Les premières indications chiffrées, tant de la police que des syndicats, montrent que la journée d'action de ce jeudi a été massivement suivie. Les salariés du secteur privé se sont particulièrement mobilisés. «Une journée réussie», estime François Chérèque de la CFDT tandis que la CGT parle de trois millions de manifestants. François Fillon doit s'exprimer à 20h sur TF1. Il devra apporter une réponse à une crise sociale qui s'accélère. Le chômage atteint des records, une avalanche de plans sociaux se profilent dans les prochaines semaines. Les universités se sont mises en grève. Les conflits sociaux dans les Antilles ont donné des idées à certains et la violence entre dans les entreprises. Loin de rassurer, le gouvernement joue la montre et la tension.
Après l'association Anticor, qui a décidé mardi de déposer une plainte pour «prise illégale d'intérêts» visant François Pérol, le nouveau président des Caisses d'épargne et des Banques populaires, c'est au tour du syndicat Sud-Caisses d'épargne de prendre une décision similaire. Le principe d'un recours a été décidé à l'occasion d'un Conseil syndical national qui s'est achevé mercredi 18 mars. Le syndicat portera plainte mais aussi de nombreux militants en tant que sociétaires des Caisses d'épargne. Sud va consulter ses conseils pour décider si son recours est engagé au pénal ou devant le Conseil d'Etat.
Si la nomination de François Pérol à la présidence des Caisses d'épargne et des Banques populaires risque de susciter une cascade de procédures au plan pénal, la voie d'un recours devant la juridiction administrative semblait fermée depuis que le collaborateur de Nicolas Sarkozy a démissionné de l'inspection des finances. Et pourtant non! Dans les prochains jours, le Comité des établissements de crédit (CECEI), qui dépend de la Banque de France, va devoir homologuer le nouveau banquier. Et s'il fait ce choix, qui ne coule pas de source, la décision pourrait être attaquée en justice. En bref, la situation juridique de M. Pérol devient de plus en plus difficile.
En exclusivité, Mediapart révèle les chiffres de Bercy sur la mise en œuvre du bouclier fiscal. En 2008, l'Etat a reversé 288 millions d'euros aux 756 foyers fiscaux les plus riches! Au total, ce bouclier fiscal adopté dans le cadre de la loi Tepa se révèle injuste, inefficace et coûteux. Sa charge a doublé pour l'Etat: il a dû reverser au total 458 millions d'euros aux bénéficiaires. Les 756 foyers fiscaux les plus riches se partagent 63% des sommes reversées. A l'inverse, 59% des bénéficiaires du dispositif se sont partagé moins de 4,8 millions d'euros, soit 1% du total. Malgré les multiples pressions pour modifier ce dispositif, Nicolas Sarkozy refuse de changer «cette mesure de justice».
Elle était la mesure phare du candidat Nicolas Sarkozy à la présidentielle. La loi Tepa (travail, emploi, pouvoir d'achat) est en train de devenir le symbole d'un gouvernement sourd à la crise. Pas question de toucher au bouclier fiscal. «Je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts», a répliqué Nicolas Sarkozy ce mardi en réponse à la fronde d'une partie des députés de droite, qui réclament que «les plus fortunés soient associés aussi aux efforts demandés à tous». La grogne parlementaire risque cependant de ne pas se calmer: mercredi, un amendement visant à suspendre les effets du bouclier fiscal pendant deux ans doit être présenté lors de la discussion sur le collectif budgétaire. Et jeudi 19 mars, la loi Tepa sera brandie dans les manifestations comme le symbole d'une politique injuste.
Renfloué à hauteur de 180 milliards de dollars par le gouvernement américain, l'assureur AIG a publié dimanche la liste des banques européennes qui ont bénéficié indirectement de l'argent du contribuable américain. Au nombre desquelles figure la Société générale pour quelque 12 milliards (9 milliards d'euros). Cette manifestation exceptionnelle de transparence ne répond pas à toutes les questions. Analyse.
Mediapart a un an, ce lundi 16 mars 2009. Quand nous nous sommes lancés, ceux que nous dérangions disaient notre pari d'une presse exigeante et indépendante, payante et participative, voué à l'échec. Une année plus tard, ils sont forcés de convenir que Mediapart avait anticipé la crise financière et l'un de ses corollaires: l'éclatement de la bulle de la gratuité et la fin de l'illusion du tout-publicitaire. Bilan et perspectives d'une aventure qui ne fait que commencer. Sans oublier de vous donner rendez-vous, samedi 21 mars, de 10 h à 18 h, à Mediapart pour notre journée portes ouvertes.
