Marie Cosnay a récemment traduit L’Énéide, une histoire de migrants sur la Méditerranée. Avec If, dont le récit se situe entre la France et l’Algérie, elle poursuit l’exploration de personnages entre deux rives. Entre fiction et documentaire, le texte prend la forme d’une enquête à la poursuite d’un homme disparu.
Il faut combattre mais aussi penser le coronavirus. Quatre chercheurs, historiens de la santé et des crises sanitaires, géographe ou philosophe, nous aident à le faire.
Deux livres écrits par des élèves de l’islamologue Gilles Kepel établissent, en dépit de biais idéologiques et de problèmes méthodologiques pour l’un d’eux, que la France est loin d’en avoir fini avec le salafisme et le djihadisme, qui se restructurent aujourd’hui dans les prisons françaises.
L’éviction du prince Harry et de son épouse Meghan de la « firme » – le nom qu’aime à se donner la maison royale britannique – apparaît métaphorique du darwinisme social induit par le Brexit : chacun pour soi et le fric pour tous !
La victoire historique de Boris Johnson aux élections législatives du 12 décembre 2019 clôt provisoirement le cycle politique du Brexit. Celui que les médias avaient surnommé « BoJo le clown » est devenu premier ministre. Une victoire qui doit beaucoup à son principal conseiller, Dominic Cummings, le stratège de la campagne du « Leave », désormais installé au cœur de la machine d’État britannique.
Depuis bientôt un an, les écrans des smartphones comme des chaînes d’information ont été envahis de foules en colère, de Santiago à Beyrouth en passant par Alger. Ce « peuple des images », à la fois surveillé et glorifié, constitue le sujet du festival Hors Pistes au Centre Pompidou.
« Papa », roman de Régis Jauffret, procède d’un renversement absolu de la posture d’écriture à laquelle l’auteur nous avait habitués, à laquelle il s’était lui-même habitué. Il lui a suffi de voir, à la télévision, en septembre 2018, un documentaire consacré à la police de Vichy et le visage terrorisé de son père, un jour d’été 1943. Une apparition.
Franck Riester incarne la vacuité dans une France sur les nerfs. Les forces de l’esprit et le pouvoir de l’imaginaire ont déserté, au profit d’un représentant de commerce qui se fait porter pâle. Fâcheux.
Les puissants n’ont pas de mots assez durs pour qualifier la méchanceté des réseaux sociaux : on ne peut plus rien dire, on ne peut plus rire de tout parce que les gens s’offusquent à tout bout de champ mais paradoxalement, ils ricanent aussi d’un rien. Le problème, ce n’est donc pas le rire mais bien davantage ses cibles.
Dans un entretien à Mediapart, l’ancien premier ministre Jean-Marc Ayrault dévoile le cahier des charges de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage, qu’il préside depuis novembre. Une nouvelle étape dans la récupération de ce passé douloureux en France.
Il a 29 ans, on sait très peu de choses de lui, sauf qu’il décide de quitter le domicile qu’il partage avec sa mère, de marcher tout droit jusqu’à s’effacer du monde. Dans La Longue Marche, le romancier turc Ayhan Geçgin s’attache à montrer que « résister au monde n’est peut-être pas si facile que ça ».
Dans son dernier livre, l’historien Johann Chapoutot montre comment la réflexion sur la conduite des hommes a été au cœur de la machine nazie, avant de trouver une reconversion après guerre. « Paradoxalement », note-t-il, des idéologues du IIIe Reich ont développé « une conception du travail non autoritaire, où l’employé et l’ouvrier consentent à leur sort et approuvent leur activité ».
L’inversion du stigmate est une technique de lutte bien connue des minorités ; c’est le principe de la Gay Pride. Le livre de Rebecca Makkai, qui raconte le sida dans le Chicago du milieu des années 1980, choisit une autre voie : prendre une population stigmatisée dans les filets d’un roman grand public pour en faire une histoire commune.
Dans un livre ambitieux, Abondance et liberté, le philosophe Pierre Charbonnier appelle à sauver le projet démocratique en le découplant de notre mode de vie destructeur. La tâche est immense, tant nos imaginaires et nos institutions ont été marquées par le pacte entre croissance et autonomie.
Depuis une trentaine d’années, le cinéaste Rithy Panh construit une œuvre-témoignage, une « proposition artistique », aime-t-il à dire : une vingtaine de films, des dizaines de milliers de photos, des livres. Rescapé du génocide perpétré au Cambodge par les Khmers rouges (1975-1979), il publie ces jours-ci son troisième texte, cosigné avec le romancier Christophe Bataille.
Si les réseaux sociaux sont devenus si populaires, explique la chercheuse américaine Sarah T. Roberts, c’est en se posant en supports d’une liberté d’expression sans limite. Cette promesse n’a jamais été tenue et la modération est devenue une industrie mondialisée.