En 2023, Mediapart a fêté ses quinze ans d’existence, et l’a fait savoir dans quinze villes de France et à Bruxelles, où son festival itinérant a permis à l’équipe de rencontrer ses
abonné·es et d’échanger avec elles et eux de sa vision du journalisme et de sa couverture de l’actualité. Avec toujours cette volonté de diversifier ses formats et ses angles pour
toucher le plus grand nombre, nous avons décidé d’offrir à nos lectrices et lecteurs une rétrospective de cette année, compilant ses événements marquants et la façon dont Mediapart a
choisi d’y poser son regard.
Nos grands reportages, nos grandes séries ou dossiers, nos enquêtes au long cours ainsi que nos révélations et leur impact, nos émissions spéciales en vidéo, nos podcasts, nos
portfolios… Retrouvez notre regard sur l’année 2023, ses nœuds internationaux comme ses crises françaises (violences policières ou sexuelles, actualité politique et corruption, marche
économique du monde, luttes sociales, chaos climatique et migrations).
Le traitement de l’actualité sociale est depuis sa création l’une des priorités de Mediapart. Après avoir suivi au plus près
les conséquences de l’inflation galopante, la journaliste Khedidja Zerouali a
longuement enquêté sur l’enfer du décor à LVMH. De la Samaritaine à la Fondation Louis Vuitton, en passant par la précarité dans la photographie de mode, les discriminations et
harcèlements des univers de la vente ou de la confection, Mediapart radiographie la galère des petites mains du luxe.
Au début du mouvement, le 15 janvier, Mediapart avait déjà recensé les colères sociales
lors d’une poignante émission de témoignages sur le monde
du travail. Ce 13 mars, près d’une quarantaine de personnalités syndicales, intellectuelles et politiques se succèdent au sein de notre rédaction, et racontent leur détermination en même
temps que leur sidération face à la violence politique en cours.
« Savez-vous quelle réserve de rage vous venez de libérer ? »
Tribune
Le 18 mars, après que nous l’avons sollicité, l’écrivain Nicolas Mathieu s’adresse à Emmanuel Macron dans nos colonnes :
« L’exécutif est certes légitime mécaniquement, en vertu des textes et de la solidité de nos institutions, mais il a perdu ce qui donne vie à la vraie légitimité
politique en démocratie : un certain degré d’adhésion populaire. »
« Rien ne les arrêtera, il faut donc les arrêter »
Tribune
Un mois plus tard, le 15 avril, c’est l’écrivain Joseph Andras qui nous transmet un texte intitulé :
« Rien ne les arrêtera, il faut donc les arrêter ». Il y dénonce la violence d’un pouvoir qui « ne vaut rien » mais continue de suivre « son “cheminement démocratique” contre la démocratie ».
Contre la réforme des retraites, le rap comme « bande-son d’une lutte »
Musique
« Créativité, endurance, joie débordante : le mouvement social a tout gagné » :
ainsi titrait Mediapart le 13 avril, saluant la singularité d’une mobilisation ancrée dans les villes moyennes et innovante dans ses formes d’action. Nouveauté aussi, le mouvement a emporté avec lui plusieurs
figures du rap français.
La crise de l’hôpital public est documentée de longue date dans Mediapart. Parmi les nombreuses enquêtes de
notre dossier, l’« agonie ordinaire » d’Achata Yahaya, morte d’avoir trop
attendu son tour au Grand Hôpital de l’Est francilien, en octobre 2022. Un terrible récit clinique des six dernières heures de la vie d’une victime de la casse des services
publics, face auquel l’établissement admet un « délai inhabituel » de prise en charge, dans un contexte de « forte tension ».
Historienne et féministe, Michelle Perrot retrace à 94 ans, à l’occasion de la sortie d’un nouvel essai, Le Temps des féminismes, son parcours militant, ses choix de chercheuse et les tiraillements entre les deux. Avec un clin d’œil à l’année 1973, « charnière » pour les droits des femmes, un retour sur le mouvement #MeToo et le souci des « oubliées de l’Histoire ». Une série d’entretiens vidéo exceptionnels.
En Tunisie, dans l’indifférence, la mort d’une fillette naufragée
Reportage
Mediapart s’est rendu en Tunisie, à Sfax et dans l’archipel des Kerkennah, sur les traces d’une enfant dont le corps a été retrouvé sur une plage. Huit ans après le décès du petit Alan Kurdi en Turquie, sa photo n’a pas fait le tour du monde ni suscité la moindre réaction politique. Un silence révélateur de la banalisation des naufrages en mer. « On voit des cadavres presque tous les jours », témoigne un habitant.
Le 24 février 2022, en envahissant l’Ukraine, la Russie déclenche une guerre qu’elle espère courte. Un an plus tard, alors que les combats se poursuivent, Mediapart consacre un dossier au premier anniversaire du conflit.
En Russie, la population doit subir une propagande aux relents fascistes et une machine répressive sans précédent. Vladimir Poutine peut-il gagner son autre guerre, celle contre la société russe ?
Libérée en septembre 2022, vidée de la plupart de ses habitants, la ville ukrainienne située à 15 kilomètres de la frontière avec la Russie subit depuis un mois de nouvelles offensives. Celles et ceux qui restent traînent leurs peurs dans des rues désertes.