Il ne faut pas s'inquiéter des divergences qui se sont exprimées à Horsham, au sud de l'Angleterre, lors de la réunion des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales du G20. Bien au contraire. Après des années de consensus mou et de communiqués insipides au G7, certains Européens et les grands pays émergents ne paraissent plus décidés à céder aux pressions des Etats-Unis, responsables de la crise et de sa mauvaise gestion. Enfin! Parti pris.
Découverte par Mediapart, l'information va relancer les polémiques autour de ce qu'il est convenu d'appeler «l'affaire Pérol»: l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, François Pérol, que Nicolas Sarkozy a propulsé à la présidence de la Caisse nationale des Caisses d'épargne et des Banques populaires, a perçu en 2006 des honoraires compris entre 1,5 et 2 millions d'euros, versés par la société Natixis, filiale des deux banques. Cette rémunération, dont François Pérol n'a jamais parlé publiquement, vient confirmer la situation de conflits d'intérêt dans laquelle il se trouve. Vendredi 13 mars, il a discrètement démissionné de la fonction publique. Cette démission a été acceptée par un décret signé par le chef de l'Etat, dans le but de rendre impossible un recours au plan administratif. Mais elle peut nourrir le dossier pénal.
La Chine tire les leçons de la crise financière globale: relance interne, réformes structurelles, solidarité asiatique et surtout désengagement discret mais volontaire d'une dépendance commerciale et financière jugée dangereuse vis-à-vis des Etats-Unis. Un rôle commercial accru pour le yuan, la sécurisation de ressources à long terme en matières premières, l'exigence d'une nouvelle gouvernance mondiale. Pékin pousse ses pions. Analyse.
Une telle audace est inhabituelle. A l'issue de sa réunion, la Commission de déontologie a publiquement fait part de son désaccord avec le pouvoir sur le cas Pérol. Elle regrette de ne pas avoir été saisie du transfert du secrétaire général adjoint de l'Elysée vers la présidence des Caisses d'épargne et des Banques populaires. S'en tenant à la loi, elle ne donne pas son avis sur cette nomination. Mais, dans leurs échanges, le sentiment dominant était que si ses membres avaient dû rendre un avis, il aurait été négatif. François Pérol demeure sous la menace d'un recours administratif et juridique.
Principal conseiller économique de Barack Obama, Larry Summers donne le ton à moins d'un mois du sommet du G20 à Londres: les Européens ne font pas assez pour soutenir la demande mondiale. La crise financière globale et son traitement incertain sont "Made in America" mais Summers continue à distribuer les bons et les mauvais points. Extravagant mais conforme à la nature du personnage, un adepte du bizutage intellectuel. Parti pris.
Pour le gouvernement, la Commission de déontologie, qui se réunit mercredi 11 mars, n'a pas à se prononcer sur le cas Pérol: elle n'a pas été saisie pour examiner le transfert du secrétaire général adjoint de l'Elysée à la présidence des Caisses d'épargne et des Banques populaires. Plusieurs membres de la Commission, choqués par cette violation de la loi sur le pantouflage, ont bien l'intention de se prononcer sur le dossier et envisagent de rendre un avis public. Jeudi 12 mars, Olivier Fouquet, président de ladite Commission, doit s'expliquer devant la Commission des lois de l'Assemblée nationale.
Après les banques, l'Etat se prépare-t-il à voler au secours des assurances? C'est ce qu'a laissé sous-entendre la ministre des finances, Christine Lagarde, vendredi 6 mars, en déclarant que le gouvernement était prêt à aider les assurances «en cas de risque systémique». Le secteur est particulièrement exposé dans la crise financière. Mais un groupe semble particulièrement être entré dans une forte zone de turbulences: Axa. Depuis le début de l'année 2009, le cours du groupe d'assurance a perdu près de 63% de sa valeur et est tombé en dessous de 6 euros.
Les députés commencent ce mardi à discuter du projet de loi «création et Internet»; lequel est censé mettre fin au piratage des œuvres artistiques. Le texte soulève l'indignation sur le Net. Avec quelques bonnes raisons...
Pour la troisième fois, l'Etat belge et BNP Paribas ont conclu un accord sur la reprise de la banque belge Fortis par la banque française. Les deux premiers pactes ont échoué, faute d'obtenir l'approbation des actionnaires. Seront-ils favorables cette fois-ci au nouveau texte? A lire les engagements, les changements par rapport aux deux précédents textes sont minimes. Seule grande différence: les problèmes sur les risques sont reportés. Cela suffira-t-il pour convaincre les Belges, épuisés par six mois du feuilleton "Fortisgate"?