Coincée par la tonalité libérale du projet de loi sur le travail, la droite n’avait pas grand-chose à redire sur le fond de la réforme. Face au pouvoir qui a définitivement annexé son territoire, l’opposition critique, mais seulement pour la forme.
Pour battre Nicolas Sarkozy à la primaire, Alain Juppé adopte une stratégie de campagne qui ressemble à s’y méprendre à celle qu’avait élaborée François Hollande en 2012.
La mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bygmalion est officiellement un non-sujet pour ses adversaires à la primaire. Inutile de l’attaquer sous cet angle, arguent-ils, persuadés que l’ex-chef de l'État est déjà « cramé » politiquement.
Nicolas Sarkozy voulait profiter du conseil national de LR (ex-UMP) pour asseoir son autorité et éviter qu’Alain Juppé ne creuse davantage l'écart. Cette opération de la dernière chance a viré court. Et l’ex-chef de l’État n’a pu que constater, impuissant, que ses anciens alliés ne l’écoutaient plus. Trop occupés qu’ils sont à lui cogner dessus.
Contrainte, par souci de cohérence, à voter la réforme constitutionnelle prévoyant l’état d’urgence et la déchéance de nationalité, la droite s'organise en coulisses pour éviter d'offrir une victoire politique à François Hollande.
La fin des régionales a lancé le coup d'envoi de la primaire de 2016. Deux lignes idéologiques et une multitude de candidats s'affrontent. Mais les hostilités se cristallisent déjà autour d'un homme jugé responsable de la percée du FN, dessinant peu à peu les contours du futur match : ce sera Nicolas Sarkozy contre le reste de la droite française.
Passés les louvoiements, la droite affiche un « soutien sans réserve » au gouvernement. Mais cette unanimité a eu du mal à s’enclencher. Face à une gauche qui reprend ses propositions et un FN dans la surenchère, l’opposition cherche encore son équilibre.
Profitant de la démobilisation de l’électorat de gauche, les élus locaux jouent la carte des valeurs, en insistant sur la famille et la responsabilité individuelle. Mais la droite reste encore lourdement handicapée par Nicolas Sarkozy, son Kärcher et ses obsessions identitaires.
Le Parti radical a annoncé, jeudi 29 octobre, avoir exclu de ses rangs Rama Yade. Persuadée qu’il s’agit d’une « intox » destinée à l’écarter des listes LR-UDI pour les régionales, l’ancienne secrétaire d’État de Nicolas Sarkozy conteste cette décision, qu’elle estime prise en dehors de tout processus statutaire.
Nadine Morano, Rachida Dati, Patrick Buisson, Claude Guéant, Emmanuelle Mignon… Ils ont tous incarné, chacun à leur manière, quelque chose du sarkozysme, avant de finir par « trahir » l’ex-chef de l’État. Passage en revue de ces amis devenus des bombes à retardement.
Il voulait transformer l’UMP en « une armée », métamorphoser les élus en sarkozystes convaincus, devenir « le meilleur rempart au FN » et prendre le parti comme bouclier pour se protéger judiciairement. Un an après son retour, aucun des objectifs fixés par Nicolas Sarkozy n’a été rempli. Panique à bord.
Pendant trois jours, alors que les ténors de LR (ex-UMP) se contentaient de se désolidariser des propos de Nadine Morano sur « la race blanche », les centristes, alliés aux modérés du parti, s’activaient en coulisses pour lui retirer son investiture aux régionales. Nicolas Sarkozy a fini par céder.
Toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus haut, à moins que ce ne soit toujours plus bas : la double approche des régionales et de la primaire lance les ténors de la droite dans une foire aux surenchères. De Christian Estrosi à Xavier Bertrand, en passant par Nicolas Sarkozy, le campus des “Jeunes Républicains” qui s’est tenu au Touquet marque même une rupture dans la course à l’extrême droite.
On nous avait promis un grand rassemblement, des travaux de fond en comble et des propositions novatrices destinées à préparer l’alternance en 2017. On se retrouve avec des querelles d’égos, un parti morne et des idées recyclées. Un an après le retour de Nicolas Sarkozy, la droite attaque sa rentrée en redoublant son année.
Tout compte fait, Nicolas Sarkozy est logique avec lui-même. N’ayant pas vraiment perdu en 2012, selon son entourage, et ayant réussi son retour, selon lui-même, il lance dans Valeurs actuelles son programme pour les prochaines années : « Je pense qu’en disant la vérité, on crée la confiance. »