Pierre Gadonneix, le président d'EDF, est parti à la conquête du monde, chéquier ouvert. A quelques mois d'intervalles, l'électricien public vient de dépenser près de vingt milliards d'euros pour racheter une entreprise nucléaire en Grande-Bretagne et des actifs nucléaires aux Etats-Unis. Ces opérations sont justifiées au nom du développement du nucléaire français. Mais EDF a-t-il les moyens de soutenir une expansion internationale, la construction de plusieurs EPR dans le monde, et les investissements nécessaires en France? Ses comptes affichent une nette dégradation.
La «Note de conjoncture» que l'Insee publie ce vendredi 19 décembre dessine un scénario économique plus sombre que ne l'admet le gouvernement. Elle atteste que la France entre dans une brutale récession, avec un recul de l'activité qui pourrait atteindre -1,1% à la fin du mois de juin. En creux, le document permet de cerner trois erreurs de la politique économique française: une très mauvaise appréciation, délibérée ou non, de la dépression; l'absence de toute mesure véritable pour soutenir la demande intérieure; et une politique sociale qui accélère la crise au lieu de l'amortir. Le chômage devrait fortement augmenter au premier semestre 2009.
Cela commence à faire beaucoup. Lundi, Nicolas Sarkozy reculait sur le travail du dimanche. Il doit maintenant renoncer à l'examen du projet de loi autorisant le travail le dimanche avant 2009. Cette nuit, les débats à l'Assemblée sur ce texte ont en effet été suspendus au bout de deux heures. Officiellement, à cause du comportement de la gauche, qui a multiplié les incidents de séance. En réalité, ce projet de loi examiné en urgence sur décision du chef de l'Etat embarrasse de plus en plus la majorité.
En décidant de ramener ses taux directeurs entre 0 et 0,25%, la FED a utilisé son ultime arme monétaire "classique". Ce choix, dicté par un effondrement de l'économie américaine beaucoup plus rapide et profond que prévu, risque cependant de ne pas suffire. Le marché du crédit n'est toujours pas reparti, et la banque centrale envisage désormais d'utiliser des mesures «non conventionnelles». Le nouveau prix Nobel de l'économie, Paul Krugman, n'exclut pas qu'il faille recourir à «une nationalisation d'une partie significative du système financier» pour restaurer l'accès au crédit.
Entremetteur du capitalisme parisien et conseiller de Nicolas Sarkozy, Alain Minc est venu dire, mercredi 17 décembre, aux militants de l'UMP réunis en convention que la crise économique actuelle n'est pas gravissime. «On va redémarrer assez vite», a-t-il assuré. L'ancien président du conseil de surveillance du Monde s'est montré, en revanche, vivement inquiet des «lourdeurs françaises». Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a salué un «esprit libre». Récit.
La «minorité agissante» de l'UMP a gagné: après des mois de débats à l'UMP, Nicolas Sarkozy a dû lâcher du lest. La loi sur les dérogations au travail dominical doit être examinée à partir de mercredi 17 décembre. Elle sera sans doute adoptée début janvier. Mais plus question, comme l'avait souhaité le chef de l'Etat (c'était une de ses promesses de campagne), d'«autoriser le travail du dimanche pour les salariés volontaires». L'opposition a déjà déposé 4.000 amendements.
La Caisse nationale des Caisses d'épargne a annoncé, vendredi 12 décembre, son intention de racheter en numéraire la participation de 23,4% dans le Crédit foncier, participation qu'avait reçue Nexity au moment de son alliance avec l'Écureuil. Officiellement, il ne s'agit que d'une opération technique pour faire remonter le cours du groupe de promotion immobilière. Dans les faits, c'est un divorce qui se trame, qui pourrait se conclure ni par un bilan «gagnant-gagnant» ni même par un jeu à somme nulle pour l'Ecureuil.
Une fraude à 50 milliards de dollars, mais avec la plus vieille recette du monde: une pyramide à la Carlo Ponzi. Le scandale Bernie Madoff, qui éclabousse certains des grands noms de la finance mondiale, est-il seulement une escroquerie spectaculaire ou le résultat inévitable de l'exubérance irrationnelle qui a entouré l'économie et les marchés financiers américains depuis plus d'une décennie?
