En 2024, Mediapart a connu sa seizième année d’existence, la première sans Edwy Plenel à sa tête. Carine Fouteau lui a succédé, au terme d’une transition qui a encore renforcé la dynamique collective et l’indépendance de notre entreprise.
Car l’exigence et notre promesse restent les mêmes, celles d’un journalisme fiable et rigoureux, honnête et au contact de la société mobilisée, qu’il s’agisse de la couverture de l’actualité internationale, écologique, politique ou sociale.
Mediapart continue aussi plus que jamais à défendre un journalisme d’enquêtes, en défense de l’intérêt public et du droit de savoir des citoyennes et citoyens.
Comme l’an dernier, dans le souci constant de diversifier nos formats pour toucher le plus grand nombre, nous offrons à nos lectrices et lecteurs une rétrospective de cette année 2024, compilant ses événements marquants et la façon dont Mediapart a choisi d’y poser son regard.
Nos grands reportages, nos séries ou dossiers, nos enquêtes au long cours, nos révélations, nos émissions spéciales en vidéo, nos podcasts, nos portfolios…
Retrouvez notre regard sur l’année 2024, ses nœuds internationaux, son chaos climatique planétaire, comme ses crises françaises, politiques, sociales ou coloniales.
Janvier
Comment le Qatar a fait pression sur le gouvernement
Paris Saint-Germain
Ce furent nos premières révélations de l’année 2024. Mediapart a raconté comment l’entourage du président du Paris Saint-Germain, Nasser al-Khelaïfi, a fait pression sur les policiers lors d’une perquisition, en juillet 2023, au sujet de la détention d’un lobbyiste au Qatar. Des dignitaires du régime ont téléphoné aux ministres Catherine Colonna et Gérald Darmanin.
Quelques mois plus tard, Mediapart
exhumera
des SMS rédigés par ce dernier qui démontrent son intervention, quand il était ministre des comptes publics, pour favoriser les affaires fiscales du club parisien lors du transfert de Neymar en 2017.
Si la nouvelle ministre de l’éducation nationale a mis ses enfants dans le privé, c’est à cause
« des paquets d’heures pas sérieusement remplacées »,lâche-t-elle lors de son tout premier déplacement officiel, au micro de Mediapart. Amélie Oudéa-Castéra est tout juste nommée qu’elle suscite déjà l’indignation de tout le corps enseignant. En plus de bouder le public, elle n’a pas choisi n’importe quel établissement : ses trois enfants sont scolarisés dans le très catholique collège-lycée Stanislas.
Dans une enquête
publiée à l’été 2022, Mediapart détaillait la vision sexiste, homophobe et autoritaire de l’enseignement qui y était prodigué. De révélation en révélation, la situation devient vite intenable, et Amélie Oudéa-Castéra retourne au seul ministère des sports, vingt-huit jours après sa nomination Rue de Grenelle.
La ministre de l’éducation a choisi un établissement privé ultra réac pour ses enfants
Plus que jamais, nous avons collectivement besoin d’une presse indépendante, libre de toute entrave, au seul service de l’intérêt public. Mediapart vous propose ses abonnements cadeaux d’une durée de 3 mois, 6 mois, ou 1 an, sans reconduction, à offrir à vos proches, voire à vous-mêmes.
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Cent ans après, comment la pensée de Lénine survit au léninisme
Analyse
Face à des mouvements sociaux qui ne trouvent pas de débouchés à leur contestation des désordres du monde, le centenaire de la mort de Lénine (1870-1924) rappelle à nombre d’intellectuel·les et militant·es, et pas seulement aux vieux nostalgiques de l’Union soviétique, l’actualité de sa question : que faire ?
Apparus en Occitanie au mois de janvier, les mouvements de contestation agricole ont touché la France entière et ont duré jusqu’au Salon de l’agriculture au mois de mars. Pour être entendu·es, les agriculteurs et agricultrices ont bloqué des routes, des ronds-points, et le marché de Rungis est menacé d’être occupé.
Face à la diversité des doléances – prix du gasoil, baisse des revenus, crise sanitaire… –, les syndicats, en particulier la FNSEA et la Coordination rurale, vont accompagner une radicalisation du discours. Le gouvernement va céder beaucoup, en particulier sur la protection de l’environnement.
Fin novembre, la crise agricole va connaître un deuxième acte, à la faveur du retour sur le devant de la scène européenne du traité de libre-échange avec le Mercosur. Si la Coordination rurale exprime des colères sans filtre, la colère paysanne se retrouve prise au piège d’un débat technique qui étouffe les autres revendications.
Sarah, 67 ans, juive orthodoxe victime de violences policières
Enquête
Des vidéos révélées par Mediapart montrent qu’une femme de 67 ans, juive orthodoxe, a été privée de sa perruque alors qu’elle venait d’être arrêtée pour un refus d’obtempérer au commissariat de Créteil. Son avocat dénonce des violences policières
« sexistes et antisémites ».
Le psychanalyste médiatique et mélenchoniste avait pour habitude d’aborder les jeunes femmes à la sortie d’événements ou de cours à l’université, avant de les inviter à son domicile. Lui assure n’avoir
« jamais contraint personne ». Après la parution de témoignages dans Elle et dans Mediapart et le dépôt de plusieurs plaintes, une enquête est ouverte pour des « faits susceptibles d’être qualifiés de viols et d’agressions sexuelles, parfois sur victimes mineures ».
Journalistes morts à Gaza : un mausolée pour ne pas oublier
Grand format
Le 11 février 2024, Mediapart publie les portraits de plus de 90 journalistes tué·es en bravant le blocus médiatique imposé par Israël à Gaza depuis le 7 octobre 2023. En rassemblant des fragments de vie, pour tenter de reconstituer leurs histoires, afin que l’on se souvienne non seulement de leur nombre, mais aussi de leurs noms, de leurs visages, de leurs destins.
Régulièrement mis à jour depuis, ce projet a été récompensé, jeudi 28 mars, du prix « enquêtes et reportages » aux Assises du journalisme 2024. Il comptait 130 noms à la date du 6 octobre.
Motaz Azaiza, le reporter palestinien qui raconte le calvaire de son peuple
Émission vidéo
En informant sur la situation à Gaza, Motaz Azaiza, 25 ans, photojournaliste, a cumulé des millions d’abonné·es sur Instagram. Le 23 janvier 2024, il a fui la guerre avec sa famille, pour se réfugier au Qatar. En juin, il était invité de notre émission « À l’air libre ».
Jacques Doillon, Gérard Depardieu, Philippe Garrel, Benoît Jacquot… En quelques mois, plusieurs grands noms du 7e art sont accusés de violences sexistes et sexuelles. À l’approche du Festival de Cannes, une rumeur voudrait même que Mediapart s’apprête à publier une liste de noms d’agresseurs. Rumeur infondée et contraire à notre démarche journalistique. En revanche, dans une émission exceptionnelle, nous donnons la parole à des actrices qui témoignent et portent ce combat, pour que la prise de conscience du milieu ne connaisse pas de retour en arrière.
