Pour la première fois de sa très longue histoire, la Caisse des dépôts et consignations va afficher des pertes. Selon Les Echos qui ont révélé l'information, celles-ci s'élèveraient à 1,5 milliard d'euros. L'accident historique de cette institution qui a depuis 1816 pour mission de veiller à l'épargne des Français serait uniquement dû à la crise financière. En fait, l'histoire était écrite d'avance. La Caisse paie l'utilisation sans vergogne de ses fonds par l'Etat. Celui-ci dispose de ses moyens financiers sans se préoccuper ni de l'intérêt de l'institution ni de la préservation de l'argent public. Parti pris.
Le jour où l'OCDE annonce triomphante qu'il n'y a plus aucun pays sur la liste noire des paradis fiscaux, il n'est pas inutile de lire Bernard Bertossa. «En 2008, il n'y a toujours pas de volonté sérieuse d'éradiquer la corruption et toujours pas de politique concertée en matière de lutte contre la grande criminalité d'argent», soutient l'ancien procureur général de Genève dans un livre d'entretien La Justice, les Affaires, la Corruption.
Nouveau rebondissement dans l'affaire Tapie: le tribunal de commerce de Paris a examiné, mardi 7 avril, un recours en révision introduit par Bernard Tapie, en vue d'annuler la mise en liquidation de son groupe prononcée en 1994, mais l'audience s'est tenue en l'absence du parquet. C'est le procureur de la République de Paris, Jean-Claude Marin, qui aurait pris cette décision. La Chancellerie n'aurait pas été informée par l'Elysée, qui pilote ce dossier depuis de longs mois. Les avocats de Bernard Tapie ont donc eu le champ libre. Poussant leur avantage, après la sentence du tribunal privé qui a alloué 390 millions d'euros à leur client, ils espèrent pouvoir détricoter tous les jugements antérieurs, ceux rendus par la justice ordinaire de la République.
Vendeurs de rue à Buenos Aires, cireurs de chaussure à Ouagadougou, paysans saisonniers en Inde, etc., le travail informel ne s'est jamais aussi bien porté en ces temps de crise. Un rapport passionnant du Centre de développement de l'OCDE, publié mercredi 8 avril, décrit les contours de ce phénomène en plein essor, qui touche plus de la moitié des travailleurs dans le monde. Et constate que les pays émergents ne sont plus les seuls touchés. Dans les pages qui suivent, Mediapart propose trois comptes-rendus de ce même rapport, cumulatifs, à consulter en fonction de l'intérêt que vous portez à la question et du temps de lecture dont vous disposez.
La semaine dernière, une centaine de salariés de FCI Microconnections, une usine de Mantes-la-Jolie, avaient séquestré leur patron. En grève depuis six semaines, ils craignaient des licenciements. Le PDG niait. Mediapart s'est procuré une note interne de la direction qui prouve qu'un plan social est prévu pour novembre. Tout y est planifié: la façon dont le plan social sera annoncé et dont la direction affrontera une grève probable, la tactique pour briser le mouvement, et l'éviction finale du délégué syndical CGT.Mardi 7 avril, direction et syndicats tentent une première médiation pour sortir d'un mois et demi de grève.
Le G-20 de Londres laisse la presse latino-américaine sceptique. Pour une raison simple: en consacrant le retour au premier plan du Fonds monétaire international, le sommet parie sur une institution détestée par tout un continent ou presque, pour y avoir appliqué des plans d'ajustement structurels aux effets dévastateurs dans les années 1990. Et les promesses de Dominique Strauss-Kahn d'un «nouveau FMI» n'y changent rien.
Nouveaux rebondissements dans l'affaire Tapie: plusieurs personnalités, parmi lesquelles François Bayrou, président du Modem, le député (Nouveau centre) Charles de Courson et deux avocats, dont Me Geneviève Sroussi, ont écrit à la présidente du tribunal administratif de Paris, la pressant d'examiner les différents recours qu'ils ont introduits. Mediapart publie en exclusivité ces trois correspondances. Par ailleurs, Bernard Tapie a introduit une demande de révision de sa mise en liquidation, prononcée en 1994. Le tribunal de commerce y consacre une audience, mardi 7 avril.
