Dans cette ville de Seine-Saint-Denis, la révolte d’une partie de la jeunesse n’a trouvé comme réponse que les gaz lacrymogènes. Sur le terrain, les élus locaux désertent et les acteurs associatifs désespèrent. Depuis l’élection d’une maire UDI, en 2020, le lien semble s’être coupé entre les pouvoirs publics locaux et les quartiers populaires.
Jean Messiha, qui a successivement conseillé Marine LePen et Éric Zemmour, a lancé une cagnotte pour soutenir le policier mis en examen pour le meurtre de Nahel, estimant qu’il avait «fait son travail». Le chroniqueur de CNews s’est vanté que la collecte, qui atteint près de 780 000 euros ce dimanche soir, dépasse celle ouverte pour la mère du jeune homme tué.
Dans la nuit de samedi à dimanche, le domicile de Vincent Jeanbrun, porte-parole du parti Les Républicains, a été visé par une voiture-bélier en feu. Son épouse et l’un de leurs enfants sont hospitalisés. Une enquête pour tentative d’assassinat a été ouverte.
Au moment de l’adoption, sous pression des policiers, de la loi de 2017 modifiant les conditions d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, le Défenseur des droits et la société civile avaient alerté sur l’inévitable explosion du nombre de victimes à venir.
Mediapart a suivi jour et nuit les éducateurs de rue de Tourcoing (Nord), la ville de Gérald Darmanin. Alors que les quartiers s’enflamment, ces professionnels de la prévention, à la peine dans l’espace public, tentent de s’approprier une des armes de la révolte, les réseaux sociaux. Avec difficultés.
Tirs de mortier, incendies de poubelles, télévisions volées: à Nanterre, des peines de prison avec mandat de dépôt ont presque systématiquement été requises contre les jeunes arrêtés lors des émeutes ayant suivi le meurtre du jeune Nahel par un policier. Aux juges de s’y retrouver, dans l’urgence.
Les deux textes examinés par l’Assemblée nationale à partir de lundi mettent l’accent sur le recrutement de personnels judiciaires et pénitentiaires. Aux yeux de l’opposition de gauche, ces avancées sont insuffisantes et mal définies. Certains points doivent encore être tranchés en séance.
La justice française a condamné mercredi 28juin un ancien gendarme rwandais à la prison à perpétuité pour son rôle dans le génocide des Tutsis en 1994. Mais à 6000 kilomètres de Paris, les habitants de sa région regrettent leur éloignement des débats, s’ils les connaissent.
Depuis le déclenchement de la guerre entre les généraux le 15 avril, les initiatives diplomatiques se multiplient, en ordre dispersé et sans aucun résultat tangible. La situation sur le terrain se détériore de jour en jour, la communauté internationale persiste dans son erreur: considérer les belligérants comme parties de la solution.
Depuis des années, les armées intègrent officiellement à leurs doctrines et leurs pratiques des considérations environnementales. Est-ce une évolution à prendre au sérieux, quand on connaît les destructions qu’elles occasionnent? Nous en parlons avec Adrien Estève, auteur de «Guerre et écologie».
Notre podcast culturel débat de «Retrouver Fiona» de Dalie Farah, de «Requiem pour la classe moyenne» d’Aurélien Delsaux et de l’ultime livre de Jeroen Brouwers, «Le Client E.Busken».
La vie a-t-elle forcément émergé ailleurs dans l’univers? Ou bien représente-t-elle une caractéristique intrinsèque de notre planète Terre? Alors que les missions spatiales en quête de vie extraterrestre s’accélèrent, ce vieux débat continue d’animer la recherche.
Deux anciens dirigeants du groupe privé Orpea ont été placés en détention provisoire après l’ouverture d’une information judiciaire jeudi pour «abus de confiance», «escroqueries», «abus de biens sociaux», «blanchiment en bande organisée» et «corruption», a indiqué vendredi à l’AFP le parquet de Nanterre. Une décision qui survient deux ans après les révélations de Mediapart à ce sujet.
Le chantier des conservatoires jongle avec les contraintes: budgétaires, patrimoniales, écologiques et bien entendu pédagogiques. Le tout en impliquant les usagers. Enquête sur des travaux qui reflètent les bouleversements de l’enseignement musical en France.
parPauline Demange-Dilasser (La Lettre du musicien)
Né en décembre 1922, ancien résistant déporté au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, en Alsace, Jean Villeret se dévoue à la transmission. Rencontre avec cet ultime survivant qui publie un livre d’entretiens: «Un jour, nos voix se tairont».
Claude Delafosse, artiste, bidouilleur, touche-à-tout, s’est mis en tête de faire enfin «son» film. Il embarque avec lui Gaston, son petit-fils de 7 ans, dans unedrôle de leçon de cinéma. Dans un joyeux bazar, «L’Effet de mes rides» est une histoire de transmission remplie d’amour pour comprendre comment les idées prennent vie grâce à la puissance de l’imagination.
Il s’agit de l’aboutissement de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris après les accusations portées par trois femmes de «viol» ou de «tentative de viol». L’ancien ministre d’Emmanuel Macron a toujours contesté les faits reprochés.