Il avait survécu à son empoisonnement. La prison l’a tué. La mort d’Alexeï Navalny, 47 ans, le 16 février 2024 en Sibérie, fait de lui la première grande figure d’opposition à Vladimir Poutine à périr en détention. Un nouveau palier dans l’instauration de la terreur.
Cet assassinat d’Alexeï Navalny par le régime russe est un choc mais pas une surprise. Il illustre ce moment où un pouvoir criminel s’est transformé en un régime fasciste. La guerre contre tous et l’élimination systématique des voix dissonantes sont les conditions de sa perpétuation.
Poutine, un fascisme construit dans le silence des tombes et des cachots
L’annonce a été secrètement gardée jusqu’au 14 mars, jour de notre traditionnelle conférence de presse anniversaire, mais le vote a eu lieu ce 27 février, au conseil d’administration de Mediapart. Participant à l’aventure du journal depuis sa création il y a seize ans et codirectrice éditoriale de 2018 à 2023, la journaliste Carine Fouteau succède à Edwy Plenel, comme présidente et directrice de publication, ainsi qu’il l’annonce dans
cet article, qui sera loin d’être sa dernière contribution à Mediapart.
Dans un texte d’intention, elle affirme :
« L’équipe est prête à poursuivre sa mission d’utilité publique : faire de Mediapart un grand journal populaire, qui à la fois dérange et rassemble par la force et la qualité de ses informations. »
« Merci pour elles », a conclu la présidente de l’Assemblée après avoir proclamé le résultat du vote. Le droit à l’interruption volontaire de grossesse est inscrit dans la Constitution lors d’un Congrès historique. Ce symbole fort est célébré par les féministes,
dans les tribunes
de l’hémicycle
et dans la rue. Pour autant, cette avancée n’efface ni les difficultés à accéder à l’IVG, ni l’instrumentalisation politique qu’en fait le pouvoir.
Edwy Plenel a quitté la présidence de Mediapart. Pour saluer cet événement dans l’histoire de notre journal, il a accepté de livrer ses derniers scoops aux abonné·es de Mediapart : les secrets de fabrication de dix enquêtes mythiques, qu’il a écrites ou supervisées, au « Monde » puis à Mediapart.
Anecdotes, regrets, polémiques, rencontre cachée avec le président de la République : l’homme qui incarne depuis quarante ans l’investigation dans les médias raconte comment le journalisme peut encore constituer un contre-pouvoir.
Pourquoi Aya Nakamura est le cauchemar de l’extrême droite
Bataille culturelle
Les dirigeants et les réseaux d’extrême droite mènent une campagne raciste contre l’artiste noire, pressentie pour interpréter une chanson d’Édith Piaf lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris. La chanteuse assume qui elle est, comme sa façon de manier et de détourner la langue française. La « fatwa » lancée par Marine Le Pen et ses nervis numériques n’aura pas de lendemain. Et Aya Nakamura chantera un mélange d’Aznavour et de « Djadja » avec la garde républicaine, qui marquera le monde entier comme un ultime pied de nez de la France multiculturelle à l’extrême droite.
À l’hôpital de Rennes, soignantes et parents au chevet des bébés prématurés
Portfolio
Chaque année, 55 000 enfants naissent prématurément en France. Au CHU de Rennes, le service de néonatologie et réanimation néonatale met en place des soins de développement pour améliorer le bien-être et le pronostic des bébés.
Le suicide d’Evaëlle, 11 ans, et l’enseignante jugée pour « harcèlement » scolaire
Enfances en danger
En 2019, au terme de son année de sixième, la petite Evaëlle mettait fin à ses jours. Mediapart plonge dans le dossier d’instruction pour comprendre comment les pratiques pédagogiques d’une enseignante ont pu isoler la jeune fille et encourager les brimades de ses camarades.
Des dizaines de témoignages et des milliers de documents internes nous ont permis de dévoiler les rouages de la machine CNews. La chaîne d’opinion de Vincent Bolloré est devenue une
« fabrique quotidienne de la haine », obsédée par les questions identitaires, qui déforme les faits à sa convenance, comme l’a montré l’affaire Crépol. Au centre de la galaxie : Pascal Praud.
Pour cette année 2024, les Awards de Mediapart se rapprochent des Oscars. Abus, mensonges, privilèges indus : certain·es de nos élu·es et de nos gouvernants se sont surpassé·es dans leurs actes et leur communication pour se retrouver en haut de l’affiche : récompensez-les en votant et gagnez des cadeaux !
Rwanda : trente ans après, une histoire française toujours à vif
Génocide des Tutsis
L’implication de la France, le régime de Paul Kagame, la justice transitionnelle et internationale, les recherches historiques et l’enjeu crucial des archives… Trente ans après, Mediapart poursuit ses enquêtes, reportages et analyses sur le génocide des Tutsis au Rwanda, qui fit près de 1 million de morts en un peu plus de trois mois.
Le 25 avril 2024, le Portugal fête le cinquantenaire de la révolution des Œillets, qui a renversé la plus vieille dictature d’Europe. Durant trois ans, entre 1974 et 1976, le pays a été traversé par une vague révolutionnaire alimentée par des mouvements populaires de base. Que reste-t-il aujourd’hui des promesses de transformation sociale du 25-Avril, alors qu’en mars 2024 les Portugais·es ont élu à l’Assemblée 50 député·es du parti d’extrême droite Chega ? Réponse dans une série de reportages et d’entretiens en six épisodes.
Sexisme, racisme et homophobie : le Haut Conseil à l’égalité vit le contraire de ce qu’il prône
Enquête
Mediapart révèle la souffrance au travail qui sévit au sein de l’instance chargée de lutter pour l’égalité entre hommes et femmes. Mais aussi les propos sexistes, racistes et homophobes tenus par la présidente Sylvie Pierre-Brossolette. Deux mois après nos révélations, elle est démise de ses fonctions.
« Emmanuel Macron et sa majorité ont remis le feu à la Nouvelle-Calédonie », titre Mediapart le 14 mai, au lendemain de l’explosion de révolte dans les quartiers populaires de Nouméa. En trois ans, l’exécutif a déjà bouleversé l’équilibre fragile qui rythmait la vie dans l’archipel depuis des décennies. Il achève à présent son entreprise de déconstruction en tentant d’imposer une révision constitutionnelle à laquelle les indépendantistes s’opposent. Ainsi que nous le documentons de longue date, la Kanaky voit son long chemin vers l’indépendance sombrer dans l’impasse.