Foyer de la minorité ethnique bouriate, cette république défavorisée de Sibérie orientale, sur les bords du lac Baïkal, a déjà payé un très lourd tribut à l’invasion de l’Ukraine. Reportage dans une région marquée par la mort de ses hommes envoyés au combat.
Entre les hommes envoyés au front, les familles déplacées et les bénévoles mobilisés, tout le monde dans le pays est percuté par la guerre. Confrontés à la mort, les Ukrainiens reconsidèrent leurs priorités et les histoires de mariages et de naissances racontent une société recentrée sur l’essentiel : l’amour, la famille et les proches.
Avant l’invasion de l’Ukraine, Maria n’aurait jamais imaginé que son mari, Vania, 46 ans, s’engagerait dans l’armée russe pour aller combattre sur le front. Après son retour de l’enfer des tranchées pour une permission, elle n’a pas plus réussi à le retenir.
La grande roue de Kyiv continue de tourner, le métro de se remplir et les couples de se marier. Mais plus près du front, c’est la guerre qui dicte le quotidien. Deux vécus que la population, qui a montré son unité depuis l’invasion, s’efforce de ne pas rendre antagonistes.
Comprendre la guerre en Ukraine
Pour soutenir l’Ukraine face à la Russie, les pays de l’Otan fournissent quantité d’armes à Kyiv, et les alliances internationales se recomposent. Notre nouvelle émission, « Retex » se penche sur les enjeux militaires nationaux et internationaux, tandis que la chercheuse Maya Kandel chronique les débats politiques aux États-Unis et l’avocat et historien militaire Cédric Mas les stratégies des deux armées et l’évolution du front.
Livraisons à l’Ukraine : la France est-elle avare de ses armes ?
En attendant la contre-offensive ukrainienne, le Pentagone, le Congrès et l’industrie de défense des États-Unis se préparent à intensifier la production de munitions et de missiles. Si l’opinion opère un repli isolationniste, le soutien à l’Ukraine se fait davantage entendre côté républicain.
Comment l’offensive ukrainienne s’est dissoute dans l’été
Chronique
Début juillet, la situation se complique pour l’armée de Kyiv. Les progressions constatées sont très inférieures aux attentes des analystes et des opinions publiques. Les pays occidentaux se mettent à douter de la victoire contre la Russie. Troisième partie de notre récit de la guerre durant l’été 2023.
C’est la première enquête internationale sur les féminicides politiques. Un féminicide est un crime qui consiste à tuer une femme pour la cause qu’elle défend mais aussi parce qu’elle est une femme. Reportages, enquêtes, data, portraits : un travail inédit mené dans plusieurs pays, notamment la Colombie, le Kenya, l’Afghanistan ou encore la Grande-Bretagne.
Douze députés, six sénateurs et trois ministres sont actionnaires de TotalEnergies
Enquête
Parlementaires et ministres sont nombreux à disposer d’actions TotalEnergies dans leur portefeuille. Un conflit d’intérêts qui dérange à l’heure où le géant pétrolier tente d’échapper à toute régulation.
TotalEnergies est un objet journalistique important pour Mediapart, tant son influence sur l’environnement, l’économie, la politique l’est aussi. Nous avons même consacré au géant du fossile un après-midi de débats au mois de janvier, à Pantin (Seine-Saint-Denis). Un honneur qui a valu au journal une lettre de mise en garde de la part du directeur de la communication du groupe. Et qui prouve à quel point l’entreprise préfère l’ombre à la lumière.
Mercredi15mars
Aller simple, le choix du suicide assisté
Portfolio
Atteint d’une maladie dégénérative, Joseph a choisi un suicide assisté en Suisse, le jour de son anniversaire, le 20 août 2020, à 72 ans. Voici les soixante derniers jours de sa vie, jusqu’à sa mort dans une maison à proximité de Zurich, entouré de sa compagne et de ses deux enfants. Un sublime reportage de Pablo Chignard publié parmi nos portfolios hebdomadaires (tous les mercredis).
Dans la campagne française, l’accaparement de l’eau au profit de l’agriculture intensive soulève un vent de révolte qui unit associations environnementales et syndicats agricoles. Le 25 mars, à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, une manifestation dégénère en affrontements et de nombreux participants et participantes restent à terre. La réponse disproportionnée des forces de l’ordre et le blocage des secours font de cette date un jour noir dans l’histoire des combats écologistes. Retrouvez toutes nos enquêtes, analyses, entretiens et vidéos dans notre dossier sur les mégabassines et la guerre de l’eau.
Sainte-Soline a marqué aussi une étape dans l’histoire de la criminalisation du mouvement social et écologiste, comme dans l’évolution de nos libertés publiques. Annonce de dissolution des Soulèvements de la Terre, arrêtés préfectoraux illégaux, interdiction des rassemblements, etc. : manifester est-il devenu interdit ? C’était le sujet de notre émission vidéo du 2 juin.
« C’est une révolution, et une révolution, ça prend du temps. La République islamique va tomber. » De nombreuses manifestantes fuient la répression extrême des autorités iraniennes et trouvent refuge au Kurdistan d’Irak voisin. L’envoyée spéciale de Mediapart a rencontré celles qui rallient une autre guerre aux côtés des combattant·es peshmergas : la résistance kurde contre Téhéran et son combat pour l’autodétermination.