Piotr Pavlenski et Alexandra de Taddeo étaient jugés mercredi 28 juin au tribunal de Paris pour avoir diffusé en 2020 des vidéos intimes du député et porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. L’artiste russe et sa compagne ont tenté de transformer l’audience en performance artistique, et ont refusé de s’expliquer.
Décryptant l’arrêt de la Cour de cassation, Mediapart a récemment relevé qu’elle disculpait en partie les deux hauts fonctionnaires concernés, dont Stéphane Richard. Mais c’est une erreur: le sort des deux derniers prévenus est encore en balance.
La plus grosse porcherie de France a été condamnée jeudi 29 juin par le tribunal de Brest pour avoir déversé des milliers de litres de lisier dans une rivière de la côte bretonne. À l’amende s’ajoute notamment l’interdiction de demander des aides publiques pendant un an.
Alors que l’émission «Drag Race France» redémarre vendredi soir sur France TV, avec deux artistes noires au casting de sa saison 2, plusieurs drag-queens racontent à Mediapart le racisme auquel elles sont confrontées. Non seulement de la part du public, mais aussi, plus insidieusement, dans leur milieu professionnel.
«Décivilisation», guerre en Ukraine, naufrages en Méditerranée… Le philosophe Étienne Balibar explore les conditions d’une «cosmopolitique» susceptible de dévier le cap au pire. Entretien.
Le gouvernement malien a demandé le retrait «sans délai» de la mission des Nations unies, au prétexte qu’elle serait inefficace. Ce départ, qui devrait intervenir dans quelques mois, plonge le Mali dans une période d’incertitudes. Bien que critiqués de toutes parts, les Casques bleus jouaient un rôle important dans la stabilisation du pays.
Avec « Un empire bon marché », l’économiste Denis Cogneau montre que les pays colonisés n’ont pas été un fardeau économique pour la France et que des intérêts minoritaires se sont accrochés jusqu’au bout à leur domination. Une thèse qui va à l’encontre de celle de Jacques Marseille, qui a longtemps fait autorité.
Tapachula, à l’extrême sud du Mexique,est la principale ville frontière avec le Guatemala. Elle est devenue l’un des épicentres de la crise migratoire où les personnes exilées doivent demander leur permis de migration vers les États-Unis avant de poursuivre leur voyage. Bloquées, des milliers de personnes y vivent avec un accès limité aux services de base tels que la nourriture, le logement et les soins médicaux.
parMahé Elipe (Photos) et Caterina Morbiato (Textes)
Des scènes de pillages de magasins se sont déroulées dans des villes de France depuis jeudi, en réaction à la mort de Nahel. Simple banditisme en marge du soulèvement? Ces pillages ont-ils en soi une dimension politique? Tentative de réponse, depuis l’analyse de précédents en Argentine (2001), au Burkina Faso (2008) ou à Londres (2011).
Des dizaines de commerces à Montreuil, surtout dans le centre-ville, ont été la cible de pillages la nuit passée, ce qui provoque des sentiments mitigés chez les habitants dans cette ville de gauche connue pour sa grande mixité sociale.
Après la mort de Nahel, 17 ans, victime d’un tir policier à bout portant mardi 27 juin, des émeutes ont éclaté pour la troisième nuit consécutive dans de très nombreuses villes. Dans la cité Pablo-Picasso de Nanterre, les affrontements ont commencé dès la fin de la marche blanche, et duré toute la nuit.
L’ambulancier qui a pris à partie un policier après la mort de Nahel et son collègue qui l’a filmé étaient jugés jeudi en comparution immédiate. Reconnu coupable d’outrage, le trentenaire a été dispensé de peine, en raison du «contexte personnel» et «des liens affectifs» qui le liaient au jeune homme tué par un brigadier.
En 2005, les émeutiers s’étaient retrouvés dans une solitude politique absolue. Près de vingt ans plus tard, la gauche n’a pas hésité à se solidariser, malgré des différences d’approche de l’embrasement. Analyse d’un basculement.
Le sociologue Michel Kokoreff, professeur des universités à Paris VIII, spécialiste des quartiers populaires et de leurs relations avec la police, analyse les révoltes consécutives à la mort de Nahel. Pour lui, rien ne s’est vraiment amélioré entre 2005 et aujourd’hui.
parFaïza Zerouala
Quartiers populaires : une colère qui vient de loin
Face aux émeutes qui secouent la France, élus locaux, responsables associatifs et militants des quartiers populaires partagent partout un même constat : les services publics sont défaillants pour de plus en plus d’habitants, la police est trop souvent perçue comme hostile et raciste, et les solutions manquent.
À Nanterre, plusieurs milliers de personnes se sont rejoints ce jeudi 29juin pour rendre hommage à Nahel. Plutôt qu’une longue marche silencieuse, les manifestants ont crié leur rage, celle de voir encore l’un d’entre eux mourir face à un tir de policier.
Tabassé en novembre 2020 par trois policiers alors qu’il rentrait dans son studio de musique parisien, le producteur Michel Zecler réagit, auprès de Mediapart, à la mort de Nahel sous le tir d’un policier.