Six mois après les révoltes, Mediapart est allé donner la parole aux acteurs de la mobilisation indépendantiste. En tribu, dans les quartiers populaires de Nouméa, en « brousse », avec les « voisins vigilants », et auprès des héritiers des « martyrs » des années 1984-1988. Récit en six épisodes d’une décolonisation empêchée.
Comment relancer le processus de décolonisation du territoire ultramarin ? Le député indépendantiste Emmanuel Tjibaou échange avec la romancière Alice Zeniter, qui publie Frapper l’épopée, consacré à la Kanaky.
Gabriel Attal ferme les yeux sur les agissements de la ministre Prisca Thevenot
Enquête
Les services du premier ministre n’ont pas donné suite aux alertes, y compris écrites, concernant le management brutal de la porte-parole du gouvernement. Prisca Thevenot est notamment accusée d’avoir qualifié de « putes » deux de ses collaboratrices.
Le Sénat vote pour priver les mineurs trans de leurs soins
Transphobie
Portée par Les Républicains, une proposition de loi qui interdit les traitements hormonaux et les chirurgies aux moins de 18 ans est adoptée au Sénat. Malgré l’opposition des gauches, du gouvernement et d’élu·es macronistes. Mediapart consacre une série d’articles à cette « fabrique de la panique » autour de la transidentité chez les mineur·es.
En Espagne, l’amnistie pour les indépendantistes catalans ferme un cycle politique
Ce 30 mai, le Congrès espagnol adopte définitivement une loi d’amnistie profitant à plus de 400 indépendantistes catalan·es et mettant fin à une bataille judiciaire de sept ans entre Barcelone et Madrid, après le référendum d’indépendance d’octobre 2017. Une histoire de prisonniers politiques, dont nous avons assidûment suivi les complexités et les rebondissements.
Ce projet est vieux de trente ans, porté par des élu·es du Tarn et de la Haute-Garonne et souhaité d’abord par le plus grand employeur de la région : le groupe pharmaceutique Pierre Fabre. Pour contrer ce projet archaïque au vu de l’accélération du dérèglement climatique, des activistes ont créé une ZAD sur les arbres. Les « écureuils », ces militant·es qui ont occupé les cimes, se sont battus pour ralentir les machines qui déboisent et artificialisent le terrain.
Mais la répression s’est accentuée et plusieurs militant·es ont été blessé·es par les forces de l’ordre ou visé·es par de mystérieux incendies. Aujourd’hui, la ZAD a été évacuée et la construction de l’autoroute se poursuit. Le 8 juin, plusieurs milliers de manifestants et manifestantes ont tenté de rejoindre samedi des tronçons du projet de l’autoroute A69, en dépit de l’interdiction de la préfecture. Après plusieurs heurts à travers champs, les organisateurs déplorent une vingtaine de blessés, dont trois graves. Pour sa part, la préfecture annonce deux blessés du côté des policiers.
Le 22 avril, des milliers de manifestant·es se rassemblent contre le projet d’autoroute. Nous avons assisté à la préparation de la mobilisation et aux échanges entre militant·es et préfecture.
Après la manifestation du 8 juin, les organisateurs ont déploré une vingtaine de blessé·es, dont trois graves. Pour sa part, la préfecture annonce deux blessés du côté des policiers.
Au fil des mois, le chantier de l’A69 est devenu un combat opposant les machines métalliques du grand capital à une meute d’écureuils sauvages, naviguant au gré des vents, et des évacuations.
Militants écologistes : en Europe, la grande répression
Émission vidéo
Jamais les militant·es du climat n’ont été aussi réprimé·es en Europe. Une émission avec le rapporteur spécial de l’ONU Michel Forst, la militante écologiste allemande Luisa Neubauer et Tom, manifestant contre les mégabassines.
Les extrêmes droites ont progressé dans presque tous les vingt-sept pays de l’UE. Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont été les grands perdants. Ursula von der Leyen, elle, se trouvait en bonne voie pour rempiler à la tête de la Commission. Les partis écologistes sont en net repli.
En choisissant de se compter aux élections européennes, la gauche a fait renaître les affrontements qui sapent les conditions de son unité.
Macron dissout l’Assemblée : un coup de poker au péril des institutions
« Macron plonge son camp dans la sidération »,
titre
Mediapart en ce soir d’élections européennes, dont le résultat sitôt connu est déjà enjambé politiquement. Le président préfère
précipiter le chaos
en hâtant une dissolution de l’Assemblée nationale jusque-là prévue à l’automne,
assumant
la perspective d’une victoire quasi inéluctable de l’extrême droite, au regard de sa dynamique électorale tout juste constatée dans les urnes européennes.
Grâce à un
programme ambitieux
qui réconforte celles et ceux que désespéraient ses divisions lamentables, l’union de la gauche parvient
à créer l’espoir
dans une société mobilisée disponible pour une campagne unitaire malgré les espoirs déjà trahis de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), et malgré
la persistance urticante
de Jean-Luc Mélenchon comme de François Hollande.
Dans les locaux de Mediapart s’organise une
agora de résistance
mêlant militants syndicaux, associatifs, artistes et responsables politiques. Tous conscients de la gravité du moment, et désireux de ne pas être balayés par le
bouleversement du paysage politique
provoqué par Emmanuel Macron et sa funeste stratégie de marchepied pour l’accession de l’extrême droite au pouvoir. « Le combat ou l’abîme »,
titre Mediapart, alors que s’ouvre la campagne.
Une centaine de brebis galeuses du RN débusquées
Extrême droite
Alors que nous pensions avoir le temps d’ici la prochaine présidentielle pour mettre en ordre de marche nos dispositifs éditoriaux contre l’extrême droite, la dissolution oblige notre rédaction à se jeter collectivement corps et âme dans la documentation de ce que représenterait l’arrivée du Rassemblement national (RN) au pouvoir. Le travail est institutionnel, s’envisage à travers divers corps de métier, mêle l’expression de ressentis comme des expertises juridiques… Il avait déjà en partie été fait en 2022, mais il faut le remettre à jour à l’aune d’une accession à Matignon dans un cadre de cohabitation.
D’autres se penchent sur le pedigree des candidat·es investi·es à la hâte par le parti d’extrême droite, pour mieux dévoiler
les faux-semblants de sa « dédiabolisation ». Alors que Jordan Bardella ne reconnaît au début que « quatre ou cinq brebis galeuses » parmi les aspirant·es député·es, Mediapart en débusque au moins 106 aux propos haineux et complotistes. « On manque de forces, explique alors Antton Rouget. Mais avec trois jours de plus, je suis sûr qu’on arrivait à 200 : on n’a pas eu le temps de bien regarder le passé des suppléant·es. »
Toutes et tous à République ! Pour un front démocratique contre l’extrême droite
Événement
Durant cette campagne législative en forme de Blitzkrieg, le studio de Mediapart tourne à plein, réunit
des intellectuel·les de tous horizons
pour alerter sur le danger de l’extrême droite, puis renouvelle l’expérience avec
de jeunes artistes, activistes et streamers. Il accueille aussi
une soirée d’interpellations et d’échanges
entre figures militantes de la société mobilisée et responsables politiques du Nouveau Front populaire. Rapidement, l’envie de voir plus grand et de porter nos émissions hors les murs se fait ressentir. Dans le sillage du Front pour une presse libre, et aux côtés de nombreux médias, associations, syndicats, personnalités et musicien·nes, la place de la République est envahie. D’abord le 27 juin avant le premier tour, puis le 3 juillet, à trois jours du second tour, dans une ambiance de folle résistance.
