Dans plusieurs villes, des militants d’extrême droite sont descendus par dizaines dans les rues. Masqués ou cagoulés, parfois armés de battes, ils ont crié des slogans racistes. À Lorient, ils ont interpellé des émeutiers qu’ils ont ensuite remis à des policiers.
Des rassemblements ont été organisés partout en France ce lundi en soutien au maire de L’Haÿ-les-Roses, dont la maison a été attaquée dimanche. L’élu LR, entouré de figures du parti, a prononcé un discours martial de défense de la République. À Montpellier, l’adjointe au maire socialiste lui a apporté son soutien, tout en appelant à «faire le ménage»dans les rangs de la police.
Dans sa matinale, France 2 affirme à tort que l’analyse du son de la vidéo montrant un policier tirer sur Nahel réalisée par l’IGPN dément le témoignage des passagers. En réalité, l’analyse est toujours en cours selon une source au ministère de l’intérieur.
L’écrivain et journaliste Feurat Alani a vécu une partie de sa jeunesse à Nanterre, cité Pablo-Picasso. Il y réside toujours, chez sa mère, quand il vient en France. Il était là, mardi 27juin, quand Nahel a été tué par les policiers, puis les nuits qui ont suivi. Pour Mediapart, il s’interroge dans un texte très personnel: «Faut-il être tué par balle pour être convoqué à la mémoire de l’altérité, des responsables politiques, des médias et même des lambda?»
Outre SOS Racisme, plusieurs autres associations qui avaient postulé au fonds Marianne ont fait l’objet de vives discussions place Beauvau, en raison des prises de position de leur représentants ou de certaines de leurs productions visant Emmanuel Macron.
Au cours des quinze derniers mois, une centaine de femmes ont été poursuivies pour leur opposition à l’invasion de l’Ukraine lancée par le Kremlin. Elles font face à une justice extrêmement sévère, sur fond de dénonciations de plus en plus fréquentes.
Après six ans de bons et loyaux services, l’équipe d’«Ouvrez les guillemets » présente son dernier épisode. Pour changer des sempiternels «bilans des années Macron», Usul et Ost tentent cette fois de dessiner les contours de quelques futurs possibles.
Alors que huit Palestiniens ont été tués dans un nouvel assaut de l’armée israélienne sur le camp de réfugiés de Jénine ce lundi 3 juillet, Mediapart a rencontré Philippe Lazzarini, le patron de l’UNRWA, l’agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens.
Les deux textes examinés par l’Assemblée nationale à partir de lundi mettent l’accent sur le recrutement de personnels judiciaires et pénitentiaires. Aux yeux de l’opposition de gauche, ces avancées sont insuffisantes et mal définies. Certains points doivent encore être tranchés en séance.
parMichel Deléan
et Camille Polloni
Nos reportages et analyses après la mort de Nahel tué par un policier
Dans cette ville de Seine-Saint-Denis, la révolte d’une partie de la jeunesse n’a trouvé comme réponse que les gaz lacrymogènes. Sur le terrain, les élus locaux désertent et les acteurs associatifs désespèrent. Depuis l’élection d’une maire UDI, en 2020, le lien semble s’être coupé entre les pouvoirs publics locaux et les quartiers populaires.
À Mantes-la-Jolie, dans le quartier du Val Fourré, des bâtiments publics et des commerces ont été brûlés ou cambriolés après la mort de Nahel. Dans un même souffle, les habitants condamnent et comprennent. Car tous ont vécu, souvent de très près, des violences et incivilités policières au cours des dernières décennies.
Jean Messiha, qui a successivement conseillé Marine LePen et Éric Zemmour, a lancé une cagnotte pour soutenir le policier mis en examen pour le meurtre de Nahel, estimant qu’il avait «fait son travail». Le chroniqueur de CNews s’est vanté que la collecte, qui atteint près de 860000 euros, dépasse celle ouverte pour la mère du jeune homme tué.
Depuis des années, les armées intègrent officiellement à leurs doctrines et leurs pratiques des considérations environnementales. Est-ce une évolution à prendre au sérieux, quand on connaît les destructions qu’elles occasionnent? Nous en parlons avec Adrien Estève, auteur de «Guerre et écologie».
Notre podcast culturel débat de «Retrouver Fiona» de Dalie Farah, de «Requiem pour la classe moyenne» d’Aurélien Delsaux et de l’ultime livre de Jeroen Brouwers, «Le Client E.Busken».
Claude Delafosse, artiste, bidouilleur, touche-à-tout, s’est mis en tête de faire enfin «son» film. Il embarque avec lui Gaston, son petit-fils de 7 ans, dans unedrôle de leçon de cinéma. Dans un joyeux bazar, «L’Effet de mes rides» est une histoire de transmission remplie d’amour pour comprendre comment les idées prennent vie grâce à la puissance de l’imagination.
Deux anciens dirigeants du groupe privé Orpea ont été placés en détention provisoire après l’ouverture d’une information judiciaire jeudi pour «abus de confiance», «escroqueries», «abus de biens sociaux», «blanchiment en bande organisée» et «corruption», a indiqué vendredi à l’AFP le parquet de Nanterre. Une décision qui survient deux ans après les révélations de Mediapart à ce sujet.
