Divisé sur les mesures à prendre face à la recrudescence épidémique, l’exécutif sombre dans une communication erratique, qui peine à masquer ses contradictions.
Le couvre-feu va s’appliquer à 18 heures sur l’ensemble du territoire, pendant au moins deux semaines. Pris en étau entre les inconnues du virus et ses propres dysfonctionnements, l’exécutif tente de rattraper son loupé sur le démarrage de la campagne de vaccination. Un œil sur ses voisins européens, l’autre sur la présidentielle de 2022.
Le nouveau conseiller « mémoire et citoyenneté » de la ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants appartient aussi au « gouvernement » du mouvement République souveraine, fondé par l’ex-Insoumis Djordje Kuzmanovic. Contre la macronie, ses politiques et ses fondements.
Sur les violences policières, les libertés fondamentales ou encore l’urgence climatique, Emmanuel Macron a tenté, vendredi, de défendre son action politique, en concédant quelques menues choses et en attaquant directement ceux qui le critiquent. Ce faisant, il a surtout réussi à nourrir de nouvelles colères.
Les manifestations massives de samedi n’ont suscité aucun commentaire du pouvoir sur le fond des revendications. À peine certains ont-ils concédé la nécessité de retravailler l’article 24 de la loi sur la « sécurité globale » et de plancher sur de nouvelles propositions pour recréer de la « concorde ». Tout en continuant de dénier la nature du problème.
Les deux hommes forts du dispositif imaginé par Emmanuel Macron sont mis en difficulté. Mais plutôt que de s’interroger sur ses choix politiques, le président de la République laisse faire. Et relativise.
Pour comprendre comment l’enfant chéri de la bourgeoisie libérale et progressiste a fini par imiter les logiques sécuritaires, autoritaires et identitaires des leaders qu’il critiquait jadis, une chronologie s’impose.
Jeudi soir, le chef du gouvernement a mobilisé quatre ministres et plus d’une heure d’antenne pour annoncer qu’il n’annoncerait rien. Les règles du confinement restent les mêmes jusqu’au 1er décembre. Et hormis une éventuelle réouverture des commerces, rien ne changera après cette date.
Matignon a confirmé mardi vouloir « faire évoluer » l’Observatoire de la laïcité et renouveler son équipe. En liant le sort de cet organisme à l’assassinat terroriste de Samuel Paty, l’exécutif donne raison aux identitaires et mélange tous les sujets.
Renforcement du projet de loi contre le « séparatisme islamiste », retour de la loi Avia, changements envisagés à la tête de l’Observatoire de la laïcité… Après l’assassinat de Samuel Paty, le président veut donner à voir des actes « concrets », quitte à sombrer dans le confusionnisme.
Des professionnels de santé aux membres du gouvernement, rares sont ceux à comprendre la façon dont est gérée la crise depuis la rentrée. Alertes ignorées, consultations bâclées, défiance généralisée... « On est en train de créer un problème de nature politique et démocratique qui menace l’avenir du pays », estime l’ancien directeur général de la santé William Dab.
Le président de la République s’est exprimé, vendredi 2 octobre, sur le « séparatisme islamiste ». Cherchant un équilibre pour éviter « le piège de l’amalgame », il a toutefois cédé aux pressions de ceux qui souhaitaient voir ce sujet porté à l’agenda. En ouvrant un boulevard aux crispations identitaires.
À défaut de contrecarrer les revendications écologistes sur le fond, le chef de l’État et ses soutiens tentent de les délégitimer sur la forme, en multipliant les sarcasmes. Dernier épisode en date : les opposants à la 5G taxés d’« Amish » par Emmanuel Macron.
Questions identitaires, politique du chiffre, coups de menton… Avec Darmanin à l’Intérieur, Macron recycle les vieilles recettes de Sarkozy. Le chef de l’État espère ainsi occulter la crise sociale et ravir l’électorat de droite. Au risque de cliver davantage la société.
L’estimant « menacée » par des « forces obscurantistes » et « séparatistes », le chef de l’État a livré sa vision de la République, vendredi, au Panthéon. Une approche conservatrice qui a tout pour satisfaire son nouvel électorat de droite.
Trois semaines après avoir changé de premier ministre, Emmanuel Macron a finalement annoncé la liste des onze secrétaires d’État qui compléteront l’équipe pléthorique de Jean Castex. Six nouvelles têtes, pas de surprise.