Les derniers chiffres de l'emploi américain sont catastrophiques : 2,6 millions de postes ont été détruits en 2008. Sur le terrain, la crise sociale continue de frapper. Les personnes âgées et les étudiants sont particulièrement fragilisés. Du début 2006 à la fin 2009, quelque 3,3 millions de foyers américains ont été, ou seront, victimes de saisies immobilières, selon de récentes prévisions. Et les promesses d'Obama en la matière – sauver ou créer jusqu'à 4 millions d'emplois d'ici 2010 – font déjà l'objet de critiques, y compris du côté démocrate.
Aux Etats-Unis et en Europe, comme hier au Japon, la politique monétaire pédale dans le vide. En dépit d'un abandon de tous les principes de l'orthodoxie, la contraction du crédit alimente la récession économique. Les banques centrales payent aujourd'hui leur refus de prévenir la formation des bulles spéculatives. Pourtant, la BCE demande aujourd'hui le pouvoir de le faire en surveillant directement les principales banques. Les banquiers centraux ont-ils mérité ces nouvelles prérogatives?
Mediapart part sur la route de la crise. D'ici au 29 janvier, jour de mobilisation syndicale, Mediapart part sillonner la France pour raconter la crise telle que vous la vivez. Reportages, portraits, moments pris sur le vif: dans les prochains jours, une partie de la rédaction se délocalise.Pour entendre la France en crise, nous vous lançons aussi un appel: racontez-nous la crise telle que vous la subissez, dans votre famille, dans votre région. Ecrivez dans vos blogs (pour les abonnés), ou envoyez-nous un mail à l'adresse: crisesociale@mediapart.fr. Un répondeur téléphonique est mis aussi à disposition pour recueillir vos témoignages: 09 51 33 46 90 (prix d'un appel local). Nous avons besoin de vous!La carte de la crise: licenciements et fermetures depuis septembre:
André Guelfi, qui fut l'un des condamnés célèbres du procès Elf, a perdu son procès contre Total. Le tribunal de commerce de Paris l'a débouté, lundi 12 janvier, de toutes ses demandes. L'intermédiaire, dont les services ont été utilisés par l'ex-PDG Loïk Le Floch-Prigent, réclamait, en association avec le Comité olympique russe, la somme fabuleuse de 4 milliards de dollars. Mediapart avait fait le récit de ce procès rocambolesque, qui avait été émaillé de nombreux incidents.
Le gouvernement est prêt à apporter une nouvelle aide de 10,5 milliards d'euros aux banques françaises. Mais cette fois, il n'exclut plus d'entrer directement au capital en souscrivant des actions sans droit de vote. Officiellement, ce revirement est dicté par les marchés qui exigent des banques mieux capitalisées. En réalité, il permet de voler au secours d'établissements en grande difficulté: Natixis, les Caisses d'épargne et BNP Paribas.
Selon Tony Blair, cité par Eric Besson, «Nicolas Sarkozy a remis la France sur la carte». Le président français a remercié son ami Tony, lui donnant le rôle vedette du colloque "Nouveau monde, nouveau capitalisme", organisé jeudi et vendredi. Objectif: servir de relais entre le sommet du G20 à Washington, le 15 novembre dernier, et celui de Londres en avril, qui devrait lancer la «refondation du capitalisme». Dans cette belle assistance, il ne restait qu'un vrai libéral, Michel Rocard. Parti pris.
Dans un entretien au Parisien, Pierre Gadonneix a avoué l'impensable: la France risque désormais de connaître de grandes pannes d'électricité. Cette situation est le fruit de la politique non maîtrisée d'ouverture du marché de l'électricité imposée par Bruxelles. La Commission européenne voulait casser les monopoles nationaux ou régionaux. Elle n'a fait naître qu'un oligopole européen, défendant ses seuls intérêts, organisant la raréfaction de l'offre pour obtenir un prix élevé. L'Europe doit désormais investir massivement.
Si Patrick Devedjian refuse d'entendre parler d'un deuxième plan de relance en France, l'Allemagne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne sont déjà en train d'élaborer une nouvelle vague de dispositions anti-crise. Avec une batterie de mesures en direction, non plus des banques, mais des consommateurs. Lire aussi le parti pris de Laurent Mauduit:
Relance, et si la gauche ouvrait le vrai débat?