Quand il s'agit de prouver que les Français sont pour le travail dominical, il y a toujours un sondage qui tombe à point nommé. Au mois d'octobre, il y avait eu l'enquête IFOP parue dans le JDD. Vendredi 12 décembre, Le Figaro affirmait en une que «66% des Français» seraient pour l'ouverture des magasins le dimanche. Nicolas Sarkozy reçoit justement, lundi 15 décembre, la cinquantaine de députés UMP qui refusent toujours une modification de la loi. Plus facile de les faire plier si le chef de l'Etat a l'opinion avec lui ...
Ancien transfuge de la gauche, ex-secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet prend ce lundi 15 décembre la présidence de l'Autorité des marchés financiers. En faisant ce choix, Nicolas Sarkozy viole les règles qu'il avait lui-même édictées, prévoyant que toutes les nominations importantes devraient se faire sous le contrôle du Parlement. Cette promotion est révélatrice de ce capitalisme consanguin français, qui autorise le mélange des intérêts entre pouvoirs politiques et milieux d'affaires. Parti pris.
La panique financière, après la faillite de Lehman Brothers, conduit Dexia au bord du gouffre. En urgence, les gouvernements belge, français et luxembourgeois, doivent lui apporter 6,5 milliards d'euros de capital. Nicolas Sarkozy en profite pour imposer ses conditions et faire passer le pouvoir côté français. «L'Etat français a décidé», indique Augustin de Romanet, directeur général de la CDC, à des actionnaires belges médusés devant tant d'arrogance. Récit d'un sauvetage qui risque de laisser des traces profondes en Belgique, et qui aura sans doute des répercussions sur l'avenir de Dexia.
Aux Etats-Unis, les mauvaises nouvelles succèdent aux mauvaises nouvelles concernant l'état de la presse. Les rédactions licencient et les budgets sont coupés, quand ce ne sont pas les journaux qui sont à vendre. 15.000 postes ont été supprimés depuis le début de l'année. Longtemps une des mieux portantes (et des plus ambitieuses) au monde, la presse américaine vit actuellement une crise sans précédent. Tour d'horizon des problèmes.
C'est un paquet énergie-climat troué d'exemptions et de délais divers que le conseil européen a adopté vendredi 12 décembre à l'issue d'un faux suspense d'à peine vingt-quatre heures. Rac, Greenpeace, WWF, Amis de la terre, Can, dénoncent un compromis «de la honte» et appellent les parlementaires européens à l'amender lors du vote du 17 décembre. Lire aussi notre dossier sur le conseil européen:Angela Merkel pardonnera-t-elle à Sarkozy l'infidèle?Immigration: Hortefeux à la manœuvre dans une Europe sous contrôleVaclav Klaus rêve de faire dérailler le train de l'Europe
Ce devait être le lancement du groupe Dexia. Ce 29 mars 2000, la banque annonce le rachat d'une banque hollandaise, Labouchère, et celui d'une société américaine, FSA. Deux acquisitions fatales. La première a coûté au moins deux milliards à la banque, la seconde l'a précipitée au bord de faillite. L'addition de FSA est loin d'être réglée. Le dossier aggrave le contentieux entre Français et Belges.Suite de notre série sur l'affaire Dexia, cette banque au cœur du pouvoir local en Belgique et en France et aujourd'hui en faillite.
L'agonie des "Big Three" de Detroit annonce la mort d'un modèle d'industrie automobile remontant à Henry Ford et Alfred Sloan, le créateur de General Motors, puis perfectionné par Toyota mais aujourd'hui dépassé. Plutôt que l'acharnement thérapeutique, mieux vaut opter pour la préparation d'une quatrième révolution, celle du "dégroupage" et du "constructeur virtuel". Il faut détruire Detroit.
«Rétablir une forme d'autorisation administrative pour les licenciements boursiers.» Le porte-parole du PS et animateur de l'aile gauche du parti, Benoît Hamon, veut réanimer le vieux mécanisme supprimé en 1986. La direction du parti ne le suit pas, Martine Aubry s'étant, il y a dix ans, fortement opposée à un tel dispositif. Mais Hamon y croit-il vraiment? Pour celui qui tente d'ancrer le parti à gauche, il s'agit surtout d'envoyer un signal, en insistant là où ça fait mal : les renoncements successifs des années Jospin. Il peut ainsi préparer les batailles à venir contre l'autre aile de la majorité du PS, mélange hétéroclite de «jospinistes» et de «fabiusiens». Lire aussi:Affaire Tapie: au PS mieux vaut (trop) tard que jamais!