De Nanterre au Puy-en-Velay, en passant par Arras, Limoges, Montpellier, la Bretagne, l’Alsace ou le Pays basque… En un mois et une cinquantaine de reportages, notre rédaction a saisi l’inattendu politique.
Le Nouveau Front populaire a ouvert une brèche dans la fatalité d’une prise de pouvoir de l’extrême droite en France. Pour durer, il doit opposer ses affects joyeux aux passions tristes de l’extrême droite.
À l’issue du second tour des législatives, rien ne se passe comme prévu, et le sursaut observé dans les rues est conforté dans les urnes. À la suprise générale, le NFP arrive en tête, mais aucune majorité claire ne s’est dégagée et le moment politique est comme suspendu. Mais pour tous ceux et celles qui ont animé et relayé le front républicain sur le terrain,
le soulagement est déjà énorme. Hélas, faute de volontarisme des appareils partisans, l’élan unitaire s’est essoufflé, et le pire semble encore et toujours probable.
Législatives : tout le monde a un peu gagné (et perdu)
Rarement une dynamique de campagne n’avait autant évolué entre les deux tours d’un scrutin législatif. Quoiqu’en progression nette, l’extrême droite en a fait les frais. Arrivé en tête, le pôle de gauche doit composer avec la place centrale conservée par le camp présidentiel. Notre analyse des leçons d’un scrutin dont les résultats emblématisent la crise de régime qui s’annonce.
Le comédien et metteur en scène est mis en examen pour viol et agression sexuelle sur trois jeunes filles. Six ans plus tôt, une première plainte avait été classée sans suite. Mediapart a révélé que la police avait mené une enquête à charge contre la plaignante et délibérément ignoré des éléments clés.
Au sultanat d’Oman, avec les ouvriers et entrepreneurs du renouveau économique
Portfolio
Le sultanat d’Oman cherche à diversifier son économie. Tourisme, industrie manufacturière et pêche sont des secteurs en plein essor dans ce territoire désertique. Pour mener à bien ce projet, les travailleurs immigrés œuvrent sur les chantiers sous le regard de leurs employeurs.
Climat : les trajets délirants des jets des millionnaires
Enquête
Les avions d’affaires d’Axa, Total et Artémis ont chacun consommé en un an l’équivalent de quatre siècles d’empreinte carbone d’un Français moyen, selon une enquête de Mediapart et de Mémoire vive. Au total, 50 jets privés français ont fait 270 fois le tour de la Terre entre 2023 et 2024.
BFMTV au service de Sarkozy : les preuves d’une manipulation
Enquête vidéo
Dans une enquête vidéo, Mediapart retrace l’opération de manipulation menée par BFMTV pour essayer de sauver Nicolas Sarkozy dans l’enquête sur les financements libyens.
Le fondateur de Sea Shepherd est en détention provisoire au Groenland depuis le 22 juillet pour ses actions de lutte contre la chasse à la baleine et vit sous la menace d’une extradition au Japon. Une situation qui suscite un élan de soutien massif envers une personnalité qui n’est pourtant pas dénuée de parts d’ombre. Il sera finalement libéré le mardi 17 décembre.
Il a fallu deux semaines, deux semaines de trop sans doute, aux forces de gauche réunies au sein du Nouveau Front populaire pour qu’un nom fasse enfin l’unanimité. Sorti en tête des législatives, le NFP propose Lucie Castets, inconnue du grand public mais figure de la défense des services publics, pour le poste de première ministre. Las, Emmanuel Macron argue des Jeux olympiques pour temporiser, avant de rejeter la proposition sans autre forme de procès. Une
mise en échec de la démocratie
et
une sinistre clarification
d’Emmanuel Macron.
Pour Mediapart, les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) sont une vieille histoire. Ainsi que l’atteste notre dossier
« Les Jeux olympiques sous enquêtes »
lancé en 2016, la préparation des JOP à Paris a animé plusieurs journalistes de notre rédaction, de la gestion
opaque et faramineuse
aux
dérives éthiques
du comité d’organisation, en passant par sa
crise sociale interne, ou encore les
travailleurs sans papiers
sur les chantiers ou l’expropriation de quartiers populaires pour construire les infrastructures. Une approche journalistique défendant l’idée d’un rendez-vous raté pour la capitale française, alors qu’elle aurait tant pu rompre avec les mauvaises pratiques olympiques.
Mais nous ne voulions pas non plus faire les bégueules et avons souhaité aussi saisir l’ampleur du moment, la puissance de
sa cérémonie d’ouverture, les joies universelles et le plaisir que peut procurer l’exploit sportif. À travers un
« brief olympique »
résumant les temps forts de chaque journée olympique, l’interview de
l’athlète afghane Kima Yousofi
ou le portrait de Maxime-Gaël Ngayap Hambou, judoka médaillé
en son club d’Asnières…, sans oublier les Jeux paralympiques, leur
statut à part
et
leurs paradoxes, comme l’envers de leur décor inclusif, entre
précarité
et
inaccessibilité.
Mediapart publie en intégralité les résultats des prélèvements dix jours après l’ouverture des JO, qui montrent que la qualité de l’eau n’a été suffisante pour s’y baigner que deux jours.
Pour ces JO, la puissance publique s’est mise à genoux devant les exigences du Comité international olympique, une organisation clanique qui s’enrichit sans jamais rendre de comptes à personne.
Les JO ne sont pas qu’un événement passager mais une manière d’exercer le pouvoir : sans vote, sans transparence sur les dépenses publiques, avec des promesses écologiques intenables.
L’État a investi dans les JO, il doit maintenant investir dans le sport
Et maintenant ?
Alors que les JO se terminent, Mediapart appelle à une prise de conscience des pouvoirs publics et politiques, pour faire enfin de la France un pays de sport, dans ce qu’il a de plus social, égalitaire et inclusif.
« Il ne faut pas politiser le sport », disait Emmanuel Macron en 2022. L’époque montre précisément l’inverse : il est urgent de le politiser et de lui donner du sens, pour en faire un des chemins de l’égalité républicaine. Un mois plus tard, le futur gouvernement annoncera une baisse de 6 % du budget du ministère des sports pour 2025.