Au cours d’une enquête de plusieurs mois, Mediapart a recueilli de nombreux témoignages accusant Gérard Depardieu de violences sexuelles, notamment sur les tournages de onze films sortis entre 2004 et 2022. Le comédien dément tout comportement pénalement répréhensible. Ce dossier révèle une forme de complaisance française à contre-courant du mouvement #MeToo, car le célèbre acteur multiplie les apparitions au cinéma et dans les médias, malgré des alertes sur son comportement avec les femmes et une mise en examen pour « viols ».
Un dialogue inédit entre la sœur du père Hamel et la mère du terroriste
Attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray
A priori, ces deux femmes étaient prédestinées à se retrouver aux antipodes dans le prétoire. L’une est la sœur du père Hamel assassiné à l’été 2016 dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray par deux terroristes djihadistes ; l’autre est la mère d’un des deux assassins. Parce que les enquêtes de Matthieu Suc ont contribué à faire surgir la vérité sur cet attentat, Roseline Hamel et Aldjia Kermiche ont accepté de s’exprimer, pour la première fois, ensemble. C’était à l’occasion de la tournée des 15 ans de Mediapart, à Rouen.
Ils sont humiliés, frappés, parfois tués, dans le plus grand silence. Chaque semaine, en France, un homosexuel est attiré dans un piège. Ces guets-apens, symptômes d’une homophobie viscérale, n’ont pas disparu. Fruit d’une longue enquête, ce documentaire de 65 minutes, produit et réalisé par Mediapart, tente d’estimer ce phénomène : depuis cinq ans, nous avons dénombré 300 personnes tombées dans un piège homophobe. Le film donne la parole aux victimes, mais aussi à des agresseurs.
Nounours et cryptomonnaies à Dubaï : le mauvais film de Kev Adams
Enquête
Quelque 700 investisseurs ont perdu plus d’un million d’euros dans le projet de film d’animation Plush promu par la star Kev Adams. Mediapart a révélé les points noirs de ce projet, porté par une société opaque à Dubaï.
Mosquées attaquées : cette série noire que l’État ne veut pas voir
Datavisualisation
Attaques à main armée, incendies, tags, saccages, jets de pierres ou de viande porcine : à partir de sources ouvertes, Mediapart a décortiqué 77 atteintes aux mosquées commises en France depuis 2019. Ce chiffre, sous-évalué faute de données publiques suffisamment exploitables, révèle malgré tout des tendances inédites : une corrélation des faits à l’actualité, l’emprise croissante de l’extrême droite, le faible nombre d’affaires élucidées ou l’apathie des autorités.
En janvier 2022, Mediapart décide de raconter, à l’occasion de l’élection présidentielle, ce que le racisme, l’islamophobie et l’antisémitisme, entretenus par nombre de candidat·es et de médias, font à ce pays, et avant tout à celles et ceux qui subissent ces discriminations au quotidien. Une vingtaine d’épisodes plus tard, ces « chroniques de la haine ordinaire » sont devenues un livre. Puis une soirée spéciale, en vidéo et en public, à Paris.
La Guareña est une région d’Espagne accidentée, où souffle le vent et où il ne pleut quasiment pas. La population vieillit tandis que la terre devient de plus en plus aride. Avec une économie basée sur l’agriculture et l’élevage, il n’y a aucune perspective de changement. À travers un récit photographique personnel, Javier Arcenillas compose des diptyques qui confrontent les visages des habitants et des paysages représentant la course du soleil.
Ce travail a reçu le prix ISEM attribué à un travail documentaire en cours par le festival ImageSingulières de Sète, l’ETPA de Toulouse et Mediapart.
Le 31 mai, lors de l’audition de responsables associatifs devant la commission d’enquête sénatoriale sur le fonds Marianne, Marlène Schiappa a les oreilles qui sifflent. Si elle n’est plus ministre déléguée chargée de la citoyenneté lorsque sort cette affaire, elle est encore au gouvernement. Pendant plusieurs semaines, les révélations sur les conditions d’attribution de ces subventions publiques à des structures qui sont proches d’elle vont s’enchaîner, sans que la principale intéressée parvienne à éteindre l’incendie.
Mediapart révèle d’abord que l’association de Mohamed Sifaoui n’est pas la seule à avoir été grassement rémunérée par cette opération lancée après l’assassinat de Samuel Paty : une autre structure a en effet touché plus de 300 000 euros alors qu’elle venait d’être créée et n’avait aucune activité connue. On apprend par la suite que trois des collaborateurs de la ministre, dont son directeur de cabinet, ont participé à la sélection des candidatures.
Devenue encombrante, Marlène Schiappa sera finalement exfiltrée à la faveur du remaniement de juillet 2023.
À Mayotte, le deuil impossible d’une famille sur les décombres de « Wuambushu »
Enquête
Le 22 mai, Madi, ouvrier de 47 ans contraint de participer à la démolition de son propre quartier à Mayotte, s’est effondré. Son décès raconte, à lui seul, combien l’opération « Wuambushu », lancée à Mayotte par Gérald Darmanin pour déplacer ses bidonvilles, est une machine à broyer des vies. Nos reportages et analyses ne cessent de démontrer à quel point la France maintient sa souveraineté en violation flagrante du droit international.