Alors que l'Assemblée nationale a engagé, mercredi 7 janvier, l'examen du plan de relance, la gauche fait grief à Nicolas Sarkozy de privilégier les entreprises et de se désintéresser du pouvoir d'achat. La critique est pertinente mais elle peut aussi manquer de souffle si elle ne sert qu'à justifier quelques propositions complémentaires. Car l'enjeu du débat est beaucoup plus lourd: ce sont les règles mêmes du capitalisme d'actionnaires, très favorable au capital et défavorable au travail, qui devraient être réfléchies. Parti pris. Lire aussi les deuxièmes plans de relance en Allemagne, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
Les enquêteurs du gendarme de la bourse viennent d'achever leur travail sur la communication du secteur bancaire pendant la crise financière. Toutes les banques ont plaidé les circonstances atténuantes qui expliqueraient certains manquements à leur devoir d'information au marché. Le rapport doit être rédigé fin mars. Sera-t-il édulcoré? C'est le premier test pour l'AMF, désormais présidée par Jean-Pierre Jouyet.
L'Union européenne discute, mardi 6 janvier, avec le géant gazier Gazprom qui a mis fin aux livraisons de gaz à l'Ukraine le 1er janvier. Le différend entre Moscou et Kiev pénalise les livraisons de gaz à plusieurs pays de l'Europe centrale. Bulgarie, Hongrie, Roumanie, Croatie, Macédoine et Grèce sont particulièrement touchées. Dans une interview à Mediapart, Jonathan Stern, expert du géant gazier russe, estime qu’il s’agit d'un simple différend commercial et non d’une manœuvre politique du Kremlin visant à déstabiliser le régime pro-occidental ukrainien.
Le Congrès américain a débuté, lundi 5 janvier, ses auditions dans le cadre du scandale Madoff, cet ex-trader accusé d'une fraude «pyramidale» de 50 milliards de dollars. Les députés se sont livrés à un réquisitoire contre la «SEC», principale instance de régulation de l'économie aux Etats-Unis. Mais les zones d'ombre de l'affaire restent nombreuses. Le parquet de New York a demandé lundi l'emprisonnement de «Bernie» Madoff.
C'est l'un des paradoxes de l'année 2008. D'un côté, une crise d'une violence jamais vue depuis 1929, qui aiguise la curiosité des citoyens pour la chose économique. De l'autre, des menaces répétées de disparition de l'enseignement des sciences économiques et sociales (SES) au lycée – qui ne se sont finalement pas concrétisées. Comment ce grand écart a-t-il été vécu dans les classes pendant des mois? Comment raconter un séisme financier aussi complexe à des élèves de 15 ans? Comment enseigner une matière qui risque de disparaître? Trois profs de «SES» prennent la parole.
En dépit des aides massives accordées par les gouvernements au secteur bancaire, les banques ne semblent pas jouer le jeu. La banque centrale européenne a publié, mardi 30 décembre 2008, les chiffres de l'évolution de la masse monétaire et de la distribution de crédit dans la zone euro. Ils font apparaître une inquiétante stagnation de la distribution de crédits pour le secteur privé. Les crédits aux particuliers (consommation et immobilier) sont même en nette baisse. Si le resserrement du crédit se confirme, c'est l'étouffement assuré de l'économie.
De toutes les fonctions d'une monnaie, le rôle politique est peu mis en avant. Mais si le dollar des Etats-Unis est un instrument d'influence et son statut privilégié une clef dans la (mauvaise) gestion de l'économie américaine, l'euro, qui a dix ans depuis jeudi 1er janvier, reste une monnaie apolitique. Les autorités européennes, y compris la Banque centrale, ont refusé les responsabilités qui découlaient de la création de la deuxième monnaie la plus puissante au monde. Et si les citoyens européens ont bénéficié de la monnaie unique, ils payent aujourd'hui, avec la crise financière, le prix de ce refus. Entretien avec le professeur Richard Portes, qui avait identifié ce problème dès 2004.