Ce soir, Wall Street soldera ses comptes 2008. Une année où, soudain, l'impensable se produisit. Le 15 septembre, quand la banque Lehman Brothers se déclara en faillite, un mythe s'est écroulé: celui de Wall Street, de l'argent fou, de l'argent roi. Avant les économistes, des cinéastes avaient bien compris que quelque chose se passait dans ce monde. Une frénésie, un dérèglement. Ils ont su en capter une certaine réalité mais ont aussi participé à la construction du mythe. Démonstration en images.
Le nombre de chômeurs a explosé en novembre: 64.000 demandeurs d'emplois sont venus grossir les rangs de l'ANPE. Il s'agit d'une hausse historique mais en réalité, attendue. Depuis septembre, des milliers d'intérimaires et de CDD de très courte durée voient leurs contrats s'arrêter [cliquer sur notre carte de la crise sociale pour l'afficher en grand]. Dès janvier, les licenciés économiques devraient encore venir grossir les rangs.
Nouveau rebondissement dans l'interminable saga politique, économique et judiciaire liée au sort du transporteur maritime SNCM. Ses concurrents sur les liaisons entre le continent et la Corse, la CMN et Corsica Ferries, attaquent devant la justice européenne la décision de la commission de Bruxelles d'avaliser sans réserve le renflouement/ privatisation de la SNCM, qui a coûté des centaines de millions d'euros au contribuable français. Coup de projecteur sur une affaire hors normes.
Après avoir déjà invité Bernard Tapie le 16 octobre pour une émission spéciale, France 2 l'a de nouveau convié, jeudi 25 décembre dans son journal de 20 heures, avant de retransmettre en direct la pièce de théâtre dans laquelle il joue au côté de sa fille. Formidable aubaine pour l'ex-homme d'affaires: après les instructions données par l'Elysée dans l'affaire Adidas qui vont lui permettre d'empocher près de 130 millions d'euros, voici qu'une chaîne de service public se met à son... service! Bernard Tapie ne s'est donc pas fait prier et a aussi assuré la promotion d'un disque produit par sa fille. Parti pris.
Finis l'ANPE et les Assedic. Le Pôle emploi, «grand service public de l'emploi» voulu par Nicolas Sarkozy, démarre ce lundi 5 janvier. Par une première journée de grève.
Si le fameux guichet unique vers lequel se dirigeront les demandeurs d'emploi ne verra le jour qu'en octobre 2009, les conseillers ANPE de la région parisienne ont déjà vu, avec la crise et les nouveaux modes de management, leur travail se modifier. Tous dénoncent une «industrialisation» et un «appauvrissement» de leur métier, et font état d'une montée des tensions au sein de leurs agences.
Emoi chez les historiens de l'économie: des cartons d'archives de BNP-Paribas ont été détruits par la banque alors qu'ils sont constitutifs d'un fonds utilisé par les chercheurs, recelant des pièces rares. La banque plaide l'erreur et promet de revoir ses procédures. L'étendue des destructions reste un mystère mais ce fonds portait sur les activités de l'ancien Comptoir national d'escompte avec plusieurs pays étrangers. Cette affaire repose la question de la gestion des archives des grandes entreprises privées.
Il y a un an, Mediapart n'était qu'une promesse. Aujourd'hui, c'est une réalité, déjà bien installée dans le débat public, dans l'espace médiatique et dans l'univers numérique. Bilan et perspectives avant une année décisive qu'il n'est pas interdit de fêter et saluer en offrant des abonnements à Mediapart. C'est même conseillé et cela se passe ici.
C'est le 22 septembre, à New-York, devant la Fondation Elie Wiesel que Nicolas Sarkozy a brocardé pour la première fois les dérives folles du monde de la finance. La même Fondation vient d'annoncer qu'elle avait perdu tous ses actifs dans le scandale Madoff, soit 15,2 millions de dollars. De grandes fortunes françaises ont aussi beaucoup perdu, comme l'ex-couturier Daniel Hechter ou la seconde fortune française, Liliane Bettancourt.