Il s’agit de l’aboutissement de l’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris après les accusations portées par trois femmes de «viol» ou de «tentative de viol». L’ancien ministre d’Emmanuel Macron a toujours contesté les faits reprochés.
Piotr Pavlenski et Alexandra de Taddeo étaient jugés mercredi 28 juin au tribunal de Paris pour avoir diffusé en 2020 des vidéos intimes du député et porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. L’artiste russe et sa compagne ont tenté de transformer l’audience en performance artistique, et ont refusé de s’expliquer.
«Décivilisation», guerre en Ukraine, naufrages en Méditerranée… Le philosophe Étienne Balibar explore les conditions d’une «cosmopolitique» susceptible de dévier le cap au pire. Entretien.
La justice française a condamné mercredi 28juin un ancien gendarme rwandais à la prison à perpétuité pour son rôle dans le génocide des Tutsis en 1994. Mais à 6000 kilomètres de Paris, les habitants de sa région regrettent leur éloignement des débats, s’ils les connaissent.
Depuis le déclenchement de la guerre entre les généraux le 15 avril, les initiatives diplomatiques se multiplient, en ordre dispersé et sans aucun résultat tangible. La situation sur le terrain se détériore de jour en jour, la communauté internationale persiste dans son erreur: considérer les belligérants comme parties de la solution.
Le gouvernement malien a demandé le retrait «sans délai» de la mission des Nations unies, au prétexte qu’elle serait inefficace. Ce départ, qui devrait intervenir dans quelques mois, plonge le Mali dans une période d’incertitudes. Bien que critiqués de toutes parts, les Casques bleus jouaient un rôle important dans la stabilisation du pays.
Tapachula, à l’extrême sud du Mexique,est la principale ville frontière avec le Guatemala. Elle est devenue l’un des épicentres de la crise migratoire où les personnes exilées doivent demander leur permis de migration vers les États-Unis avant de poursuivre leur voyage. Bloquées, des milliers de personnes y vivent avec un accès limité aux services de base tels que la nourriture, le logement et les soins médicaux.
parMahé Elipe (Photos) et Caterina Morbiato (Textes)
Mediapart a suivi jour et nuit les éducateurs de rue de Tourcoing (Nord), la ville de Gérald Darmanin. Alors que les quartiers s’enflamment, ces professionnels de la prévention, à la peine dans l’espace public, tentent de s’approprier une des armes de la révolte, les réseaux sociaux. Avec difficultés.
Des scènes de pillages de magasins se sont déroulées dans des villes de France depuis jeudi, en réaction à la mort de Nahel. Simple banditisme en marge du soulèvement? Ces pillages ont-ils en soi une dimension politique? Tentative de réponse, depuis l’analyse de précédents en Argentine (2001), au Burkina Faso (2008) ou à Londres (2011).
Des dizaines de commerces à Montreuil, surtout dans le centre-ville, ont été la cible de pillages la nuit passée, ce qui provoque des sentiments mitigés chez les habitants dans cette ville de gauche connue pour sa grande mixité sociale.
Au moment de l’adoption, sous pression des policiers, de la loi de 2017 modifiant les conditions d’usage des armes à feu par les forces de l’ordre, la Commission nationale consultative des droits de l’homme, le Défenseur des droits et la société civile avaient alerté sur l’inévitable explosion du nombre de victimes à venir.
En 2005, les émeutiers s’étaient retrouvés dans une solitude politique absolue. Près de vingt ans plus tard, la gauche n’a pas hésité à se solidariser, malgré des différences d’approche de l’embrasement. Analyse d’un basculement.
Le sociologue Michel Kokoreff, professeur des universités à Paris VIII, spécialiste des quartiers populaires et de leurs relations avec la police, analyse les révoltes consécutives à la mort de Nahel. Pour lui, rien ne s’est vraiment amélioré entre 2005 et aujourd’hui.
Face aux émeutes qui secouent la France, élus locaux, responsables associatifs et militants des quartiers populaires partagent partout un même constat : les services publics sont défaillants pour de plus en plus d’habitants, la police est trop souvent perçue comme hostile et raciste, et les solutions manquent.
Tirs de mortier, incendies de poubelles, télévisions volées: à Nanterre, des peines de prison avec mandat de dépôt ont presque systématiquement été requises contre les jeunes arrêtés lors des émeutes ayant suivi le meurtre du jeune Nahel par un policier. Aux juges de s’y retrouver, dans l’urgence.
À Nanterre, plusieurs milliers de personnes se sont rejoints ce jeudi 29juin pour rendre hommage à Nahel. Plutôt qu’une longue marche silencieuse, les manifestants ont crié leur rage, celle de voir encore l’un d’entre eux mourir face à un tir de policier.
Couvre-feux, drones, interventions du Raid: l’État a déployé tous les moyens pour reprendre la main dans la nuit de jeudi à vendredi. Sans empêcher de nouveaux affrontements et des pillages. Plus de 660 interpellations ont été effectuées.