« Macron vous a épuisés ? Ressourcez-vous avec nos séries d’été ! » C’est par ce slogan que Mediapart annonce fin juillet son programme de séries d’été. Pour cet exercice médiatique convenu, Mediapart s’attelle à rester « à côté mais pas trop » de l’actualité, en ouvrant ses colonnes à des feuilletons journalistiques entre reportages et enquêtes. La plupart des sujets sont proposés et réalisés au printemps par nos collaborateurs réguliers (les « pigistes » auxquels nous devons tant), alors que la rédaction reprend des forces, exténuée par le rythme électoral forcené des deux derniers mois.
L’Ukraine lance une attaque sans précédent sur le sol russe
Le 6 août, l’armée ukrainienne lance une incursion d’une ampleur inédite dans la région russe de Koursk. Un événement inattendu grâce auquel Zelensky espère
changer les regards
sur la guerre en cours. L’opération est un succès militaire immédiat mais sans lendemain. L’Ukraine peine à en faire un succès diplomatique.
Depuis le début de l’année,
démarrée sous les bombes, le pays est en manque de soldats, et finira par abaisser l’âge de la conscription.
L’armée et les entreprises
se disputent désormais la main-d’œuvre.
Kyiv voudrait que les États-Unis et les pays membres de l’Union européenne lui apportent un
soutien décisif
pour éviter la défaite. Mais Joe Biden et les capitales du Vieux Continent semblent
regarder ailleurs. L’élection de Donald Trump n’augure rien de meilleur, au contraire. Alors que l’idée d’une
paix négociée
a fait son chemin, l’Ukraine redoute d’être privée d’aide et
contrainte à un accord
avec Moscou.
L’ethnographe Romain Huët, spécialiste de la violence, a suivi pendant plusieurs semaines des opposants bélarusses engagés aux côtés de Kyiv. La guerre vue d’en bas.
Dans un carnet retrouvé par Mediapart dans la région de Koursk assiégée par l’Ukraine, un jeune soldat raconte son quotidien. Un témoignage brut et rare.
Retex, notre émission mensuelle consacrée aux questions militaires et de défense, fait le point sur les menaces russes avec la chercheuse Héloïse Fayet.
Rentrée scolaire : l’enseignement privé abreuvé d’argent public
Enquête data
Le ministère de l’éducation nationale ne dispose pas de ces chiffres. L’enseignement catholique non plus. La Cour des comptes, n’en parlons pas. Mediapart a enquêté sur les subventions dites « facultatives » que les treize régions métropolitaines ont accordées de 2016 à 2023 aux lycées privés, bien au-delà de leurs obligations légales. Inconnue jusqu’ici, l’ampleur de ce financement public est jugée
« stupéfiante » par certains élus de gauche.
21 septembre, deux mois et demi après le second tour des législatives, la France a enfin un gouvernement. Minoritaire. À droite toute. Opposé
aux résultats des urnes. Revenu sur le devant de la scène : Michel Barnier, élu pour la première fois député en 1978, ministre sous Balladur, puis sous Juppé, puis Raffarin. Le Vieux Monde revient aux manettes à la demande d’Emmanuel Macron.
La droite et le macronisme fusionnent
en dépit de toutes les postures. « Michel Barnier, c’est la poursuite de la politique de Macron, voire pire », résume Lucie Castets sur Mediapart.
Gouvernement Barnier : tournez à droite, prenez l’impasse
Les mensonges de Bruno Le Maire, l’austérité qui s’annonce
Crise sociale
Exit Bruno Le Maire, ministre des finances depuis le début du premier quinquennat Macron. L’arrivée de Michel Barnier à Matignon et la préparation du budget 2025 ont lieu dans une ambiance économique morose. Les libéraux s’alarment des déficits, des efforts sont demandés aux Français·es dont les esprits sont préparés à la rigueur. Le changement est
trop brutal
pour être honnête : les succès économiques de la Macronie n’étaient-ils que
des mirages ? Mediapart l’a dit pendant des mois.
Les mensonges de Bercy
apparaissent à présent en plein jour. Quand bien même Michel Barnier
essaye encore de temporiser.
Bruno Le Maire, l’idéologue dont l’échec mène au désastre
Au début de l’été, les organisations fondées par l’abbé Pierre révèlent que celui qui a longtemps été la personnalité préférée des Français·es a été l’auteur de très nombreuses agressions sexuelles au cours de sa vie. Pascale, une des victimes, témoigne dans notre émission « À l’air libre » pour la première fois, après des décennies de silence.
Au Kazakhstan, la mer Caspienne baisse et l’inquiétude monte
Portfolio
La plus grande étendue d’eau intérieure de la planète, au carrefour de l’Europe et de l’Asie, est aujourd’hui menacée. Le transport maritime, l’accès à l’eau potable et la sécurité alimentaire des populations locales se compliquent.
C’est l’épilogue d’une affaire de violences policières emblématique. Grégoire Chassaing, seul policier jugé au mois de juin pour homicide involontaire concernant la mort de Steve Maia Caniço, tombé dans la Loire lors d’une charge policière le 21 juin 2019 à Nantes,
est finalement relaxé. Pas une seule personne n’aura donc été jugée responsable de la mort du jeune homme.
Mediapart et treize médias internationaux révèlent les chiffres cachés du torchage, cette pratique climaticide qui consiste à brûler l’excès de méthane qui sort des puits de pétrole. Notre enquête montre que certaines des plus grandes compagnies pétrolières minimisent leurs chiffres d’émissions de gaz à effet de serre de leurs torchères. Tandis que les populations exposées aux fumées toxiques souffrent et tombent malades.
Durant neuf semaines, à raison de trois jours par semaine, Marine Le Pen et certains de ses proches ont dû déserter les bancs de l’Assemblée pour essayer ceux
du palais de justice. La députée, cheffe du Rassemblement national de 2011 à 2021, répondait avec vingt-six autres personnes de l’affaire des assistants parlementaires européens du RN. Le RN est soupçonné d’avoir fait payer des permanents du parti par l’Europe en les faisant passer pour des assistants. Un
système raconté de l’intérieur
par Mediapart. Le parquet a requis
une peine sévère
pour l’ancienne candidate à la présidentielle : cinq ans de prison, dont trois avec sursis, cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, et 300 000 euros d’amende. Le jugement a été mis en délibéré. Marine Le Pen ne sera fixée qu’en 2025.
Un an après l’attaque menée en Israël par le Hamas et d’autres groupes palestiniens, le pays
se souvient de ses morts, et les familles des otages toujours détenus à Gaza réclament un cessez-le-feu. Ce n’est pas du tout l’intention de Benyamin Nétanyahou, premier ministre qui entend poursuivre une « guerre de régénération ».
