Alors qu’un projet d’une filiale d'Auchan pour rénover la gare du Nord suscite la polémique à l’approche des municipales de Paris, entretien avec l’architecte Françoise Fromonot qui revient, dans un essai acéré, sur le méga-chantier des Halles, ou le récit d’une privatisation en douce du « ventre » de la capitale.
Le nouvel ouvrage de Nathalie Quintane, au titre doucement ironique – Les enfants vont bien –, est une suite de phrases qui fusent. Ce texte poétique s’élabore à partir de paroles recueillies dans les discours médiatiques, politiques et militants sur la situation des exilés et des réfugiés en France. Bouleversant.
Dans Vies oubliées, l’historienne Arlette Farge pousse à la limite la pratique de l’archive en livrant et commentant les « déchets » de ses recherches, à la fois reliquats et reliques. Elle fait ainsi revivre l’intimité du peuple du XVIIIe siècle et écrit une histoire aussi fragmentaire qu’universelle.
Il ne peut y avoir d’écologie sans destruction de la domination coloniale, plaide le philosophe Malcom Ferdinand. L’anthropologue Eduardo Viveiros de Castro ouvre la voie d’un « devenir-Indien » de la politique. Nouvel épisode de « Points de rupture », émission sur les livres de l’écologie, en partenariat avec la revue Terrestres.
Assiste-t-on à un « printemps des peuples » en automne ou les révoltes qui agitent plusieurs pays ne constituent-elles que des coïncidences, tant les situations sont singulières ? Réponse avec le philosophe Jean-Claude Monod, auteur de L’Art de ne pas être trop gouverné, qui étudie les « crises de gouvernementalité », hier et aujourd’hui.
Tri sélectif des essais sur le populisme parus cet automne. De qualité inégale, la plupart entretiennent la confusion conceptuelle qui entoure ce terme. L’Esprit démocratique du populisme, de Federico Tarragoni, se distingue par sa rigueur et son originalité.
Le 24 novembre 1989, le régime communiste s’effondrait à Prague, sous les yeux de notre reporter, revenu sur place 30 ans plus tard, pour poser la question inaudible par excellence : République tchèque, qu’as-tu fait de ta dissidence ?
Pourquoi les histoires de fin du monde se multiplient-elles ? Faut-il les lire comme les constats d’une course à l’abîme inéluctable ? Dans Fabuler la fin du monde, Jean-Paul Engélibert soutient au contraire que les fictions apocalyptiques constituent un appel à penser des formes alternatives de société.
Auteur de L’Art d’aimer, le critique de cinéma Jean Douchet vient de mourir. Maître incontesté de la cinéphilie contemporaine, « wellesien » de carrure, il a cru avant tout dans le présent de la vision et de la parole, privilégiant, dans les salles de cinéma, la transmission horizontale de sa passion auprès d’un nombre incalculable de spectateurs, qui lui doivent beaucoup.
L’usage récréatif de la génétique pose des questions scientifiques et éthiques. Débat entre deux spécialistes, l’une partisane d’une autorisation encadrée des tests ADN pour connaître ses « origines » géo-ethniques, l’autre défendant le maintien d’une interdiction stricte.
Héros et nageurs, écrit en 1992, est un livre merveilleux, le seul publié par Charles Sprawson, gentleman nageur. Tout à la fois réflexion anthropologique, historique et géographique, étude littéraire et picturale, son récit explore les rapports qu’entretiennent différentes cultures avec la baignade et s’attarde sur le besoin existentiel des « hydrophyles », des audacieux rêveurs que sont nageurs et plongeurs.
La séparation entre l’homme et l’œuvre est l’argument dégainé par les soutiens de Roman Polanski et de son film J’accuse, en salles ce mercredi. Ce distinguo est de plus en plus difficile à faire, et précisément dans le cas de Polanski. Pour l’universitaire et critique de cinéma Iris Brey, cette affaire révèle un tournant culturel.
Le sociologue Benoît Coquard, qui travaille sur les milieux ruraux et les classes populaires, publie un livre faisant voler en éclats les idées reçues sur les campagnes en déclin et le prétendu repli de ladite « France périphérique ». Un livre qui éclaire aussi le soulèvement des « gilets jaunes », un an après son déclenchement.
« Icebergs est une série de promenades », explique l’écrivain Tanguy Viel. L’occasion de faire un état des lieux : qu’est-ce qu’on fabrique avec la littérature aujourd’hui ? Un livre à lire illico, avant la fonte des glaces.
L’Ojibwé Richard Wagamese et le Cheyenne Tommy Orange font vivre la résilience profonde, l’héritage et la puissance enfouie mais vivace de leurs nations. Deux très beaux romans ancrés l’un dans la forêt, l’autre dans les bas quartiers urbains, écrits avec un lyrisme qui sublime une rage.
Né à Dresde en 1945, ville nichée depuis à l’Est, le pianiste Peter Rösel, qui n’avait pas joué en solo à Paris depuis 40 ans, a donné un récital exemplaire, salle Gaveau, le 7 novembre. Tel un fantôme bienveillant de la malveillante RDA.