Après l'A 380, l'avion de transport militaire A 400M est un deuxième sinistre pour EADS. Le programme a plus de trois ans de retard. Le groupe a déjà été obligé de provisionner 1,7 milliard d'euros pour couvrir les dépenses supplémentaires. Un rapport du Sénat, remis mardi 10 février, pointe les erreurs. Les négociations débutent en mars entre Etats européens pour savoir s'il faut ou non poursuivre ce programme et dans quelles conditions.
Avec les banquiers, Nicolas Sarkozy alterne: tantôt, il les tance et leur reproche les dérives de la finance; tantôt, il vole à leur secours, en mobilisant 22 milliards d'euros prélevés sur les fonds d'épargne, pour les aider à financer les PME. Mais les banques, libres de fixer les taux de ces prêts, pourront faire des profits... financés par les contribuables.
Renault et PSA vont recevoir chacun 3 milliards d'euros et Renault Trucks 500 millions d'euros sous forme de prêts remboursables en cinq ans. Ces aides doivent permettre aux deux constructeurs de se moderniser. Mais l'argent public risque d'abord de servir à les financer à court terme. En contrepartie, les directions de Peugeot et Renault se sont engagées à ne pas fermer de site en France et à limiter les licenciements.
Sur la route de la crise, beaucoup de conflits et de situations critiques restent invisibles, faute de porte-parole, de culture syndicale et par peur de trop s'exposer. Visite éloquente en Bretagne. Diaporama. Retrouver aussi ici nos précédentes étapes et notre carte de la Route de la crise avec vos témoignages.
La taxe carbone. Nicolas Sarkozy l'a évoquée, jeudi 5 février, dans son entretien télévisé consacré à la crise. Mais à quoi va-t-elle servir? Qui va la payer? Quels sont les enjeux? Pourquoi est-elle nécessaire? Quelles seront ses conséquences? Réponses avec Jean-Marc Jancovici, le spécialiste français de la fiscalité environnementale, qui a accordé un entretien à Mediapart.
Lors de son entretien télévisé, jeudi 5 février, Nicolas Sarkozy a annoncé la suppression de la première tranche de l'impôt sur le revenu, en suggérant que la réforme profiterait aux victimes de la crise. Trompe-l'œil parfait car le projet vise à achever le démantèlement de cet impôt entrepris par la droite depuis des années. C'est le principe de la progressivité, au cœur des valeurs de la République depuis la Déclaration des droits de l'homme de 1789, qui risque d'être remis en cause. Sans le dire, le chef de l'Etat œuvre en faveur d'une contre-révolution fiscale. Parti pris.
Au lendemain de l'intervention télévisée du chef de l'Etat, sans annonce majeure, trois économistes prennent la parole. Et pointent les failles et non-dits du discours présidentiel. Pour Frédéric Lordon, économiste au CNRS, le plan de soutien aux banques est voué à l'échec, parce qu'il accuse «un temps de retard sur l'état de la bataille». De son côté, Xavier Timbeau, de l'OFCE, exige une relance plus ambitieuse : «au moins 20 milliards d'euros» en plus, dès février. Quant à Jacques Rigaudiat, économiste proche du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, il livre un plaidoyer pour une autre politique sociale. (Cliquez sur le nom pour accéder aux entretiens.)
Les faillites bancaires sont devenues banales. Pas au Portugal où les relations entre le monde de la banque et celui de la politique traduisent une singulière promiscuité. La faillite du BPP et les conditions de l'appel au contribuable sous la houlette de la banque centrale portugaise ne manquent pas d'intriguer. Ancien premier ministre portugais, le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, n'a pas jugé bon de se tenir à l'écart. Regrettable.
La prestation télévisée de Nicolas Sarkozy, jeudi soir, a donné lieu à des échanges pour le moins surprenants. Entre les questions sur la crise économique et ses effets sociaux qui n'ont pas été posées au chef de l'Etat et les habiletés ou les subterfuges dont celui-ci a usé, le débat a évité les principaux écueils. Des failles du plan de relance jusqu'aux paradis fiscaux, en passant par les licenciements ou encore la réforme de l'impôt sur le revenu, Mediapart détaille les non-dits, les demi-vérités ou les petits mensonges du débat. Parti pris.
Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision de l'OFCE (Sciences-Po) a suivi l'interview de Nicolas Sarkozy avec nous, à Mediapart. Partisan de mesures immédiates de relance de la consommation, il salue les quelques annonces du chef de l'Etat et la réunion du 18 février avec les partenaires sociaux. Mais il prévient : «Il faudra mettre beaucoup de milliards d'euros sur la table. Sinon, la montagne accouchera d'une souris.» Et il sera de plus en plus difficile de venir en aide aux victimes de la crise car la conjoncture se dégrade vite.
Nicolas Sarkozy parle, ce jeudi soir, à la télévision, à partir de 20h15. Désormais sous la pression des 2 millions de Français descendus dans la rue le 29 janvier (photo), il n'entend pas changer de cap comme le réclament l'opposition et les syndicats. Chiffre du chômage, récession, bilan du gouvernement et évaluation des mesures anti-crise... En prévision de ce Sarkoshow, Mediapart rappelle ce qu'il faut avoir en tête avant d'écouter le chef de l'Etat.
Il y a un an, une enquête était déclenchée en France sur 92 exilés fiscaux au Liechtenstein. Les actionnaires du groupe Bolloré-Rivaud en font-ils partie? Peut-être. Les familles Fabri et de Ribes, actionnaires historiques du groupe Rivaud, comme le prouvent nos documents, ont depuis des années trouvé refuge dans la principauté, classée par l'OCDE comme une place financière «non coopérative». Vincent Bolloré jure qu'il n'est pas partie prenante à cet incroyable écheveau de trusts. Mais il n'ignore rien de leur existence. Mediapart publie quelques documents, jusqu'alors inaccessibles, de ces trusts si bien cachés.
C'est un parcours politique inattendu. Figurant parmi les meilleurs spécialistes français des questions sociales, Jacques Rigaudiat, qui a été le conseiller de Michel Rocard à Matignon, puis de Lionel Jospin, a quitté le PS pour suivre Jean-Luc Mélenchon au nouveau Parti de gauche. Pour Mediapart, il dresse un bilan critique des politiques de la gauche et analyse le cap suivi par Nicolas Sarkozy. Entretien vidéo.
* Lire aussi le blog de Jacques Rigaudiat sur Mediapart
Vincent Bolloré a deux métiers : industriel et financier. Il préfère de loin le second. Certains de ses coups financiers – Bouygues, Lazard, Vallourec – sont devenus légendaires. Pourtant, les formidables plus-values réalisées n'apparaissent que très peu dans les comptes de son groupe. Tout se passe ailleurs, de préférence au Luxembourg. L'argent qu'il a accumulé lui a servi en priorité à racheter tout le contrôle de son groupe. Désormais, Vincent Bolloré est seul maître à bord.
Les premiers résultats de la "task force" mise en place par l'Organisation mondiale du commerce le prouvent: de tentation, le protectionnisme est en train de devenir menace, qui avance encore masqué. En dépit des appels internationaux, celui du G20 de Washington notamment, certains pays ont déjà mis le doigt dans l'engrenage. Et aux Etats-Unis, la nouvelle administration Obama n'est pas immunisée contre ce virus. Analyse et entretien avec Patrick Messerlin, directeur du Groupe d'économie mondiale de Sciences-Po.
L'essentiel de la richesse du groupe Bolloré provient d'Afrique. En vingt ans, Vincent Bolloré s'est construit un royaume sur les débris de l'empire colonial français. Des entrepôts aux ports, il contrôle l'ensemble de la chaîne logistique et de transports sur les matières premières produites en Afrique de l'Ouest. Mais son emprise va plus loin. Même s'il n'apparaît qu'au second plan, il est un des actionnaires majeurs de Socfinal, un groupe qui exploite parmi les plus grands domaines de plantation d'Afrique. Deuxième volet de notre enquête sur le groupe Bolloré.