À la date du 12 novembre 2024, la destruction systématique de la bande de Gaza par l’armée israélienne a fait
plus de 43 000 morts, dont 60 % de femmes, d’enfants et de personnes âgées.
La mort des leaders du Hamas,
Ismaël Haniyeh, assassiné à Téhéran le 31 juillet, et son successeur Yahya Sinouar, exécuté à la mi-octobre à Rafah, ne met pas fin à la guerre. Au contraire, elle s’étend au Liban, où Israël a lancé en septembre une offensive contre le Hezbollah. Hassan Nasrallah, chef historique du mouvement chiite pro-iranien, est tué à Beyrouth fin septembre. Encore une fois, sans mettre fin aux bombardements israéliens.
L’anéantissement de la bande de Gaza
Série
Jour après jour, la bande de Gaza disparaît sous les frappes de l’armée israélienne. Jour après jour, ses habitant·es connaissent des déplacements forcés. Jour après jour, les habitations, bâtiments de toutes sortes, infrastructures, écoles, musées, vestiges archéologiques, lieux de culte sont pulvérisés. Mediapart a décidé de documenter cet anéantissement.
L’État hébreu n’entend pas s’en tenir à ses succès militaires contre le Hamas et le Hezbollah. Au-delà d’une riposte au 7-Octobre, son but de guerre est d’en finir avec la Palestine et ses soutiens. Tout doit être fait pour arrêter cette guerre sans fin.
Israël, Gaza, Liban, Iran : guerre totale, tragédie sans fin
Émission spéciale
Ils et elles sont médecin, journaliste, cinéaste, chercheur, chercheuse, professeur de français, de droit, sociologue ou encore artiste. Quinze invité·es que Mediapart a réuni·es sur un plateau exceptionnel.
Écoutez les ex-humoristes de France Inter sur Mediapart
Vidéo
Ce 25 octobre marque la première de « Blagues Bloc », l’émission que Guillaume Meurice nous a proposée au début de l’été, pour poursuivre son aventure radiophonique (en plus de celle qu’il anime sur Radio Nova avec une partie de l’équipe de France Inter non reconduite).
Son concept : une émission mensuelle, itinérante et en public, où l’humoriste réunit plusieurs invité·es qu’il interrogera sur leur rapport à l’humour et à la politique au sens large. L’occasion de se marrer, beaucoup. De réfléchir, autant que possible. De faire péter l’esprit de sérieux, à coup sûr.
En parallèle, Mediapart accueille aussi celui qui fait les meilleures vannes de ses infos. L’humoriste Waly Dia, déjà président d’un jour lors de nos vœux
en 2022
(comme Charline Vanhoenacker, Guillaume Meurice et Frédéric Fromet avant lui
en 2020), débarque de façon aléatoire sur notre site pour une chronique politique, enregistrée sur scène et en public, dans le cadre de son spectacle « Une heure à tuer », actuellement en tournée.
Partis de France Inter après la suppression progressive des émissions de la bande de Charline Vanhoenacker, Waly Dia et Guillaume Meurice succèdent à Didier Porte (de 2010 à 2017) dans l’histoire des bannis de la radio publique trouvant refuge à Mediapart.
Inondations en Espagne : la catastrophe climatique est devenue humanitaire
Reportage
Alors que des inondations ont ravagé la région de Valence, en Espagne, et fait plus de deux cents morts, Mediapart se rend sur place pour raconter les dégâts,
notamment psychologiques, et la souffrance des quartiers populaires, les plus touchés. Pour voir aussi la population laisser éclater sa colère. L’extrême droite
en embuscade
a mis de l’huile sur le feu en ciblant le gouvernement national, régional et… les écologistes.
La démocratie états-unienne pensait être mise à l’épreuve par une défaite que Donald Trump aurait refusé de reconnaître.
Elle en aura été pour ses frais.
Le 20 janvier 2025, le candidat du Parti républicain
redeviendra président
de la première puissance mondiale.
Kamala Harris, la candidate démocrate
investie
en urgence en juillet, à la suite du
retrait
de Joe Biden, n’est pas parvenue à convaincre électeurs et électrices, qui ont offert
tous les rouages
du pouvoir au camp conservateur : la présidence mais aussi les deux chambres législatives.
Soutien omniprésent de Donald Trump, Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, est récompensé d’un ministère – encore à construire – de l’efficacité gouvernementale. Éducation, immigration,
climat, droits des femmes et des minorités, guerres
en Ukraine
et
au Proche-Orient : le pire est presque sûr.
51 accusés, une centaine de viols, une seule victime. 51 hommes –
ordinaires
– sont jugés devant la cour criminelle du Vaucluse pour viol aggravé sur Gisèle Pelicot alors qu’elle était droguée par son désormais ex-mari. Un
procès historique
par son ampleur, mais aussi par sa résonance
hors de la salle d’audience.
Après le verdict rendu le 19 décembre, Dominique Pelicot, l’organisateur des viols de son épouse écopera de la peine la plus lourde devant la cour criminelle : vingt ans de réclusion. Quarante-trois autres accusés resteront ou retourneronnt en prison. Six accusés ressortiront libres du tribunal.
Que dit ce procès de l’acceptation des violences sexuelles par notre société ? Comment mieux juger, mieux protéger les victimes ? Dix avocates, dont ces affaires sont le quotidien, en ont débattu sur notre plateau.
LVMH interdit de nous parler, Mediapart parle des interdits de LVMH
Événement Mediapart
Du haut de ses 75 marques (Louis Vuitton, Christian Dior, champagne Moët & Chandon, Sephora…), le géant du luxe LVMH a pris une place jamais vue dans l’économie française. Emprise sur les politiques,
notamment Anne Hidalgo
et la mairie de Paris,
exploitation des salarié·es, main basse sur de grands médias… Bernard Arnault nous a même mis sur la liste des médias auxquels ses salarié·es ont « interdiction absolue de parler ». Cela fait déjà plusieurs mois que la firme ne daigne plus répondre aux demandes d’entretien de Mediapart.
Qu’à cela ne tienne, le samedi 16 novembre, Mediapart
a invité
ses lecteurs et lectrices à La Cité Fertile de Pantin pour décortiquer une journée durant l’envers du géant du luxe.
Scientifiques en rébellion : « Pour le climat, nous désobéissons »
Émission spéciale
Alors qu’un nouveau sommet se tient en Azerbaïdjan (la COP29), où les grands dirigeants
se font remarquer par leur absence, où la répression
menace les activistes
et où les lobbyistes n’ont jamais autant
infiltré les négociations, Mediapart choisit de donner la parole aux climatologues, spécialistes des écosystèmes et planétologues. Lors d’une émission spéciale, ils et elles documentent chaque jour l’aggravation de la crise climatique; mais disent aussi qu’elle n’est pas inéluctable, à condition de tout changer dès maintenant.
