Les textes de Jean Meckert ne sont pas sans lien avec le virage à gauche du polar qui marque en France les années 1970 et 80. De ce néo-polar au roman social, il reste une référence pour ceux qui s'obstinent à penser que le monde du travail ne doit pas être tenu à l'écart de la littérature.
À la rentrée littéraire 2017 paraissait Le Presbytère, un premier roman très singulier, construit à partir d’audiences de procès ayant trait à des abus sexuels commis dans les années 1970. Mais au-delà des faits et de leurs enjeux sociologiques, son auteure Ariane Monnier saisit par la puissance de son écriture, tout en retenue et en délicatesse. Article, entretien, extraits.
L’auteur algérien, qui publie Le Livre d’Amray aux éditions Zulma, compose un chant poétique et nostalgique, et explore les douleurs du passé. L’art apparaît comme l’échappatoire à toutes les horreurs qui ont assailli la terre algérienne, jamais évoquée nommément.
Jean Meckert n'est pas l'homme des choix faciles. C'est en pleine Occupation qu'il décide, après les bonnes critiques de ses deux premiers romans parus dans la collection blanche de Gallimard, de ne vivre que de sa plume. Mais dès 1950, Meckert constate que « dans ce monde fermé [de la littérature], on ne peut entrer qu'en courbant l'échine ».
Un livre gorgé de rage et d’amour nous invite à un exercice de fiction spéculative : les révolutions de 2011 ont réussi et ont semé la révolte au-delà de leurs frontières. La France a basculé dans l’insurrection et renversé le pouvoir en place. Dix ans après, où en sommes-nous ? Bâtir aussi raconte un futur possible de nous-mêmes.
Jean Meckert serait aujourd’hui presque totalement inconnu sans le travail des éditions Joëlle Losfeld, qui ont réédité dix ans après sa mort six titres de cet écrivain prolifique. Prolétaire et fier de l’être, anar de conviction de cœur et de vie, Meckert n’a pas pris une ride.
Dans la bande dessinée Morts par la France, Pat Perna et Nicolas Otero, tandem journaliste-dessinateur, retracent l’enquête de l’historienne Armelle Mabon sur le massacre de Thiaroye, au cours duquel des centaines de tirailleurs africains ont été fusillés par l’armée française le 1er décembre 1944. Indispensable.
Avec son dernier roman, Elsa Osorio embarque le lecteur dans une enquête haletante, qui ravive la mémoire tragique de la dictature militaire en Argentine.
Peu connue en France en dehors d’un cercle d’inconditionnels, Natalia Ginzburg, romancière italienne, essayiste et auteure d’un poème magnifique (Memoria, sur la mort de son époux Leone Ginzburg, tué par la Gestapo à Rome), possède une voix d’une clarté exceptionnelle. Peut-être la réédition des Petites Vertus permettra-t-elle sa (re)découverte.
Un recueil d’entretiens, Le Courage de dire non, donne à entendre la voix singulière de l’écrivain italien Mario Rigoni Stern, survivant des camps de travail nazis, chantre de la montagne et de ses habitants. « Je suis resté pour raconter ce dont j’ai hérité, ce que j’ai écouté et ce que j’ai vu, ce que je vois et ce que j’éprouve », expliquait-il.
Les Belhoumi incarnent à merveille les familles algériennes venues en France dans les années 1970. Le sociologue Stéphane Beaud a écouté cinq ans durant, entre 2012 et 2017, la fratrie et les parents lui raconter leur vie de ces trente dernières années. Le récit foisonnant et entraînant grave dans la banalité leur destin dans l’histoire française.
Dans son dernier ouvrage, le philosophe Jacques Rancière repose les conditions d’une politique pour le temps présent qui puisse échapper autant à la « gestion experte du présent », à « l’optimisme officiel », au « catastrophisme ambiant » qu’au grand récit de la « nécessité historique ». Entretien.
Si la traduction est un « savoir-faire avec les différences », penser ce que sera la traduction dans un futur proche ou lointain est nécessaire pour imaginer de quoi notre monde sera fait, et pour chercher à « compliquer l’universel » face aux enracinements identitaires comme aux nivellements globalisants.
Pour Emmanuel Todd, l’humanité se trouve face à une mutation anthropologique dont l’ampleur est inaperçue, voire déniée. Les outils de la démographie permettent-ils de prendre la mesure d’un « après-demain » fait de ruptures, de divergences et de fragmentations ? Entretien.
Les poètes syriens ont joué un rôle essentiel dans l’histoire de la modernité de la poésie arabe contemporaine, élaborant des territoires poétiques nouveaux. Ils restent pourtant méconnus. C’est tout l’intérêt de l’anthologie de Saleh Diab, Poésie syrienne contemporaine, de nous les faire découvrir.
Dans La Vie brève de Jan Palach, celui qui écrit n’a pas oublié le 21 août 1968 et l’invasion de la Tchécoslovaquie, ni ce qui a précédé cette date – un printemps –, ni ce qui a suivi jusqu’en 1989 – des silences, des humiliations, la répression. En janvier 1969 a lieu l’immolation par le feu de Jan Palach. Anthony Sitruk, dans un récit-enquête parfois proche du roman, raconte l’histoire de cet homme.