Chantage à la sextape à Saint-Étienne : les victimes sortent du silence
Grande enquête
Dix mois après nos premières révélations, la victime du chantage à la sextape de Saint-Étienne, Gilles Artigues, prend pour la première fois la parole en vidéo. Accompagné de sa femme et de ses enfants, il raconte les huit années de calvaire durant lesquelles le maire et son clan l’ont tenu « en laisse ». Une opération sordide et homophobe montée avec de l’argent public. À partir de documents inédits recueillis par la police et la justice, Mediapart a publié une nouvelle série de révélations sur l’affaire qui vaut au maire de la ville, Gaël Perdriau, une mise en examen pour « chantage ».
Après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre (Hauts-de-Seine) le 27 juin, les quartiers populaires se sont embrasés, exprimant leurs colères face aux violences policières, aux discriminations racistes et à la relégation entretenues par les pouvoirs politiques et médiatiques. Au cœur du traitement éditorial de Mediapart, où plusieurs journalistes suivent la question des violences policières, de nouvelles victimes vont nous préoccuper durant cette révolte : Hedi, 22 ans, grièvement blessé à la tête à Marseille ; Mehdi, 21 ans, éborgné à Saint-Denis ; Abdelkarim, 22 ans, éborgné à Marseille ; Mohamed, 27 ans, mort après les tirs du Raid à Marseille ; Otman, 36 ans, violemment frappé à Marseille… Sans oublier Alhoussein, 19 ans, tué deux semaines avant Nahel et dans des circonstances similaires à Angoulême, dans l’indifférence quasi générale.
Après la mort de George Floyd, cet Afro-Américain tué par la police en 2020 aux États-Unis, la photographe franco-algérienne Lynn S.K. est allée à la rencontre de celles et ceux qui sont concernés par les discriminations raciales en France. Elle a recueilli la parole de seize jeunes âgés de 20 à 38 ans issus de l’immigration post-coloniale. Des histoires particulières qui illustrent le caractère systémique du racisme.
Caroline, Nathaniel, Virgil, Abdel, Otman… Trois mois après la mort de Nahel, plusieurs personnes victimes de violences policières en marge des émeutes et des révoltes ont témoigné dans une émission spéciale de « À l’air libre ». Elles racontent leurs souffrances, leur colère et ce qu’elles attendent : une reconnaissance des violences policières qu’elles ont subies.
Pour Mediapart, Feurat Alani, reporter et écrivain, raconte l’après-Nahel depuis Nanterre, où il a grandi. Une série de quatre reportages qui interrogent la vie d’après au cœur des tours nuages, auprès des « anciens » comme des jeunes de la génération Nahel.
De la capitale russe jusqu’à Rostov-sur-le-Don, à proximité de la frontière avec l’Ukraine, la correspondante de Mediapart est partie à la rencontre de celles et ceux qui ont vécu la mutinerie avortée d’Evgueni Prigojine. Si ses sentiments envers le chef de la milice privée étaient mitigés, la population affichait globalement une grande indifférence face à la violence de l’événement, qu’elle considère comme un conflit de personnes qui ne la concerne pas. Notre reportage le long de l’autoroute du Sud a été réalisé un mois et demi avant le décès dans un crash d’avion, non élucidé à ce jour, du protégé de Vladimir Poutine, devenu félon putschiste.
Jean-Luc Mélenchon : « Le pouvoir ne contrôle plus la police, il en a peur »
Grand entretien
« Il y a eu un retournement du front républicain, transformé en “front antipopulaire”. » Ce 5 juillet, Jean-Luc Mélenchon s’exprime dans nos colonnes sur la fuite en avant policière du pouvoir macroniste, une semaine après la mort de Nahel. Le moment est relativement rare dans l’histoire de Mediapart. Au gré de nos invitations sur nos plateaux télévisés, déclinées depuis 2014, les relations avec le héraut insoumis sont en effet capricieuses et compliquées (lire par exemple ce billet de François Bonnet en 2017).
Cette année encore, à côté du suivi attentif du groupe La France insoumise (LFI) à l’Assemblée nationale, les mises à distance avec les pratiques et le comportement politiques de Mélenchon ont été nombreuses. Qu’il s’agisse des insuffisances démocratiques, incarnées par les crispations de l’ancien candidat à la présidentielle vis-à-vis de figures de la tête du mouvement (Ruffin, Corbière ou Autain en début d’année, puis Garrido à l’automne), et à l’inverse de ses protections incompréhensibles (Quatennens puis Chikirou). Ou qu’il s’agisse de sa stratégie du « bruit et la fureur » qui ne passe pas et l’a conduit à un défaut d’empathie après les attaques du Hamas en Israël le 7 octobre, alimentant le procès justifié de ses ambiguïtés coupables face au poison de l’antisémitisme en France.
« Plus de 200 Français ont été fichés pour le compte des services secrets des Émirats arabes unis. » Le 7 juillet est publié le premier volet de notre série d’enquête « Abu Dhabi Secrets », qui révèle les opérations spéciales menées par l’agence Alp Services pour le compte des Émirats arabes unis : fichage de personnes ou d’organisations, opérations d’influence en ligne, plaidoyers auprès d’élus du Rassemblement national, utilisation de journalistes rémunérés.
Une enquête réalisée avec notre consortium de journaux European Investigative Collaborations (EIC), structuré depuis nos dix ans autour du Spiegel, du Soir ou encore The Black Sea…
Inflation : les géants de l’agroalimentaire ont fait les poches des consommateurs
Analyse
Dès l’automne 2021, l’inflation et les mesures prises pour la contrer s’annonçaient comme une menace majeure. Le titre du dossier que nous n’avons cessé d’alimenter depuis est clair : « Attention inflation ! » Deux ans plus tard, le constat tiré en juillet 2023 montre que ces alertes étaient plus que justifiées, et que les géants de l’agroalimentaire ont fait les poches des consommateurs et consommatrices. Devant un gouvernement (volontairement) impuissant.