La justice internationale demande l’arrestation de Nétanyahou
Wanted
Jeudi 21 novembre, la Cour pénale internationale émet des mandats d’arrêt contre Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant, premier ministre et ministre de la défense d’Israël (ainsi que contre Mohammed Deïf, chef de la branche armée du Hamas, présumé mort).
C’est un « tournant majeur » et un « coup important » porté à Israël, sa diplomatie, son économie et son armée. Une semaine plus tard, en échange d’une place sur la photo des négociations autour d’un éphémère cessez-le-feu au Liban, la France invoque l’« immunité » dont disposerait Nétanyahou pour ne pas faire appliquer ce mandat d’arrêt sur le territoire français.
Flore Benguigui, ex-chanteuse de L’Impératrice : « J’étais complètement sous emprise »
#MusicToo
La chanteuse, autrice et compositrice révèle les raisons de son départ du groupe mondialement connu. Flore Benguigui brise aussi un tabou : dans un environnement qu’elle décrit comme étant fait de sexisme ordinaire et d’humiliations, elle a fini par perdre son principal outil de travail : sa voix.
Alors que la production de films documentaires est foisonnante, la question de leur visibilité sur les écrans est plus difficile. C’est pourquoi Mediapart diffuse chaque samedi un film documentaire, disponible pour nos abonné·es durant quatre semaines. Au cœur du journal, c’est un espace ouvert à d’autres narrations, d’autres temporalités, d’autres images du monde.
Jumbo/Toto, histoires d’un éléphant
Documentaire
Repéré en festival, le film diffusé samedi 30 novembre s’intitule
Jumbo/Toto, histoires d’un éléphant, de Noëlle Pujol : une exploration filmique d’une grande invention sur les traces d’un éléphant mythique au début du XXe siècle, capturé dans une colonie allemande en Afrique, avant d’être expédié en Europe sur fond de poussée des fascismes…
Les liens cachés d’un géant de l’investigation avec le gouvernement américain
Journalisme
Mediapart a travaillé conjointement avec quatre autres médias, Drop Site News (États-Unis), il Fatto Quotidiano (Italie), Reporters United (Grèce) et NDR (Allemagne) pour révéler que le plus grand consortium de journalistes d’investigation du monde, l’OCCRP, entretient un lien de dépendance inattendu avec l’administration états-unienne. Le gouvernement américain fournit, jusqu’à aujourd’hui encore, la moitié du budget de l’ONG journalistique. Les États-Unis ont même un droit de veto sur les dirigeants de l’OCCRP, qui ne peut pas enquêter sur les États-Unis avec l’argent que lui verse la première puissance mondiale, tandis que certains financements sont fléchés vers des pays ennemis de la diplomatie américaine.
Le gouvernement Barnier renversé, la Ve République à l’arrêt
Motion de censure
Trois mois et puis s’en va. Ce mercredi, l’Assemblée censure le gouvernement de Michel Barnier, qui venait d’engager sa responsabilité en choisissant d’adopter son budget via l’article 49-3. Trois mois où il a choisi le déshonneur de se mettre dans la main de l’extrême droite et de tenter de négocier avec le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen une loi de finance austéritaire, pour finir par connaître malgré tout la chute, une première dans l’histoire de la Ve République depuis 1962.
Le chaos politique vient donc s’ajouter au chaos social, et tous les ingrédients sont réunis pour un cocktail explosif, titre de notre émission spéciale de la veille de ce jour historique, où Mediapart a choisi de donner la parole aux principales victimes de l’inconséquence politique en cours : les salarié·es qui se battent contre les licenciements qui se multiplient à travers la France (lire notre dossier), alors même que la chute du gouvernement montre combien, ainsi que l’argumente Romaric Godin, un compromis démocratique avec le capital s’avère impossible.
Désormais, comme l’écrit Laurent Mauduit dans nos colonnes, « on devine déjà les candidats qui rêvent d’incarner le présidentialisme de demain. Alors que c’est d’une autre issue que le pays a assurément besoin. » Et d’appeler à « sortir une bonne fois pour toutes de “l’exercice solitaire du pouvoir” » et à changer de République, l’un des combats éditoriaux historiques de Mediapart…
Il aura fallu seulement une semaine pour renverser complètement une situation militaire et politique gelée depuis 2018, lorsque le régime syrien avait repris la Ghouta, principale poche rebelle dans la banlieue de Damas, après s’être assuré, en 2016, du contrôle d’Alep, avec le soutien de l’aviation russe et du Hezbollah libanais. Dans la nuit du 7 au 8 décembre, le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), à la manœuvre depuis dix jours, a annoncé sur Telegram : « Nous déclarons la ville de Damas libérée du tyran Bachar al-Assad. »
Partie de son bastion d’Idlib dans le nord-ouest du pays, la rébellion a conquis Alep, seconde ville du pays le 1er décembre, puis Hama, cité symbole de la dictature du clan Assad, le 4 décembre, trois jours avant de prendre Homs, ville pourtant censée être la principale ligne de défense de la capitale syrienne.Une avancée aussi rapide montre que ce n’est pas seulement l’armée du régime, mal payée et démotivée, qui s’est effondrée subitement, mais que c’est tout un pays qui n’attendait que l’occasion de voir disparaître la dictature des Assad – le père Hafez de 1970 à 2000, puis le fils Bachar pendant presque un quart de siècle.
Dans Damas à peine débarrassée de ce régime sanguinaire, les tirs de joie ne s’arrêtent jamais, et la priorité des Syriens est de retrouver leurs proches disparus ou emprisonnés. À la prison lugubre de Saidnaya, des voix se font entendre, venant de cellules non encore libérées… Centre d’extermination du régime Assad, elle incarne système carcéral mis en place par un clan sanguinaire, qui avait fait des geôles son outil de répression central.
Malgré la censure de Michel Barnier, Emmanuel Macron n’entend pas changer de cap ni d’alliances politiques. Après moult hésitations, il a chargé François Bayrou de former un gouvernement capable de tenir jusqu’à l’été, en espérant la bienveillance d’une partie de la gauche. Hier chantre de la lutte contre les atteintes à la probité, le nouveau premier ministre a multiplié les déclarations polémiques en défense de mis en cause dans des affaires politico-financières. Il est personnellement toujours sous la menace d’un procès en appel dans l’affaire du MoDem. Après une première semaine très laborieuse, il finit par former un gouvernement dix jours après, à la veille de Noël, formé essentiellement de revenants (Elizabeth Borne, Manuel Valls, Gérald Darmanin)…
Après le passage du cyclone Chido, les manquements de l’État, incapable de répondre aux attentes des habitants de Mayotte, sont criants. Les victimes pourraient se compter par centaines, voire par milliers, a prévenu le préfet. Tous les réseaux sont touchés : eau, électricité, téléphone, routes… Les risques étaient pourtant connus. La fin de l’année sera consacrée à la couverture de cette crise, difficile à documenter sur place et à distance.
