L’activiste américaine Sarah Schulman, figure d’Act Up New York, publie un livre hybride, à la fois tombeau pour les morts du sida, ode aux figures évincées d’un New York ripoliné et réflexion inégale sur la gentrification du monde.
En étudiant, à travers ses étranges archives, l’itinéraire d’un savant des Lumières à la méthodologie inédite et à la théorie bancale, le sociologue Jean-François Bert rend compte de la matérialité avec laquelle se fait et se défait la science.
1 200 pages × 2, et ce n’est qu’un début : de quoi accueillir la prose du monde. Chronique des sentiments, d’Alexander Kluge, est le plus beau des calendriers de l’avent – et de l’après : un kaléidoscope de courts récits, autant de fenêtres ouvertes sur le monde.
Quatre tomes d’un manga, autour d’un argument mince en apparence : l’histoire d’une de ces gargotes ouvertes toute la nuit qui accueillent une clientèle des plus diverses. Dans La Cantine de minuit, de Yarô Abe, chaque histoire se noue autour d’une nuit et d’un plat. Succulent.
Après l’ours et le cochon, le bestiaire de l’historien Michel Pastoureau s’enrichit d’un nouvel hôte. Nombre des fauves légendaires évoqués ici nous sont déjà familiers, de la louve romaine à Ysengrin, du dévoreur de mères-grands au Blitz Wolf de Tex Avery, mais le livre et sa riche iconographie réservent encore de jolies surprises. Idéal pour raconter des histoires au coin de l’âtre en faisant griller des marrons.
L’écrivaine Leslie Kaplan, qui a vécu Mai-68 dans une usine occupée à Lyon, considère que les « gilets jaunes » ont pris le relais, de façon populaire et autogérée, d’une volonté de changer la vie qui ne se laissera pas acheter par le pouvoir.
Lire Robinson Crusoé dans la Pléiade (sous l’édition de Baudouin Millet), c’est l’occasion de découvrir la seconde partie de l’œuvre de Defoe, si rarement lue, et de remarquer sa parenté avec L’Ingénieux Don Quichotte de la Manche, de Cervantès et Le Voyage du pèlerin, de John Bunyan. Le livre prend ainsi une autre dimension, qui dépasse la confession d’un vagabond des mers et laisse le lecteur étourdi par sa profondeur.
Dans son roman paru l’an dernier, Des châteaux qui brûlent, Arno Bertina campait une sédition polyphonique et spontanée d’exclus s’en prenant violemment au pouvoir. Une avant-garde des « gilets jaunes » ? Entretien littéraire et politique.
Jim Harrison, grand romancier et poète, pêcheur à la mouche, scénariste, escaladeur des cimes, amoureux des grands espaces sauvages, autant d’airs connus. Mais sa plume a aussi gouleyé dans la critique gastronomique et Un sacré gueuleton, qui rassemble pour la première fois ses chroniques, nous invite à une ripaille à nulle autre pareille, une formidable dégustation de la vie.
Moins que la guerre du Yémen, ce sont les voix du Yémen qui demeurent cachées ou oubliées. Ainsi l’entreprise de traduction depuis l’arabe de textes d’intellectuels yéménites portée par l’anthropologue Franck Mermier est-elle salutaire.
Entretien avec le prix Goncourt 2018, écrivain de la France des « oubliés » et auteur de Leurs enfants après eux. Un roman « réaliste » qui fait écho à la mobilisation actuelle.
On associe fréquemment leurs noms. Outre qu’ils sont deux des grands romanciers israéliens d’aujourd’hui, ils appartiennent à un « camp de la paix » de plus en plus fragile. Avec d’autres, ils résistent à la « paralysie » qu’évoque David Grossman dans les interventions du recueil Dans la maison de la liberté, et à la « torpeur hypnotique » que déplore Oz dans Chers fanatiques.
Alors que Trump tweete sur des vins français « excellents » mais déloyaux et que le Beaujolais nouveau arrive dans les bars ce jeudi, la journaliste Ixchel Delaporte a mené l’enquête sur la face cachée des châteaux bordelais.
Don Winslow est considéré comme le plus grand des écrivains américains travaillant sur la drogue et les narcotrafiquants. De passage à Paris, l’auteur de La Griffe du chien et de Cartel décrypte le fonctionnement des cartels les plus dangereux et dénonce l’incurie des politiques.
Emprisonné pour « propagande terroriste », Selahattin Demirtaş, leader du parti pro-kurde HDP, plante avec humour l’importance du combat politique, et décrit l’horreur vécue par certaines de ses compatriotes.