Nicolas Bedos visé par une enquête pour « viol » et « agression sexuelle »
Enquête
« Accidentel ». C’est avec ce mot que l’avocate du réalisateur Nicolas Bedos a défini auprès de l’Agence France-Presse (AFP) un geste déplacé « sous l’effet de l’ébriété », après le dépôt d’une plainte pour « agression sexuelle » contre lui. C’est ce même mot qui a fait réagir quatre femmes, dont deux ont décidé de saisir la justice, et qui ont confié leurs récits à Mediapart.
Fadila Khattabi, la nouvelle ministre qui ne payait pas les heures sup’
Enquête
« L’information n’a pas pu échapper à l’Élysée et à Matignon. » Ainsi commence l’article d’Antton Rouget, publié ce 20 juillet, une heure seulement après l’annonce du remaniement gouvernemental. Nouvelle ministre déléguée aux personnes handicapées, la députée Fadila Khattabi a été condamnée aux prud’hommes un mois plus tôt pour non-paiement d’heures supplémentaires à sa collaboratrice parlementaire.
« Se reposer les yeux ouverts sur le monde » : ce slogan marque l’annonce de nos « séries d’été ». Pour cet exercice médiatique convenu, Mediapart s’attelle à rester dans l’actu, en ouvrant ses colonnes à des feuilletons journalistiques, entre reportages et enquêtes, dont beaucoup sont proposés et réalisés par nos collaborateurs réguliers.
Parfois, ces séries préparées plusieurs semaines avant leur publication rencontrent l’actualité, comme ce 7 août où, dix minutes après la publication du dernier épisode de la série de Jean-François Demay consacrée à L’Exorciste, on apprenait la mort de son réalisateur, William Friedkin. Parfois, la résonance est plus tragique, comme avec la dernière de ces publications estivales, fin août, consacrée à Israël-Palestine. Son titre : « La paix aurait trente ans »…
Vendredi25août
Affaire libyenne, vers la fin d’un feuilleton au long cours
Financement électoral
Ce 25 août, après dix années d’enquête judiciaire, Nicolas Sarkozy est renvoyé en correctionnelle dans l’affaire des financements libyens de sa campagne de 2007. Son procès aura lieu à partir de janvier 2025. Depuis 2011, nous n’avons eu de cesse de documenter cette affaire d’une gravité inédite dans l’histoire de la Ve République : notre dossier, composé de nos enquêtes et du suivi des avancées, compte 150 articles.
Face à l’indifférence, voire l’hostilité d’une presse sous influence devant cette affaire tentaculaire, nous multiplions les formats pour la raconter. En vidéo, sous forme de chronologie, ou désormais en podcast : en quatre épisodes, les deux journalistes de Mediapart Fabrice Arfi et Karl Laske expliquent comment ils ont travaillé, ce qu’ils ont découvert, les obstacles et pressions qu’ils ont affrontés.
Dans la lignée des billets hebdomadaires de Michaël Hajdenberg qui ouvre la Lettre enquête et raconte chaque samedi nos coulisses (ici compilés sur son blog), une nouvelle série audio voit alors le jour : « De l’enquête au procès », qui va se décliner au gré des audiences de ministres rythmant l’automne judiciaire (Blanquer, Dussopt, Dupond-Moretti).
Tandis qu’une nouvelle fois la tenue des jeunes filles est instrumentalisée, plus d’une dizaine de témoignages pointent la « police du vêtement » mise en place dans certains établissements, où se vêtir devient pour certaines un casse-tête.
Le 11 septembre 1973, un putsch militaire met fin à la présidence de Salvador Allende. Cinquante ans après, le pays commémore l’événement dans un climat de tensions nourri par le rejet, un an plus tôt, de son projet de Constitution et par la domination de l’extrême droite dans la nouvelle assemblée constituante.
En France, la gauche a tiré peu de leçons des résistances auxquelles doit se préparer tout pouvoir progressiste. Tandis que le Chili, laboratoire du néolibéralisme, en apprend aujourd’hui les limites.
Dans une série de trois articles, Mediapart revient également sur les milliers d’enfants chiliens adoptés à l’étranger, pour la plupart sous la dictature de Pinochet, sans le consentement de leurs familles biologiques. Une affaire qui occupe la justice chilienne depuis 2018.
Jeudi21septembre
L’animateur Stéphane Plaza accusé de violences sur trois anciennes compagnes
Enquête
Une enquête de Mediapart révèle les maltraitances exercées par l’agent immobilier popularisé par M6 sur trois de ses compagnes : humiliations, menaces, violences verbales et, pour deux d’entre elles, physiques. L’animateur dénonce des accusations « fantaisistes ».
François Ruffin face à Thomas Piketty et Julia Cagé
Ranimer la gauche, mais comment ?
