La France est le bon élève de la classe bancaire internationale, mais la complaisance n'est pas de mise. Le «maître d'école», la Commission bancaire, n'hésitera pas à sévir. La crise n'est pas finie et les risques restent élevés. C'est le message délivré vendredi 26 juin par le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, en présentant le Rapport annuel 2008 de la Commission bancaire.
Alors qu'elle est l'un des pivots du système français des retraites par répartition, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) prépare la création d'une société commune avec sa filiale, la CNP, et le groupe Mederic, dont le délégué général est Guillaume Sarkozy, frère du chef de l'Etat. Mediapart s'est procuré le document estampillé «confidentiel» qui détaille le projet. Celui-ci table sur un déclin de la couverture offerte par les systèmes par répartition au profit des systèmes par capitalisation, individuels ou d'entreprise.
Cela aurait pu être la revanche de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Critiquée par les courants les plus libéraux de la droite, la plus puissante des institutions financières apporte la preuve, depuis le début de la crise, de sa formidable utilité. Mise à contribution dans le cadre du plan de sauvetage des banques et du secteur automobile, l'établissement abrite aussi le Fonds stratégique d'investissement, qui vient d'être créé. Mais ce rôle concédé à la CDC est aussi le prétexte pour l'Elysée de s'immiscer dans une maison placée en théorie sous la protection du Parlement. Et d'y placer des proches ou des obligés. Premier volet de notre enquête.
La fusion entre les Caisses d'épargne et les Banques populaires devait être achevée le 30 juin. Mais un sérieux contretemps vient compromettre ce calendrier. Les syndicats Sud et CGT de la Caisse d'épargne Ile-de-France viennent de déposer un référé auprès du tribunal de grande instance de Paris pour faire annuler le vote du conseil de surveillance de la Caisse. Motif: les représentants du comité d'entreprise n'ont pas eu les informations nécessaires pour rendre un avis, comme le prévoit la loi. Le juge doit se prononcer le 2 juillet.
Le mandat de Pierre Gadonneix à la présidence d'EDF expire en novembre. Les prétendants à la tête du groupe public ne manquent pas. Mais pour quelle stratégie? L'expansion internationale et la promotion de l'EPR dans le monde sont au-delà des forces du groupe, déjà très endetté. «Le nucléaire nous fait courir un péril mortel. Il faudra choisir entre l'EPR et la Bourse», assure un haut cadre dirigeant du groupe. Les salariés craignent que cela ne conduise à l'achèvement du démantèlement et de la privatisation des morceaux de choix.
Le président de la République a installé ce mercredi matin la commission du grand emprunt national. Composée de 24 membres venant des deux grandes familles politiques de la droite et de la gauche (l'UMP et le PS) ainsi que des écologistes, elle est dirigée par deux anciens premiers ministres, Alain Juppé et Michel Rocard. On y retrouve venant, ou dans la mouvance, du PS: Olivier Ferrand (fondation Terra Nova), Jean de Kervasdoué (vieux camarade de Rocard, ancien directeur des hôpitaux) ou encore Erik Orsenna (écrivain, ancien conseiller de François Mitterrand). Ainsi que Nicole Notat, ex-secrétaire générale de la CFDT... L'annonce de ce grand emprunt avait été faite en juin dernier, devant le Congrès à Versailles, sans que Nicolas Sarkzoy n'en dévoile le montant et les modalités. Il ne l'a pas fait davantage aujourd'hui, alors que ces questions risquent de peser lourd sur la dette publique.
Le plan Obama de réforme de la régulation financière aux Etats-Unis, que les lobbys s'apprêtent déjà à dépecer au Congrès, souffre d'un défaut majeur: il ne s'attaque pas sérieusement au problème du «too big to fail» de ces institutions financières géantes, dont les dirigeants se croient tout permis dans la conviction que le contribuable sera toujours présent pour éponger les pertes. Le projet européen endossé au sommet de Bruxelles n'est pas meilleur. Analyse d'un manque regrettable d'audace. (Illustration: Tim Geithner et Barack Obama.)
