luc Mélenchon parle d’une « offre fédérative » autour de La France insoumise. Mais chacun a ses arrière-pensées.
L’économiste Alain Coulombel, membre de la direction des Écologistes, auteur d’un « Petit Traité de la démesure », est un des seuls responsables politiques à plaider sans ambiguïté pour la décroissance. Et à vouloir lui donner un débouché politique concret.
L’ancien ministre des solidarités du gouvernement d’Élisabeth Borne, Damien Abad, est revenu aux affaires dans l’Ain en prenant un statut de vice-président au département. Ce retour à pas feutré agace les militants de la défense des droits des femmes, car l’homme politique est mis en examen pour tentative de viol.
Avec « Contre la proportionnelle », le juriste Julien Jeanneney appelle à éviter toute réforme du mode de scrutin. Ses vertus seraient exagérées et ses défauts nombreux. Mais l’argument néglige l’impasse actuelle, et se fonde sur des exemples contestables.
Sur fond d’instabilité politique maximale, la guerre a repris de plus belle entre le parti de Jean-Luc Mélenchon et celui d’Olivier Faure. Mais les échanges assassins cachent des divergences stratégiques majeures en vue de la prochaine présidentielle.
Qu’est-ce qui politise un humoriste et fait rire une politique ? Ce mois-ci, Guillaume Meurice reçoit la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, la députée communiste Elsa Faucillon et l’humoriste Djamil Le Shlag.