Il y a deux mois, Pierre Moscovici paraissait défendre mordicus l'innocence de Jérôme Cahuzac. Aujourd'hui, le ministre de l'économie est sous le feu des questions, en raison de son rôle dans l'utilisation des moyens de l'État pour la défense de l'ancien ministre du budget. Auprès de Mediapart, il assure avoir été instrumentalisé.
En une courte intervention enregistrée et diffusée à la mi-journée, le président a tenté de clore l'affaire, et a indiqué que, finalement, c'était à sa demande que Jérôme Cahuzac avait démissionné, tout en annonçant la mise en œuvre imminente de trois mesures contenues dans son programme.
En déplacement à Marseille, le ministre a plaidé pour la possibilité de votes de défiance envers des maires ou des présidents de collectivités locales. « La VIe République aurait dû conduire le président du conseil général des Bouches-du-Rhône à démissionner depuis bien longtemps », a-t-il affirmé.
Derrière le mensonge d'un homme, une crise politique qui s'entrouvre. Derrière l’écœurement de ses anciens amis floués, une interrogation qui demeure : que savait le président ? Dans un contexte de rigueur et de recentrage idéologique du pouvoir, les socialistes sont sonnés par l’aveu de Cahuzac.
Notre dossier: Hollande, la fin dès le début
— Analyse
Mediapart a retrouvé l’origine du « cap » élyséen exprimé jeudi soir sur France 2. Ce fameux « hollandisme » était déjà tout entier contenu dans un ouvrage de Max Gallo publié en 1984, « discuté et enrichi » par le jeune énarque François Hollande. Retour vers le futur, où l'on voit déjà érigé le « bricolage pragmatique » en référence de gouvernement.
Élus frontistes applaudis par des députés UMP, amendements cosignés, manifestations communes, « accords » locaux réclamés par le FN. Si les leaders des deux partis refusent toute alliance, le retour au pouvoir de la gauche ravive chez certains l'idée d'une union de toutes les droites.
Après avoir soutenu durant des semaines Jérôme Cahuzac, le ministre de l'économie Pierre Moscovici s'en démarque désormais plus ou moins subtilement. Au risque d'être mis face à ses précédents propos. Les journalistes ont aussi retrouvé des sources mettant en cause l'ex-ministre du budget.
Notre dossier: Sarkozy, de l’affaire Bettencourt à l’affaire Bismuth
Depuis la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour « abus de faiblesse », l’UMP multiplie les attaques virulentes à l'encontre des magistrats. La scène politique française se rapproche de la situation en Italie, où droite et juges s'affrontent depuis vingt ans.
La manifestation de dimanche contre le mariage pour tous a été transformée par l'UMP en mobilisation contre la politique du gouvernement. Des centaines de milliers de personnes ont défilé à Paris: le «peuple de droite», selon des ténors UMP, mais aussi des militants de l'extrême droite la plus radicale.
Au terme de son congrès, le Parti de gauche co-présidé par Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard a donné une impression différente de celle d’un parti cadenassé. Et a permis d’entendre certaines critiques en son sein.
C'est, assure-t-il, le moment du parler « cru et dru ». Jean-Luc Mélenchon a profité du congrès de son Parti de gauche (PG), ce week-end à Bordeaux, pour durcir encore le ton face au PS. Objectif : se positionner sur l'euro et mettre la pression sur le PCF avant les municipales et européennes de 2014.
Les députés UMP sont étonnamment cléments depuis le début de l'affaire. Sans doute parce que Jérôme Cahuzac incarnait l'aile droite du gouvernement. Mais aussi parce que les révélations viennent d'un journal qu'ils connaissent trop bien, et que les juges qui vont instruire ce dossier travaillent déjà à des affaires les concernant.
Figure du PS dans les quartiers Nord, la députée Sylvie Andrieux, jugée en correctionnelle pour détournements de fonds, sait son secteur crucial pour les municipales à Marseille en 2014. En campagne permanente, elle est déterminée, condamnée ou non, à continuer à peser dans le jeu politique local, mobilisant réseaux et affidés.
Le bureau national du PS a voté mardi la mise sous tutelle de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, complètement bloquée par les dissenssions internes. L'enjeu : l'organisation ou non de primaires à Marseille à l'automne.
Jamais depuis son élection, le président de la République ne s’était exprimé sur l’attitude qu’il prônerait en cas de mise en cause judiciaire d’un ministre. Il a fini par trancher.
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