L'Elysée ne cesse d'exhorter les patrons à devenir exemplaires en matière de rémunérations. Mais quand l'Etat est actionnaire, incite-t-il vraiment à la modération qu'il prône aujourd'hui? Pas vraiment. Et même tout au contraire. De GDF Suez à Safran en passant par Renault, ses administrateurs apparaissent bien compréhensifs à l'égard des pratiques de rémunérations directement inspirées du privé. Revue de détail des largesses sur lesquelles l'Etat a accepté de fermer les yeux. Ici, il pleut des stock-options par millions d'euros, là, en pleine crise sociale, un colossal parachute doré est discrètement voté: Mediapart a mené l'enquête sur l'Etat-hypocrite. Ou si l'on préfère sur l'Etat-complice.
Avec la publication de son décret, mardi 31 mars, le gouvernement pensait avoir enterré la délicate question des rémunérations patronales. Erreur. Dès le lendemain, le Sénat a voté un amendement étendant l'interdiction des bonus et des stock-options aux dirigeants des entreprises qui ont le Fonds d'investissement stratégique comme actionnaire. Bercy a tout tenté pour venir à bout de ce texte. En vain. La Commission mixte paritaire a adopté au soir du jeudi 2 avril le même texte, ouvrant pour le gouvernement un dangereux précédent. Dimanche soir, Christine Lagarde se déclarait finalement prête à reprendre le dispositif prévu par le Parlement.
Le 2 avril, les choses importantes ne se passaient pas à Londres au G-20, mais à New York où le FASB, organisme gérant les règles comptables aux Etats-Unis, abandonnait l'évaluation à la valeur de marché pour les actifs toxiques plombant le bilan des principales banques menacées d'insolvabilité. Eternelle actualité du proverbe chinois: «Quand le sage montre la lune, l'imbécile regarde le doigt.» Parti pris.
L'Elysée avait exigé que les banques qui profitent des aides publiques renoncent aux bonus, ce qui n'a pas empêché des instances régionales des Caisses d'épargne de voter une cascade de bonus, en Bretagne-Pays-de-Loire, en Ile-de-France ou encore en Loire-Drôme-Ardèche. Le syndicat Sud-Caisses d'épargne, qui s'en est indigné en comité de groupe, jeudi 3 mars, a d'ailleurs déposé une plainte pour prise illégale d'intérêt contre François Pérol, le nouveau patron de l'Ecureuil, après l'association anti-corruption Anticor et l'association Contribuables associés.
C'est sans doute la décision la plus spectaculaire du G-20 de Londres : l'établissement de trois listes publiques de paradis fiscaux. Certains Etats, comme l'Uruguay, les Philippines ou le Costa Rica, sont désormais directement menacés de sanctions. Une véritable «révolution», selon le spécialiste Christian Chavagneux.
Les interrogations restent nombreuses à la lecture du communiqué du G-20 de Londres, publié jeudi 2 mars en fin d'après-midi. Au-delà d'une poignée d'annonces spectaculaires, sur le FMI et les paradis fiscaux, le sommet que tout le monde attendait est loin d'avoir tenu toutes ses promesses. Premiers éléments de décryptage des principales annonces londoniennes.
Un document encore confidentiel du groupe Veolia le confirme: Walter Butler, le patron du fonds vautour BPC (Butler Capital Partners) a empoché cinq fois sa mise, soit 73 millions d'euros, en revendant la participation prise dans la SNCM au moment du renflouement/privatisation de la compagnie maritime qui dessert la Corse.
Une opération qui a coûté des centaines de millions d'euros au contribuable et qui apparaît bien aujourd'hui comme un bradage.
Mais à quoi joue Angela? Au G-20 de Londres, la chancelière allemande, porte-parole de l'Europe, va plaider pour une grande sagesse en matière de plans de relance, tandis qu'Américains et Britanniques l'exhortent à faire plus pour sauver l'économie mondiale. Mais ces demandes se heurtent à un tabou profondément ancré dans la mémoire collective allemande: la peur d'un Etat trop fort et le rejet de politiques budgétaires trop ambitieuses.
Bermudes, Jersey, La Barbade: des îlots aux noms exotiques, dans le collimateur des grandes puissances à l'occasion du G-20 de Londres. Désignés comme paradis fiscaux, ils se rejettent l'accusation entre eux mais dénoncent également l"hyprocrisie des grandes puissances, qui ont largement profité de ces situations quand elles ne pratiquent pas elles-mêmes le secret bancaire.