Loin des polémiques des chaînes d’information en continu, Mediapart fait émerger les dissensions ou les points de convergence sur les thématiques qui rythment l’actualité et invite les politiques à en débattre au cours d’entretiens croisés ou sur le plateau de l’émission « À l’air libre », comme le 13 novembre avec le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. Le 27 septembre, le député insoumis François Ruffin y débat de la meilleure façon de ranimer la gauche, avec Julia Cagé et Thomas Piketty, qui viennent de signer Une histoire du conflit politique, le livre-événement de la rentrée.
L’enquête « Predator Files » a duré un an. Au centre de nos révélations, en partenariat avec des journaux membres de l’European Investigative Collaborations : des armes de surveillance de masse vendues avec l’assentiment de la France aux pires dictatures de la planète pour qu’elles surveillent, répriment et parfois tuent des journalistes ou des défenseurs des droits humains. Des armes également utilisées par des démocraties occidentales, comme la Grèce ou l’Espagne, pour surveiller les opposant·es.
Les lecteurs et lectrices sont ainsi plongé·es dans les méthodes des sociétés de cybersurveillance européennes Nexa et Intellexa, qui ont vendu de puissants logiciels espions, dont le fameux Predator, avec parfois l’aide de la France.
Le 7 octobre 2023, le conflit israélo-palestinien, passé au second plan depuis des années, fait un retour dramatique à la une des journaux du monde entier, après l’opération ultraviolente menée par le Hamas depuis la bande de Gaza. Passé le choc des premières heures, Israël se retrouve dans une très large majorité derrière son gouvernement pour crier vengeance, mettant de côté, du moins provisoirement, la question des failles sécuritaires. Le premier ministre Benyamin Nétanyahou promet l’anéantissement du Hamas. La bande de Gaza fait depuis l’objet d’une offensive particulièrement meurtrière, notamment pour les civils, et d’un blocus qui interdit à cette heure d’en rendre compte de manière indépendante. Mediapart s’est efforcé de suivre les événements au plus près du terrain avec ses reportages, mais aussi de donner à comprendre cette guerre, avec nos grands entretiens.
À Mevasseret Tsion, à quelques kilomètres de la vieille ville de Jérusalem, la télé est branchée 24 heures sur 24 sur les chaînes d’info. Moti Levy, propriétaire d’un garage, estime que l’énormité des attaques du Hamas le 7 octobre a fait changer le pays de paradigme vis-à-vis de son armée.
Après l’attaque du Hamas le long de la bande de Gaza, la menace d’un nouveau front contre le Hezbollah plane sur les villages situés à la frontière. La région, une zone d’exclusion militaire, a procédé à l’évacuation de la plupart de ses habitants.
La société israélienne est à la fois en deuil et en guerre. Traumatisée et mobilisée. La colère qui s’exprime vise parfois Nétanyahou sans remettre en cause, sinon à la marge, ce qui se passe actuellement à Gaza.
Sur le terrain : vu de Cisjordanie et des Palestiniens d’Israël
Plus de 2 000 Palestiniens sont enfermés dans les prisons israéliennes sous ce régime de détention arbitraire, qui permet à l’État hébreu d’emprisonner sans inculpation ni procès. Un chiffre en forte hausse depuis les attaques du 7 octobre. Certains de ces prisonniers devraient faire partie de l’échange avec les otages israéliens.
Après l’attaque du Hamas le long de la bande de Gaza, la menace d’un nouveau front contre le Hezbollah plane sur les villages situés à la frontière. La région, une zone d’exclusion militaire, a procédé à l’évacuation de la plupart de ses habitants.
Étudiants comme professeurs de la grande université proche de Ramallah constatent l’impasse du « processus de paix » ou de la « solution à deux États ». À l’image de nombreux Palestiniens, ils voient les attaques du Hamas comme une brutale mais salutaire réaffirmation de la cause palestinienne.
Alors que le pouvoir égyptien communique sur l’accueil de 31 nourrissons prématurés venus de l’hôpital Al-Shifa, reportage dans la capitale auprès des rares blessés évacués de Gaza vers l’Égypte depuis le début du mois de novembre.
Pédiatre à la retraite, Adel a été évacué de Gaza début novembre et est rentré il y a dix jours à Paris. Auprès de Mediapart, il témoigne des bombardements israéliens incessants, de la mort qui est partout, de son ressentiment à l’égard de la France « qui ne condamne pas les crimes commis ».
Pendant que l’armée israélienne encercle Khan Younès au sud de l’enclave, les opérations se poursuivent au nord, notamment dans le camp de Jabalia, transformé en cimetière susceptible de devenir une « zone tampon » entre Israël et ce qu’il restera de Gaza.
Israël, Cisjordanie : dix-sept jours face à la guerre
Portfolio
Pendant dix-sept jours à partir du 7 octobre, le photographe Arthur Larie et le rédacteur Bastien Massa ont parcouru le pays du nord au sud, en passant par la Cisjordanie, pour documenter les conséquences de la guerre sur les civils des deux côtés du mur, alors que Gaza demeure inaccessible à la presse étrangère.
Des années d’enquêtes, un hashtag (mot-dièse) qui devient un phénomène mondial, des sociétés qui évoluent plus ou moins, plus ou moins lentement et plus ou moins dans le bon sens. À l’occasion des six ans de #MeToo, Mediapart publie, sous l’égide de la journaliste responsable des questions de genre du journal, Lénaïg Bredoux, un livre, et, pour le lancer, organise une soirée en direct et en public à Paris.
