Croyant parachever la reconstruction d’une cathédrale sinistrée qui lui devrait la vie, Emmanuel Macron, tout feu tout flamme à la télévision, parut mener à terme son entreprise d’achèvement de la démocratie. Retour sur une soirée cathodique affligeante.
Seul candidat, l’ancien premier ministre doit être élu dimanche 8 décembre secrétaire général du parti Renaissance. Une nouvelle casquette arrachée sans l’accord du chef de l’État, comme le symbole du paradoxe Attal : premier des macronistes, il multiplie aussi les signes de distance, voire de défiance, à l’égard de l’Élysée.
Fondé par et pour Emmanuel Macron, Renaissance est un parti personnel et « entrepreneurial » qui a pour défi de survivre à son créateur. Plusieurs changements de statuts l’entraînent vers un modèle plus classique, mais le chemin d’une véritable institutionnalisation reste cahoteux.
Même quand la corruption apparaît en géant dans des sondages dont le monde politico-journalistique est généralement friand, personne ne veut la regarder en face. Mediapart a donc épluché au jour le jour les affaires des dernières semaines. L’inventaire parle de lui-même.
Le soir de l’allocution d’Emmanuel Macron, le Nouveau Front populaire tenait un meeting à Tours en présence de Lucie Castets. L’occasion de rencontrer l’électorat de la coalition, exaspéré par l’obstination du président de la République comme par les dissensions entre les chefs des partis de gauche.
Le téléphone personnel de Jean-Noël Barrot a récemment été hacké, provoquant la panique des services de sécurité de l’État. Ces derniers se sont activés pour tenter de comprendre d’où venait cette compromission… jusqu’à en être empêchés par le ministre.
Reportages, séries, dossiers, émissions spéciales, enquêtes au long cours ou révélations… Notre regard sur l’année 2024, ses nœuds internationaux comme ses crises françaises.
En refusant obstinément de nommer à Matignon un premier ministre de gauche, le président se condamne a priori à enchaîner les motions de censure. Trois des quatre forces du Nouveau Front populaire appellent le camp présidentiel à se mettre autour de la table.
Après la censure du gouvernement Barnier, Bruno Daugeron, professeur en droit public, pointe les ressemblances et les différences avec le précédent de 1962. Selon lui, nous payons l’addition de décennies d’un « présidentialisme majoritaire » devenu impraticable.
Le renversement du gouvernement Barnier place la France un peu plus sous la pression des marchés. Plus que la dégradation économique, c’est l’instabilité politique, née de la dissolution de juin, qui est sanctionnée par les investisseurs. La BCE se tient pour l’instant à distance de cette crise intérieure.
On savait depuis longtemps que les institutions françaises, organisant « l’exercice solitaire du pouvoir », étaient dangereuses. Avec un président toxique, imprévisible ou méprisant, elles le sont plus encore, et entraînent le pays vers le chaos.
La motion de censure qui a renversé le gouvernement, mercredi 4 décembre, n’a pas décidé le président de la République à changer de cap. Au contraire : il cherche désormais parmi ses plus fidèles soutiens une solution pour tenir jusqu’à l’été.
331 députés du NFP et du RN ont voté la censure du gouvernement de Michel Barnier. À l’Assemblée, l’événement, historique bien qu’attendu, a déclenché les hauts cris d’un camp présidentiel refusant toujours d’accepter la réalité politique des urnes.
Jamais satisfaite de l’attitude du premier ministre à son égard, pressée par son socle électoral, ses députés et un calendrier judiciaire défavorable, Marine Le Pen a fini par censurer le gouvernement de Michel Barnier. L’épilogue annoncé de trois mois de tartufferie politique.
Alors que Michel Barnier est sous la menace d’un renversement, Emmanuel Macron est plus seul que jamais. Le sociologue Marc Joly analyse cette déréliction à l’aune de la personnalité du président de la République, dont le seul objectif est de rester au centre du jeu, quel qu’en soit le prix à payer.
Avant même la censure du gouvernement Barnier, la possibilité refait surface ces derniers jours. Alors que les appels à la démission se multiplient, l’Élysée continue de balayer l’hypothèse… comme avant la dissolution de l’Assemblée nationale en juin.