C'est un jugement qui pourrait effrayer le monde patronal, s'il fait jurisprudence. Pour la première fois, deux dirigeants ont été condamnés à rembourser sur leurs biens propres des indemnités «indûment versées» à l'ancien PDG. Yves-René Nanot et Jean-Pierre Clamadieu , respectivement président et directeur général de Rhodia à l'époque des faits, doivent ainsi payer au groupe de chimie 2,1 millions d'euros , correspondant au golden parachute accordé à Jean-Pierre Tirouflet, au moment de sa démission en 2003.
C'est une perte historique : selon les chiffres communiqués la semaine dernière au cours d'un conseil de surveillance, le groupe Le Monde a perdu 36 millions d'euros en 2008. Bien plus que ce qui était prévu. Selon nos informations, le plan de départs volontaires a coûté à lui seul 24 millions d'euros. En 2009, Le Monde sera encore déficitaire de 11 millions d'euros, sur fond d'effondrement de la publicité. Le groupe veut solliciter un nouveau prêt de 25 millions auprès de la BNP, avec l'hebdomadaire culturel Télérama en gage.
C'est un procès hors norme qui se déroule depuis plusieurs mois au tribunal de commerce de Paris: l'un des plus célèbres condamnés du procès Elf, André Guelfi — dit «Dédé la Sardine» —, allié au Comité olympique russe, réclame 4 milliards de dollars au groupe pétrolier Total. Pressions multiples, interventions discrètes de l'ambassadeur russe à Paris, décision inhabituelle du parquet pour modifier la composition du tribunal: Mediapart raconte cette confrontation judiciaire sans précédent. Après plusieurs audiences, le jugement a été mis en délibéré au 12 janvier 2009.
La note sur les finances publiques publiée par l'Insee, ce 29 décembre, a confirmé les pires appréhensions: les déficits publiques ne cessent de déraper. Au troisième trimestre, ils atteignaient 1.284 milliards d'euros, soit 66,1% du PIB. Devant la commission des finances de l'Assemblée, le 22 décembre, le ministre du budget a pourtant continué à soutenir que les déficits publics français ne dépasseront pas 3,9% du produit intérieur brut, dont 0,8 point induit par le plan de relance.
Des Sud-Coréens ont annoncé en novembre avoir loué, pour 99 ans, des terres malgaches de la taille d'une moitié de la Belgique. Leurs récoltes de maïs et d'huile de palme seront acheminées, chaque année, vers la Corée. Objectif : répondre à la crise alimentaire... Ailleurs dans le monde, le Qatar fait ses courses en Indonésie, ou le Japon en Egypte. Face à ce grand marchandage des terres arables, les ONG tirent la sonnette d'alarme. La FAO a pointé du doigt le risque d'un «néocolonialisme agraire». Au-delà, c'est toute la question des droits de propriété de la terre qui se pose, dans les pays les plus pauvres de la planète.
Que faire face à la razzia des pays riches, sur les terres agricoles des Etats les plus pauvres? Comment encadrer cet «accaparement des terres», identifié par la FAO comme la marque d’un «néo-colonialisme agraire»? Dans un entretien accordé à Mediapart, Olivier de Schutter, successeur de Jean Ziegler au poste de rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, défend la mise en place de nouveaux régimes de propriété des terres dans les pays d’Afrique.
La mondialisation financière a profité, jusqu'à la crise financière mondiale, avant tout aux Etats-Unis et beaucoup moins aux pays émergents ou en développement que le «consensus de Washington» devait aider. Un nouveau modèle d'analyse économique montre que les Etats-Unis portent une responsabilité majeure dans la formation des déséquilibres globaux. Et derrière ces équations mathématiques, il y a des conclusions politiques importantes à tirer.
Avec les banques qui s'effondrent les unes après les autres, il ne fait plus bon travailler dans la finance à Londres. Licenciés, les traders et autres managers de portefeuille se retrouvent en quête d'un nouvel emploi à un âge où l'on hésite généralement à changer de carrière. Rencontre à Londres avec ces banquiers qui deviennent professeurs ou décident de voler de leurs propres ailes.Un reportage à Londres de Karine Le Loët