Retenu prisonnier en Afghanistan par les talibans depuis janvier 2023, Mortaza Behboudi, collaborateur de Mediapart, est finalement libéré après 284 jours d’emprisonnement durant lesquels il a subi de multiples abus, dont la torture. Le comité de soutien en France, composé de son épouse Aleksandra Mostovaja, de la journaliste Solène Chalvon-Fioriti, du directeur plaidoyer et assistance de Reporters sans frontières (RSF) Antoine Bernard et de notre collègue Rachida El Azzouzi, qui a œuvré des mois durant dans l’ombre pour obtenir sa libération, peut enfin l’accueillir en France.
« Il faut mener le combat pour l’information dans des pays où les médias n’existent plus », explique-t-il quelques jours après son retour en France sur le plateau de « À l’air libre ».
Inondations : dans le Pas-de-Calais, des habitants pris entre deux eaux
Reportage
Des pluies exceptionnelles ont fait sortir la Canche de son lit et inondé la région de Montreuil-sur-Mer. Dans les villages alentour, la crue a tout dévasté, malgré une solidarité sans faille des habitant·es, qui ont tenté de sauver tout ce qui pouvait l’être.
Du chlordécone au glyphosate, la parole aux victimes de pesticides
Émission spéciale
C’était la veille d’un vote à Bruxelles qui a abouti à une prolongation de l’autorisation du glyphosate jusqu’en 2033, malgré les études scientifiques qui concluent à sa nocivité. Ce jour-là, Mediapart a fait témoigner les victimes. Neuf personnes touchées par des pathologies liées aux herbicides ont témoigné sur notre plateau. Toutes et tous racontent leur lutte contre la maladie, les mauvaises pratiques et le silence du monde agricole entretenu par les lobbys.
Avec 55,7 % des voix, le libertarien Javier Milei est le nouveau visage de la droite extrême en Amérique du Sud en devenant le nouveau président argentin. Il prend la tête d’un État qu’il veut débiter à la tronçonneuse en supprimant la Banque centrale, la plupart des ministères mais aussi le droit à l’avortement. Ce fan de l’économiste Murray Rothbard, au look de rocker, est un nouveau symptôme de la crise que traversent les démocraties dans le monde.
Après Crépol, l’extrême droite se lâche à Romans-sur-Isère
Violences racistes
C’était le 18 novembre : un jeune homme de 16 ans perd la vie, poignardé au cours d’une rixe après un bal dans un village de la Drôme. Un fait divers dramatique récupéré à l’envi par l’extrême droite, qui claironne sur tous les canaux que « la guerre civile » a commencé. Le procédé n’est pas neuf, mais il encourage une « descente » de néonazis dans le quartier de la Monnaie à Romans-sur-Isère, d’où sont originaires plusieurs suspects.
Le bruit des bottes, le silence des pantoufles
Parti pris
Des bandes d’extrême droite multiplient les actions punitives visant migrants, Arabes et musulmans. Une violence raciste et islamophobe qui ne suscite pas de réaction politique et médiatique à la hauteur du danger qu’elle incarne.
Dans un contexte de plus en plus alarmant, Mediapart renforce encore sa couverture des extrêmes droites, en lançant notamment une newsletter dédiée dans laquelle vous pourrez retrouver nos enquêtes, nos reportages, nos analyses, mais aussi des rendez-vous inédits afin de casser la vitrine de la « normalisation ».
Et si vous avez des informations à nous communiquer, si vous souhaitez nous alerter ou tout simplement nous poser des questions, vous pouvez désormais nous écrire à l’adresse mail suivante : extremedroite@mediapart.fr.
Décembre
Dimanche3décembre
Aïcha, 13 ans, meurt après que des pompiers ne l’ont pas crue
Enquête vidéo
Mariama, 42 ans, se repasse le film en boucle. En larmes, elle pense à cette soirée, veille de l’été, lorsque sa fille a fait un malaise et qu’elle a contacté le 18. Et si elle avait plutôt appelé le Samu ? Et si une autre équipe de pompiers était intervenue ? « Et si nous n’étions pas noires ? »
À quelques jours de son prix Nobel de la paix, Rachida El Azzouzi est parvenue à entrer en contact avec Narges Mohammadi, depuis la sinistre prison iranienne d’Evin. Militante infatigable des droits des femmes en Iran depuis des dizaines d’années, dont de nombreuses passées en prison, Narges Mohammadi raconte son enfermement, ses combats du quotidien comme au sens large, l’importance du mouvement Femme, vie, liberté pour l’Iran mais aussi pour le monde entier. « Les murs de cette prison ne pourront pas étouffer ma voix », dit-elle.
Alors que la production de films documentaires est foisonnante, la question de leur visibilité sur les écrans est plus difficile. C’est pourquoi Mediapart diffuse chaque samedi un film documentaire, disponible pour nos abonné·es durant quatre semaines. Au cœur du journal, c’est un espace ouvert à d’autres narrations, d’autres temporalités, d’autres images du monde. La plupart de ces films, repérés en festival, sont diffusés en partenariat avec la plateforme de vidéos Tënk. À l’exemple du film diffusé samedi 9 décembre, Jungle, de Louise Mootz, portrait intime d’une bande d’amies de 23 ans, habitantes des quartiers nord de Paris, qui parlent librement de sexualité et d’amour.