110 podcasts, 52 films, 45 romans, 39 pièces de théâtre, 38 expositions, 11 émissions spéciales, deux génériques… Après trois années placées sous l’égide d’un rajeunissement et d’une féminisation de la parole critique, le podcast culturel de Mediapart, « L’esprit critique », entame une quatrième saison dans un studio tout neuf, avec la volonté de s’ouvrir à de nouveaux champs : BD, stand-up, jeux vidéo…
L’année a été rude, souvent perturbante, mais ponctuée de vives éclaircies. Les droits démocratiques ont reculé en France, et hélas, encore plus ailleurs. Bien heureusement, les résistances se sont multipliées avec tout autant d’énergie. Résistances féministes, écologistes, anti-racistes, etc. provenant de collectifs, d’artistes, d’élu·es…
Des glaciers aux quartiers populaires, en passant par la Nouvelle-Calédonie/Kanaky. Et à l’international, de Gaza à la Russie. Le Club a fourmillé de toutes ces voix, vaillantes et créatives, de la contestation bruyante aux mini-sabotages numériques.
En voilà un florilège, aussi divers par ses thèmes que ses expressions pour ne jamais céder au fatalisme, et encore moins à l’abattement.
Girose, défendre le glacier de La Grave
Mobilisation écolo
Récit dessiné d'Alessandro Pignocchi, participant de l'expédition de cet automne en défense du glacier de la Grave contre la construction d'un 3ème tronçon de téléphérique.
Résistances féministes aux impérialismes et aux guerres
Féministes en fight
L’Assemblée Féministe Transnationale s’est réunie le 27 janvier 2024, autour d’une table ronde et de groupes de travail, pour la première rencontre d'un cycle « Féminisme, guerres et impérialisme ». Voilà ce que nous en retenons.
Oleg Orlov, dissident russe et co-président de Memorial : « Je n’ai commis aucun crime »
Russie
Alors qu'Oleg Orlov a été condamné à deux ans et demi de prison ce 27 février, nous publions son « dernier mot » prononcé lors de son procès. « Je suis jugé pour un article dans lequel j’ai qualifié le régime politique établi en Russie de totalitaire et de fasciste. Certain·es pensaient que j’exagérais. Aujourd’hui, il est évident que je n’exagérais pas. L’État contrôle à nouveau non seulement la vie sociale, politique et économique, mais revendique un contrôle total sur la culture, la pensée scientifique, envahit la vie privée. »
Guerre ou paix ? Un faux dilemme dans la polémique autour de la question ukrainienne
Ukraine
En l'absence des conditions pour des négociations, parler d'un cessez-le-feu immédiat comme l'alternative au soutien militaire, ce ne sont que des mots vides destinés au public français dans le cadre de la campagne électorale. Faute d'autres options réalistes, la solidarité concrète exige la poursuite de l'aide militaire à l'Ukraine.
Mauvais présage à Rafah : « Quelqu'un a-t-il des nouvelles des voisins ? »
Gaza
Ces deux dernières nuits, des drones ont survolé Rafah, occupant le ciel et l'espace, avec leur bruit, un bruit affreux, de l'aube au coucher du soleil, sans arrêt. C'est le bruit de la mort et de l'agonie. La connexion mobile est très faible, mais elle s'améliore de minuit à 6 heures du matin. J'ai chargé les messages du groupe de voisins WhatsApp, qui était rempli de discussions. Je les ai parcourus : « Quelqu'un a-t-il des nouvelles des voisins ? »
« Il n’y a pas d’ultramarins, il n’y a que des peuples-nations encore sans État », écrit l’écrivain martiniquais et caribéen Patrick Chamoiseau qui appelle, au nom de la politique de la Relation promue par Édouard Glissant, à une « éthique d’un nouveau vivre-ensemble ».
Entendre la volonté des habitant·es d’habiter autrement
Quartier
Fin 2022, la rencontre d’acteur•ices de l’habitat, d’habitant·es des quartiers populaires, de membres de la Coordination Pas sans Nous et d’Habitat Participatif France, a permis d’initier une réflexion commune sur d’autres manières d’habiter.
Les Jeux Olympiques et Paralympiques, médaille d'or des discriminations
JO
Antivalidistes, nous avons mille raisons de dénoncer les conséquences des Jeux Olympiques et Paralympiques. Les Jeux servent de prétexte pour un « nettoyage social » des plus vulnérables. Les belles promesses d’accessibilité universelle ne sont pas tenues mais font joli dans la communication. Et les Jeux Olympiques Paralympiques sont médaille d’or de stéréotypes validistes.
Le rôle des communes, c’est aussi de faire vivre des espaces démocratiques
Élus locaux
Alors que les enjeux entourant la gestion de l’eau ont atteint un niveau de tension inégalé et suscité des usages violents disproportionnés de la force publique, des maires de communes et élu·es disent leur soutien à l’équipe municipale de Melle quant à son choix d’accueillir le Village de l’eau. Ils invitent à « oser ouvrir des espaces de dialogue, puis de co-construction, sans quoi les tensions politiques deviendront, demain, des tensions autrement plus violentes autour du partage effectif de la ressource essentielle à notre survie à toutes et à tous, l’eau. »
Législatives et femmes racisées : silenciation d’une minorité bruyante et puissante
Femmes racisées
Contre toute attente, le 7 juillet dernier, le NFP est arrivé en tête au second tour de ces élections législatives anticipées. Pourtant, cette campagne électorale éclair, menée contre l’extrême droite, traduit l’échec politique et idéologique de la gauche. Des femmes racisées m'ont raconté la façon dont elles l'ont vécue.
Combats féministe et écologique : quelle place pour la justice après le procès Mazan?
Stratégie post Mazan
Alors que le procès de Mazan secoue la France entière, la question de la place de la justice dans les stratégies de combats progressistes peut se poser. Il est alors éclairant de dresser un parallèle entre l’utilisation de l’outil judiciaire dans les luttes féministes et dans les luttes écologistes.
Les nouveaux saboteurs : ces travailleurs qui font dérailler le capital numérisé
Sabotage numérique
Exit le sable dans les engrenages, place aux bugs et aux tableaux Excel trafiqués. Une quinzaine d'acteurs du capitalisme numérique, du développeur au DRH, révèlent leur guérilla silencieuse.
Le pôle Central d'édition de Mediapart : Stéphane Alliès, Armel Baudet, Sébastien Calvet, Lisa Castelly, Géraldine Delacroix, Jean‑François Demay, Christophe Gueugneau et Donatien Huet
Le Club de Mediapart : Sarah Bosquet, Guillaume Chaudet-Foglia, Livia Garrigue et Sabrina Kassa
Correction
Alexandra Buisseret, Clémentine Granier, Camille Monnier et Bertrand Rouziès