Le succès d'Europe Ecologie aux élections européennes du 7 juin a sans doute incité le gouvernement à la remettre au goût du jour : la taxe carbone, grande perdante du Grenelle de l'environnement, fait son retour. Mais les contours de cette nouvelle taxe, annoncée pour 2011, sont encore très flous, à l'image du Livre blanc publié début juin. Quels sont les mécanismes en débat? Les ménages vont-ils contribuer autant que les entreprises? Est-ce un impôt juste d'un point de vue social? Les expériences à l'étranger sont-elles concluantes? Retour en dix questions sur l'une des clés de voûte d'une fiscalité écolo encore à construire.
Syndicat majoritaire chez EDF, la CGT se trouve prise en porte-à-faux face aux derniers mouvements sociaux. «Nous sommes pris entre Sud et la direction», reconnaît un délégué syndical. Mais les salariés rendent aussi le syndicat comptable des changements intervenus dans l'entreprise publique au cours des cinq dernières années, et du malaise qu'ils ressentent face aux évolutions. Des non-dits pèsent car il y a bien eu un «deal» entre Nicolas Sarkozy et Bernard Thibault au printemps 2004 au moment du changement de statut. Et le président de la République n'a pas respecté ses engagements. Enquête.
Selon les estimations de la FAO, un milliard vingt millions de personnes souffrent de la faim dans le monde. La crise économique, la montée du chômage et la hausse des prix ont contribué à aggraver la situation des personnes touchées par la sous-alimentation.
EDF réalise désormais la moitié de son chiffre d'affaires à l'étranger. Mais cette conquête internationale s'est faite au prix fort. Dernier exemple en date: British Energy. Le groupe nucléaire britannique a été racheté au moins 50% trop cher. Y a-t-il une fatalité à ce que le groupe français surpaye toutes ses acquisitions? Cette affaire ravive les mauvais souvenirs liés au rachat d'Edison en Italie. Le groupe a failli s'y ruiner. Un rapport d'audit a été réalisé sur cette opération italienne. Il conclut, selon nos informations, à l'existence d'une manipulation de cours et de délit d'initiés.
14% des agents de Pôle emploi ont fait grève, jeudi, contre les conséquences de la fusion entre l'ANPE et l'Unedic et pour réclamer des moyens. Parmi les nouveaux chômeurs qui affluent au guichet, il n'y a pas que les licenciés. Des centaines de milliers d'intérimaires disparaissent en silence: ils sont la première variable d'ajustement de la crise. Le nombre de missions d'intérim s'effondre (graphique). Focus sur ces invisibles de la crise, dont les rangs devraient encore grossir au cours des prochains mois avec l'arrivée de 600.000 jeunes sur le marché du travail à la rentrée.
La tension monte entre la direction d'EDF et les salariés des centrales nucléaires. Alors que des mouvements de grève désorganisent la production et la maintenance des sites, EDF a décidé de réquisitionner les salariés grévistes. Ce conflit marque une rupture dans la tradition de l'entreprise publique. Au-delà des revendications salariales, les travailleurs du nucléaire sont inquiets sur l'évolution de leur métier, la montée d'une sous-traitance qui assume 80% des tâches dans les sites. Les appétits financiers qui s'expriment autour du parc nucléaire français les angoissent.
Omerta sur les chiffres, artifices comptables, sauvetages nationaux au cas par cas: les gouvernements européens ont appliqué à la crise bancaire systémique tous les «remèdes» qui garantissent sa prolongation indéterminée. Le tout dans un vide institutionnel abyssal puisque aucune institution européenne n'a de mandat pour se saisir du dossier. Avec la création temporaire d'une «Treuhand» bancaire européenne, les chercheurs Adam Posen (PIIE) et Nicolas Véron (Bruegel) démontrent que ce ne sont pas les solutions qui manquent. C'est la volonté politique. Analyse.
Ce devrait être un plébiscite. Le 17 juin, EDF lance un grand emprunt national à destination des particuliers. La direction du groupe d'électricité veut faire de cette levée de fonds une opération de communication pour affirmer son statut d'entreprise préférée des Français. Peu de chose pourtant subsiste de l'ancienne entreprise publique. Avec l'accord des responsables politiques, EDF a été démantelé, éclaté en morceaux pour répondre aux impératifs de la concurrence de Bruxelles. «Je ne pensais pas que cela arriverait», constate aujourd'hui l'ancien patron d'EDF, Marcel Boiteux (vidéo). Enquête.