Mercredi13décembre
COP28 : un accord en trompe-l’œil
Écologie
Le 28e sommet international sur le climat accouche d’un texte envoyant un signal politique vers la sortie des énergies fossiles, mais truffé d’éléments de langage dictés par les lobbyistes du pétrole. Pendant deux semaines, Mickaël Correïa a suivi des négociations en documentant l’omniprésence et la puissance des lobbies du fossile (par exemple dans cette émission) pour réduire l’ambition du sommet climatique, accueillie dans la dystopique Dubaï, où le bilan carbone par habitant est parmi les plus élevés au monde.
« Ce jour où le macronisme s’est révélé un lepénisme ». Le titre du parti pris d’Edwy Plenel résume la sidération qui s’est emparée de la France ce mardi 19 décembre. La loi immigration vient d’être tout juste votée par les macronistes, la droite LR et le Rassemblement national. En quelques jours, au terme d’un invraisemblable cheminement parlementaire, plusieurs propositions historiques d’extrême droite sont adoptées. Au nom de l’attentat d’Arras du 13 octobre, une batterie de mesures (déchéance de nationalité, atteintes au droit du sol, aides sociales, universités, logement…) va cibler et discriminer les étrangers qui vivent en France.
Mediapart a suivi avec acuité l’avancement de cette loi scélérate (ici notre dossier), restée plus d’un an au stade de serpent de mer porté par un Gérald Darmanin en pleine dérive. Avant de devenir cruelle réalité pour les premiers concernés. Ceux à qui nous avons choisi de donner constamment la parole, jusqu’à une émission spéciale recueillant le témoignage de cinq d’entre eux. Alors que leurs vies, leurs intentions supposées ne cessent d’être caricaturées, ils et elles nous racontent leurs histoires, leurs parcours, loin des fantasmes et des discours racistes.
Voilà notre sélection de billets remarquables en 2023. Nous en avons pris à différentes périodes et sur différents thèmes (exil, précarité, handicap, lutte écolo, Gaza), mais tous très caractéristiques de notre espace de contributions.
Nous n’avons pas retenu de tribune, ni de propos d’experts, une grande richesse de notre Club pourtant. Mais seulement des témoignages. Parfois des abonné·es de longue date, parfois des « oiseaux de passage », venus spontanément, ou par l’entremise des journalistes de l’équipe.
Ces billets ont tous été valorisés en une et dans notre newsletter, certains ont eu du succès, d’autres moins, mais nous considérons que la viralité n’est pas un critère d’appréciation, à la différence de la qualité de l’écriture, de l’originalité, de la rareté. Bref, ce sont des paroles sincères et singulières, la crème de la crème du Club de Mediapart.
OQTF : la réalité derrière ces quatre lettres
Migrations
À cause de l’OQTF, j’ai perdu mon travail étudiant. Je me suis retrouvé sans ressources du jour au lendemain, sans rien. C’est très dur, car je cotisais comme tout le monde. Avec ma compagne, on attend une petite fille pour juin prochain. D’ici là, je dois me terrer.
Éducatrice de rue, je travaille au sein d’une équipe qui va à la rencontre des personnes vivant à la rue, au détour de maraudes et de signalements qui nous sont faits via le 115 (numéro pour les sans-abris). Témoin de ce désespoir qui grandit dehors, de cette dignité qui s’amenuise, de ces têtes qui se baissent.
Elle s’appelait Maria-Annick. Les gens qui l’aimaient l’appelait Marie. Moi, je l’appelais maman. Marie n’a pas connu la retraite, son corps a lâché avant. Les dernières semaines, elle répétait en boucle : « C’est le travail qui m’a rendue malade ».
Dire ne suffit pas, promettre non plus. Avoir des idées ne suffit pas, être bienveillant non plus. Bricoler des édits ne suffit pas, obliger les institutions non préparées à les mettre en place non plus !
« Tu vas peut-être tuer quelqu’un pour défendre le trou derrière toi… »
Sainte-Soline
Nous avons vu cette BRAV des champs montée sur quads faire vrombir les moteurs. Corps militaires carapacés, armes létales, masculinité guerrière, armada ultra sophistiquée, le tout au service de l’agro-industrie.
À travers cet article, je décide de sortir du silence et d’évoquer mon vécu en restauration brasserie. Pourquoi ? Aujourd’hui, nous sommes des milliers d’employés à vivre des situations infernales, mais les gens préfèrent en général se taire, éviter de trop parler et s’en aller.
Deux amis, un à Gaza, l’autre à Paris, échangent à distance, et de rares fois en vrai, depuis 20 ans. Ils décident de publier ce qu’ils se disent depuis le début du mois d’octobre. Simplement.
L’accélération de la concentration des médias dans la main de quelques industriels du luxe, des télécoms et de l’armement, entre autres, met en péril le pluralisme de notre secteur, en formatant les regards sur le monde. À distance d’une presse formaté, offrez(-vous) le regard indépendant de Mediapart à partir de 25 €.
(M’)offrir Mediapart
Crédits
Coordination : Nelson Kontogom
Développement et intégration : Jean‑Claude Simpson
Design : Simon Toupet
Textes et sélection des articles et images : le pôle Central d’édition de Mediapart (Adama Sissoko, Géraldine Delacroix, Armel Baudet, Sébastien Calvet, Jean‑François Demay, Christophe Gueugneau, Donatien Huet et Stéphane Alliès)
Correction : Alexandra Buisseret, Camille Monnier, Bertrand Rouziès
Sur une idée originale de Julie Sockeel